HOMMAGE A PIERRE MAUROY C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris la mort de Pierre Mauroy, survenue à l’âge de 84 ans à Clamart, dans les Hauts-de-Seine. Engagé dans le mouvement socialiste dès l’âge de 18 ans, il deviendra en 1981 Premier ministre du premier gouvernement du Président Mitterrand et sera élu Premier secrétaire du Parti socialiste français en mai 1988, fonction qu’il exercera jusqu’en janvier 1992. Maire de Lille de janvier 1973 à mars 2001, il sera sénateur du Nord de 1992 à 2011. En 1992, il crée la Fondation Jean-Jaurès où il œuvrait sans relâche, jusqu’à ses derniers instants, à soutenir les peuples du monde entier dans leur lutte pour la démocratie et la justice sociale. Nous nous souviendrons surtout de lui comme Président de l’Internationale socialiste, organisation qu’il dirigea de 1992 à 1999. Sous sa présidence, l’IS passe, après l’effondrement du bloc de l’Est et l’émergence du multipartisme dans les pays anciennement sous influence soviétique ou ayant subi des régimes dictatoriaux, de 101 à 170 membres, avec le ralliement de partis d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique. C’est également sous sa présidence que fut créé le Comité Afrique de l’IS, que le Parti socialiste sénégalais a eu l’honneur de présider depuis sa création en 1992 jusqu’à récemment. Grand ami de l’Afrique, Pierre Mauroy ne ménageait jamais ses efforts en faveur des partis frères de notre continent, et plus particulièrement de notre parti, le Sénégal ayant une place de choix dans son cœur, comme en témoigne le jumelage entre Saint-Louis et Lille alors qu’il en était le maire. Homme de convictions, il a mené jusqu’au bout le combat de la démocratie, de la liberté et du socialisme, qui était dans son entendement un combat contre les injustices et les inégalités sociales partout dans le monde. Ainsi, lors du Congrès de l’IS de 1995 où les partis socialistes et sociaux-démocrates faisaient la critique des dérives de la mondialisation, il dira, dans son discours d’ouverture, avec une grande lucidité et une analyse pertinente des dangers auxquels notre monde était exposé par les excès du libéralisme économique et financier, et qui, hélas, sont devenus des réalités : « Les inégalités restent criantes…Les mouvements de capitaux internationaux, par leur puissance et leur rapidité, transforment les monnaies nationales, même celles des grands pays industrialisés, en des bouchons soumis aux caprices de l’océan, réduisant parfois à néant les efforts acceptés par nos peuples… Et, partout, ce sont les conséquences d’une mondialisation économique, financière, culturelle, ouvrant un nouvel âge du capitalisme, qui ont les conséquences politiques les plus lourdes et les plus décisives pour nous. Parce que ce monde nouveau est resté un monde inégal mais est devenu un monde global, parce que tous les problèmes ou presque ont acquis une dimension internationale, il nous faut revoir nos modes de pensée et nos modes d’action. » Avec la disparition de Pierre Mauroy, le Parti socialiste français perd un grand homme d’Etat, le mouvement socialiste international une figure marquante de son histoire, le monde un grand humaniste. Au nom du Parti socialiste sénégalais, nous présentons nos sincères condoléances à sa famille, à ses amis, au Parti socialiste français et à l’Internationale socialiste. Ousmane TANOR DIENG Secrétaire général du PS
Posted on: Tue, 11 Jun 2013 14:38:02 +0000
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