Nous ne laisserons pas assassiner la révolution tunisienne ! Six - TopicsExpress



          

Nous ne laisserons pas assassiner la révolution tunisienne ! Six mois après l’assassinat de Chokri Belaïd, celui de Mohamed Brahmi, député de gauche à l’ANC, intervient à un moment où les Tunisien-ne-s sont arrivés au bout d’un processus d’achèvement de la Constitution et de préparation des prochaines élections. Les premières questions qui émergent ont toutes les chances de rester sans réponse, en dépit de la « révélation » par le gouvernement de l’auteur du crime : qui sont les commanditaires de ces assassinats ? Quels réseaux ont permis la réussite de ce scénario ? La question des effets, quant à elle, n’admet qu’une seule réponse, simple et claire : le propre des assassinats politiques est de créer la confusion, de rabattre le jeu des cartes politiques, de semer le trouble à la fois dans la classe politique et chez les gouvernés. En Tunisie, la réponse est encore plus claire : ces assassinats ont pour but d’arrêter le processus démocratique en cours. Il est nécessaire de rappeler que ces crimes politiques s’inscrivent en réalité dans une série de tentatives d’assassinats de la révolution et du processus démocratique tunisiens, depuis le 17 décembre 2010, qui vont de la répression policière sauvage à la criminalisation des mouvements sociaux, en passant par l’emprisonnement des révolutionnaires et l’enterrement du dossier de la justice transitionnelle. Depuis le 25 juillet, nous assistons à la recrudescence de la violence et de la répression policière, dont a été victime Mohamed Bel Mufti à Gafsa.Face à ce qui apparaît comme une impasse et une entrave à la solution politique, trois clans qui se fondent eux-mêmes sur trois types de légitimités se livrent à une concurrence acharnée et funeste : l’opposition politique, au nom de la légitimité du consensus, saisit l’occasion pour accéder au pouvoir en appelant à la dissolution des institutions qui ont été péniblement mises en place jusqu’ici ; les défenseurs de la légitimité révolutionnaire exigent la prise du pouvoir directe par le peuple mais sans offrir une alternative qui résiste à la récupération politique ; les tenants de la légitimité électorale, enfin, feignent en toute insolence d’ignorer la gravité de la situation, se recroquevillant sur une position défensive et fermant les yeux sur tous les dossiers brûlants et les revendications populaires. Tout au long de ces deux années, chaque clan a fait de la légitimité sur laquelle il s’appuie une forme de sacré indépassable et intouchable, proférant des propos d’exclusion meurtrière de ses adversaires. Cette situation empêche toute possibilité de dialogue et risque de nous emmener droit vers la guerre civile, projet chéri tant par les ennemis internes qu’externes de la révolution tunisienne, dans un contexte régional de plus en plus chaotique. Nous, Tunisiennes et Tunisiens conscient-e-s de l’extrême gravité de la crise que traverse notre pays, refusons la reproduction des scenarii algérien et égyptien. Déterminé-e-s à résister à la guerre civile et à la tentation d’un retour à l’ordre sécuritaire, nous nous battrons corps et âmes pour une solution collective, qui ne peut être que politique.Celle-ci doit impliquer l’ensemble du peuple tunisien toutes classes sociales confondues ainsi que l’ensemble de la classe politique toutes tendances confondues. Aujourd’hui que le feu est dans la maison, et même si les hommes et les femmes politiques que les Tunisien-ne-s se sont choisis n’ont cessé de jouer au jeu du pompier pyromane, l’Assemblée nationale constituante reste malgré ses défaillances le seul espace d’élaboration commune d’un compromis politique capable de nous faire sortir de la crise. Quelles que soient les responsabilités des uns et des autres, le temps n’est plus aux accusations et aux dénonciations factices. La seule boussole qui doit nous guider pour les prochains jours est la ligne rouge entre ceux qui fomentent et exacerbent la guerre civile, et par conséquent le processus de désagrégation national et sociétal, et ceux qui s’y opposent malgré leurs divergences idéologiques et politiques. Cette boussole est la seule à même de remettre les revendications originelles de la révolution tunisienne au centre du processus : Travail, Liberté, Dignité nationale sans oublier l’urgence de la justice transitionnelle.
Posted on: Sun, 28 Jul 2013 10:08:24 +0000

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