La démocratie à géométrie variable Une fois de plus, il est - TopicsExpress



          

La démocratie à géométrie variable Une fois de plus, il est stupéfiant de constater à quel point les préceptes démocratiques que prêchent nos élites françaises sont à géométrie variable. Le renversement de l’ex-président Morsi par l’armée, quand bien même il est souhaité et soutenu par une foule considérable, n’est ni plus ni moins qu’un coup d’Etat qui suspend le processus démocratique en cours. C’est un fait. Morsi a été élu par 51% des Egyptiens à l’issue d’élections libres, les premières de toute l’histoire de l’Egypte. Ces résultats ont certes été contestés par le clan Chafik mais la commission électorale, cornaquée par l’armée, les a au final validés. Que l’on soit content ou pas, Mohamed Morsi a été démocratiquement élu par une majorité du peuple égyptien et sauf à contester la légitimité démocratique de la plupart des présidents américains depuis 20 ans, le fait qu’une élection ait été contestée par les opposants au camp qui a gagné ne suffit pas à invalider les résultats. Ensuite, entend-on, le problème ce n’est pas tant l’élection que la « pratique de la démocratie ». Il est indiscutable que Morsi et les Frères musulmans aient commis de lourdes fautes, notamment lors de la rédaction de la Constitution, mais, là encore, cette « pratique » insuffisante de la démocratie au bout d’un an d’exercice suffit-elle à discréditer le processus tout entier ? Dans ces conditions, l’Italie de Berlusconi, pour ne citer qu’un exemple parmi mille, aurait du cesser d’être qualifiée de démocratie depuis bien longtemps ! Autre argument : des millions d’Egyptiens, douze, peut-être vingt, peut-être plus, aurait manifesté pour réclamer le départ de Morsi. L’armée, autrement dit, ne serait intervenue que sur injonction populaire, pour réaliser l’espérance du peuple. C’est beau, mais la démocratie ne fonctionne pas ainsi. Il se trouve que, dans un régime démocratique, l’armée est placée sous l’autorité du politique. Il se trouve aussi qu’en démocratie la responsabilité populaire s’exerce par les urnes, et non par la rue. Enfin, des militaires qui sortent du bois pour démettre un président démocratiquement élu, même sous pression de la rue, cela s’appelle un coup d’Etat. On peut souhaiter cela ou non, mais on ne peut honnêtement et sérieusement nier qu’il s’agisse d’un coup de force de l’armée ! Au fond, donc, le vrai problème, ce n’est pas tant la démocratie, dont finalement en France on se fiche éperdument ; le vrai problème, la vieille obsession qui nous hante, qui structure nos représentations, en Egypte comme à l’intérieur de nos frontières, c’est l’islam.
Posted on: Sat, 06 Jul 2013 09:04:09 +0000

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