« Stóra planið » - (Titre anglais : « The Higher Force ») - Réalisation : Ólaf de Fleur Jóhannsson - Date de sortie : 2008 Synopsis : De médiocres truands forment une pyramide au sommet de laquelle trône Magnús. Patron dune gargote déserte de toute clientèle, ce lieu sert de couverture et de repère à ses manigances. Snati, son homme de main - obtus et abrupt - dirige Wolfi - un américain efflanqué et loquace - et Davíð - un compatriote rondouillard et persécuté. « Mustang » - un immigré serbe, retors et pittoresque - sert de bras armé au trio pusillanime. Enfant, Davíð est traumatisé par la mort brutale de son frère simplet, écrasé par un chauffard. Depuis, il se raccroche à la « Force supérieure » (celle dont il est question dans le titre du film) et qui sincarne en un improbable mentor, qui mélange arts martiaux et sagesse orientale. Le hasard fait que lapprenti poète croise la route dun vieil homme singulier, que tous imaginent être « Mexico-Harald » - un caïd reykjavikois, censément prisonnier des geôles mexicaines. Las de nêtre quun encaisseur humilié, Davíð entretient le doute auprès de ses supérieurs, dans lespoir de prendre du galon. Mais linévitable « justice poétique » ne manque pas de frapper ; et même la « Force supérieure », dont Davíð se réclame, ne le sauve de ses foudres. Synopsis : Avec son chatoyant « Stóra planið », Ólaf de Fleur Jóhannsson invite le spectateur à une plongée dans le monde interlope de la pègre islandaise... par le biais de la comédie. Le réalisateur dépeint une galerie de portraits composée de sympathiques et inoffensifs malfrats, dont la figure la plus nocive sincarne en la personne de l’immigré sud-européen. Selon lexpression consacrée et humoristique « Aucun homicide n‘est perpétré au cours de l’histoire »... sauf linfortuné frère de Davíð, en prologue. Sans doute, lexception qui confirme la règle ou - pour paraphraser linénarrable Snati - « On ne tue pas les gens, ici en Islande. »… sauf de manière involontaire ! A la vision de ce « Buddy movie », on ne peut sempêcher de penser au cinéma de Quentin Tarantino (qui a fait bien des émules, de part le monde)... et même à celui de Michel Audiard, si josais… mais puisque le prétendu « Mexico-Harald » écoute, à lenvie, une ritournelle de Tino Rossi (« Les Pêcheurs de Perles (Romance de Nadir, par Georges Bizet) »), il est probable que le cinéaste insulaire connaisse lœuvre du créateur des « Tontons Flingueurs » ! De plus – polyglotte - Ólaf de Fleur s’exprime aussi « dans la langue de Molière ». Outre cette languide et envoutante composition du chanteur corse, la bande son comporte – dans un style exubérant – un instrumental intitulé « Disko ». Cette création du D.J. allemand Shantel (accompagné ici par le Boban Markovic Orkestar) illustre musicalement une des scènes les plus cocasses du film. Un « Mustang » - pour une fois, généreux - invite Wolfi et Davíð à une fête qu’il organise à demeure… vodka à volonté et prostituées patibulaires offertes par la maison ! Le film est servi par une brochette de truculents comédiens, aux jeux scéniques variés et complémentaires. Émerge de ce casting, l’acteur Benedikt Erlingsson, qui interprète le « bas-du-plafond » Snati. Également réalisateur, ce dernier connait actuellement la consécration avec un film intitulé « Of Horses and Men » (en islandais, « Hross í oss »), primé dans plusieurs festivals. Citons aussi Pétur Jóhann Sigfússon alias Davíð, Stefan C. Schaefer est Wolfi, Ingvar E. Sigurðsson joue Magnús (il apparait aussi dans le rôle principal du film susmentionné) et Zlatko Krickic endosse l’accoutrement de « Mustang ». La direction dacteurs est impeccable, d’où le sentiment de pleine osmose que le spectateur perçoit à la vision du film. D’ailleurs, le réalisateur/coscénariste/producteur est entouré de fidèles collaborateurs – champ et hors-champ – qui se retrouvent d’un tournage à l’autre (lire critique de « Borgríki » (« City State » ou « Corruptions » - 2011)… à venir). Le film possède aussi une très belle photographie colorée, que l’on doit à Rune Kippervik. Egalement coproducteur, Michael Imperioli (un habitué des séries TV telles que « Californication », « Detroit 1-8-7 » (arrêtée trop tôt), « Life on Mars », « The Sopranos », « Law & Order », pour ne citer que les plus récentes) interprète Alexander, un parrain outre-Atlantique. Hilmir Snær Guðnason endosse l’habit liturgique dun prêtre maffieux et l’acteur sino-américain Yu Lu (« Children of Invention » - 2009) EST la «Force suprême ». Cette notule ne serait pas complète si je n’ajoutais quelques mots sur Gladkaya Luna, qui se fend de l’apparition-éclair – mais notable - d’une lugubre prostituée de bas-étage (dans la scène caustique susmentionnée). L’actrice prend du galon dans « Borgríki », où elle interprète Jelena, une maquerelle. Ólaf de Fleur fait preuve ici d’une incontestable maitrise de l’utilisation formelle de l’image, à travers – notamment - le cadrage et l’élaboration des plans. Le scénario est virtuose et riche en rebondissements et les personnages suffisamment attachants pour que l’identification s’établisse. Malheureusement, « The Higher Force » (tout comme d’ailleurs « Corruptions », les deux seuls productions du réalisateur visionnées pour l’instant) souffre d’une imperfection notoire. Le « climax » d’une scène - ou même du film, dans son ensemble – déçoit quelque peu par rapport au cheminement dramatique et narratif. A l’arrivée, l’attente du spectateur est déçue, une carence s’établit et ce dernier reste quelque peu sur sa faim. Le fait que le protagoniste n’a pas connu d’évolution notable, en prologue, renforce ce sentiment d’incomplétude. Dommage ! A lire : - Fiche de « Stóra planið », sur le site « Icelandic Film Centre » : icelandicfilms.info/films/nr/206 A écouter : - « Les Pêcheurs de Perles – « Romance de Nadir » (de Georges Bizet) » sur « Spotify » : https://play.spotify/album/054FWVMatXnxYpV7Nhf7YA - « Disko » - Shantel (featuring Boban Markovic Orkestar) : lastfm.fr/music/Shantel+feat.+Boban+Markovic+Orkestar/_/Disko+%28Friends+Of+Boban+MIx%29
Posted on: Fri, 22 Nov 2013 08:55:03 +0000
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