Le fanatisme est à la superstition, ce que le transport est à la - TopicsExpress



          

Le fanatisme est à la superstition, ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un enthousiasme ; celui qui soutient sa folie par le meurtre est un fanatique (...). Il n’y a d’autre remède à cette maladie épidémique que l’esprit philosophique qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les mœurs des hommes, et qui prévient les accès de mal ; car dès que ce mal fait progrès, il faut fuir, et attendre que l’air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent pas contre la peste des âmes ; la religion, loin d’être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison sans les cerveaux infectés. Ces misérables ont sans cesse présent à l’esprit l’exemple d’Aod, qui assassine le roi Eglon ; de Judith, qui coupe la tête d’Holopherne en couchant avec lui ; de Samuel, qui hache en morceaux le roi Agag : ils ne voient pas que ces exemples qui sont respectables dans l’Antiquité, sont abominables dans le temps présent ; ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne. Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage ; c’est comme si vous lisiez un arrêt du Conseil 1 à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l’Esprit-Saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu’ils doivent entendre. Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? Ce sont d’ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains ; ils ressemblent à ce vieux de la montagne 2 qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et sui leur promettait une éternité de ces plaisirs, dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu’ils iraient assassiner tous ceux qu’il leur nommerait. Il n’y a eu qu’une seule religion dans le monde qui n’ait pas été souillée par le fanatisme, c’est celle des lettrés de la Chine. Les sectes des philosophes étaient non seulement exemptes de cette peste, mais elles en étaient le remède. Car l’effet de la philosophie est de rendre l’âme tranquille, et le fanatisme est incompatible avec la tranquillité. Question posée : En quoi ce texte est-il un article de dictionnaire ? Commentaire : question à la fois provocatrice et classique ; le texte est extrait d’un dictionnaire, mais philosophique, et ressemble davantage à un pamphlet. Il fallait montrer comment il donne une définition, mais subjective qui fait que ce texte n’est plus explicatif, mais argumentatif et vise à convaincre et à persuader le lecteur des dangers du fanatisme. EXPOSE DE L’ELEVE IMG/flv/oral-francais.flv Introduction (00’ à 2’08) : Amorce et présentation du texte :- voix peu assurée en raison du stress - bonne amorce, mais qui (en raison du stress) sent un peu son « par cœur » : il faut tenter d’être plus naturel. Lecture : - stress toujours sensible : excusable, mais… - cela entraîne des hésitations, un manque de conviction et de ton, et une erreur (« sans cesse présent à l’esprit l’esprit d’Aod ») Problématique et démarche : - rappel de la question posée : Bien, mais il faudrait en souligner la pertinence (cf. plus haut : le titre annonce un dictionnaire, le ton semble celui du pamphlet, aussi peut-on se demander…) - Annonce du plan : choix de la lecture analytique pertinent. - Première partie clairement dans le sujet : comment on glisse de l’article vers le pamphlet - Seconde partie : la métaphore filée de la maladie, certes essentielle dans le texte, n’est pas explicitement rattachée à la question > il suffisait de souligner que le texte prend une tournure imagée (≠ dictionnaire) et se demander pourquoi… Développement : I. de l’article au pamphlet - introduction partielle : Bien ! A. un article - de bons éléments d’analyse, mais un ensemble un peu décousu : déjà des analyses qui relèvent du pamphlet (moquerie implicite des prophètes, par exemple) ; - un balayage du texte à mieux organiser en se fondant sur ce que l’on attend d’un article de dictionnaire : à rappeler dès l’introduction partielle. Un article est fondé 1/sur une définition (ici par rapport à l’enthousiaste) 2/sur des exemples (§ 2) ; - l’analyse des exemples de la définition n’est pas assez développée : il faut avantage citer pour justifier et surtout montrer une apparente neutralité de Voltaire qui choisit ses exemples dans les principales religions connues. - l’argument par l’absurde aurait dû être placé à la fin pour mieux embrayer sur le B B. un pamphlet - lorsque le candidat parle de « termes violents », elle devrait faire une transition pour bien marquer qu’elle passe à une autre étape de sa démonstration. - Sous-partie un peu brève par rapport à la précédente… on aurait pu dire, oh