Une belle critique dans Rue 89 Lyon: Un livre pour se faire - TopicsExpress



          

Une belle critique dans Rue 89 Lyon: Un livre pour se faire violence Un an après L’Effrayable, un premier roman très remarqué, qui fut autant acclamé que rejeté, Andréas Becker récidive avec Nébuleuses, un texte plus concis mais tout aussi horrifique. Cet allemand vivant à la Croix-Rousse, qui a tout plaqué pour céder à « la nécessité d’écrire » confirme qu’il porte en lui un univers, une langue, un style puissamment singuliers. Avec Andréas Becker, pas question de « disserter » sur l’identité, l’enfermement ou la violence : il précipite le lecteur en plein délire psychotique, et lui fait éprouver physiquement, par des hauts le cœur et des bégaiements, la dislocation des corps et la confusion des esprits. Sans ponctuation Sans ponctuation – hormis des tirets – le texte plonge dans la peau d’une femme qui achoppe à se construire en tant que sujet. La subjectivité est fracassée – elle dit « j’e » dans un hoquet ou « (moi) » dans un murmure -, le réel est incertain et le lieu, une mystérieuse et tonitruante « In!stI !tuI !on », pourrait être une prison aussi bien physique que mentale. Quant au rapport à l’autre, qui découpe ce texte taillé à vif – « ma mère », « mon père », « mon fils », « mon copain » – il est quelques rares fois tendre, mais le plus souvent violent, cru, animal, visqueux, pour tout dire répugnant. Quasiment toujours soumis au désordre des pulsions de l’autre. Or, dire « je », c’est s’affranchir, c’est aussi accepter l’isolement. Nébuleuses nous fait éprouver cette impossibilité, dans une langue hachée, violentée qui gagne beaucoup à être lue à haute voix. Nébuleuses de Andréas Becker, Éditions La Différence
Posted on: Tue, 01 Oct 2013 08:52:14 +0000

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