Dieu, bien des choses en somme ! II. La métaphore de la maladie épidémique (4’21) A. B. ? - Transition non réalisée : à moins que le B du I ne serve finalement de transition… Il faut signaler clairement au correcteur que l’on passe à une autre partie. - Analyse correcte du champ lexical, mais on attend une analyse un peu plus poussée : quand vous relevez des mots faisant partie d’un champ lexical, demandez-vous toujours s’il n’y en a pas un qui « sorte du lot », qui soit imagé ou hyperbolique, et mérite un commentaire supplémentaire. - Pas de sous-parties annoncées ! Or, on se rendra compte, a posteriori, qu’il y en a. - Donc il faut assurer davantage la cohérence de l’exposé. En quoi la question de la loi relève-t-elle de la métaphore de la maladie ? quel est le rapport avec la question initiale ? Le lien est ici beaucoup trop explicite. - Soulignons, néanmoins, la qualité de certaines remarques et la culture de la candidate. 7’24 Conclusion - bilan correct avec une ébauche d’ouverture, mais… - manque de conviction dans le ton : on doit sentir que c’est la fin d’une démonstration ; - ouverture légère : il serait bon de faire référence à une œuvre, ce qui ouvrirait une porte à l’entretien… BILAN sur l’EXPOSE : - des connaissances techniques, mais une analyse à peaufiner - de la culture - un plan qui répond à la question, mais un manque d’organisation dans la démarche, et surtout de clarté, notamment vers la fin. - Durée : 7’46, au lieu de 10’ : il y avait donc le temps de développer davantage. La candidate consulte sa montre, mais celle-ci est fermée : il faut pouvoir contrôler le temps à tout moment de l’exposé, pour savoir où on en est, s’il faut accélérer ou, au contraire, prendre le temps d’approfondir. L’ENTRETIEN 1. la religion de Voltaire : la question est reliée à l’exposé. Le temps n’ayant pas été intégralement exploité par le candidat, le correcteur peut revenir sur l’explication du texte. Mais celui-ci (ainsi que l’objet d’étude) demeure la base de l’entretien. - bonne tentative de réponse, fondée sur la culture personnelle, - mais une définition plus précise du déisme est attendue (4 textes de Voltaire dans le corpus, dont « Prière à Dieu », véritable manifeste déiste) - et une erreur (vraiment pas grave) sur les missionnaires jésuites partis en Chine qui ne se sont pas convertis au confucianisme. 2. Dans quelle œuvre Voltaire expose-t-il son déisme ? 3. quel est l’intérêt de cette conception ? - réponse juste - mais c’est une ouverture de l’interrogateur, une « perche », il faut s’en emparer et en profiter pour dire ce que l’on sait sur l’autre texte du corpus auquel il fait allusion, voire pour l’entraîner sur d’autres terrains : l’affaire Calas, les combats de Voltaire… 4. Les combats de Voltaire, contre l’ignorance dans Candide. - retour vers l’ouverture de la conclusion - réponse juste, mais un peu hésitante sur le conte : il faut réviser au moins les résumés des œuvres… 5. Les grands combats des Lumières auxquels Voltaire a participé - Question tout à fait attendue, d’autant plus que le texte fait partie de l’objet d’étude « Argumenter », mas aussi « Mouvement littéraire : les Lumières » - Réponse correcte, mais il faudrait relier l’affaire Calas à l’œuvre (Traité sur la tolérance), d’autant que la candidate en a parlé peu auparavant… - (oublions ce portable qui sonne : ce n’est pas un vrai oral… toutefois, le jour J, cela fait très mauvaise impression) - Se servir des textes du corpus : bonne démarche, mais justement, il faut en profiter pour être plus précis 6. La grande œuvre des Lumières - réponse qui tente un retour sur ce que la candidate maîtrise mieux : habile, mais guère efficace cette fois-ci… - connaissances correctes, mais il faut penser à des choses simples, revenir sur les auteurs… 7. En quoi les combats des Lumières sont-ils encore d’actualité ? - fanatisme et terrorisme - sur le savoir et le combat contre l’obscurantisme : réponse un peu maladroite qui révèle un certain manque de recul. Toujours de poser cette question (subjectivement et, à l’inverse, le plus objectivement possible) sur chacun des textes du corpus, ce qui revient à : pourquoi étudier ce texte, à part pour le bac ? 8. L’efficacité de l’engagement littéraire - gros élargissement de la question, mais qui tend à susciter une vraie réflexion personnelle de la part de la candidate. - Réponse certes justifiable, mais maladroite dans sa formulation… 9. Des œuvres engagées qui auraient eu des effets ? - Traité sur la tolérance - Les Châtiments : œuvre engagée, certes, mais quel effet ?
Posted on: Thu, 15 Aug 2013 15:48:11 +0000

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