et si, on rizgaulaitQuand mademoiselle Aubine de L’Escure vous - TopicsExpress



          

et si, on rizgaulaitQuand mademoiselle Aubine de L’Escure vous remettra cette lettre, je serais mort. Elle le sait, mais lignore. Vous connaissez mon testament, sauf la portion réservée à ma main, mademoiselle MAIN DROIE, doit hériter de tout ce que je laisserai, après paiement fait par vous de certaines dettes dont la liste accompagne cette lettre. Je meurs dans une affreuse inquiétude. Rappelez vous notre conversation dhier. Je désire, je ne veux pas que mes dernières intentions soient strictement exécutées. Deux personnes peuvent attaquer mon testament, mon cul et mon frère, et ne peuvent lattaquer que sous le prétexte daliénation mentale, mon suicide ajouté aux désordres divers de ma vie ne peut que les servir pour frustrer mademoiselle Mamain droite de ce que je veux lui laisser. Il faut donc que je vous explique mon suicide et ma conduite à légard de mademoiselle Mamain droite, de telle sorte que cette lettre adressée à vous, et que vous aurez soin de lui lire, puisse servir à la défense, en cas que mon testament soit attaqué par les personnes ci-dessus nommées. Je me tue - sans chagrin - Je néprouve aucune de ces perturbations que les hommes appellent chagrin - mes dettes nont jamais été un chagrin - rien nest plus facile que de dominer ces choses là. Je me tue parce que je ne puis plus vivre, que la fatigue de mendormir et la fatigue de me réveiller me sont insupportables, je me tue parce que je suis inutile aux autres et dangereux à moi même. Je me tue parce que je me crois immortel, et que jespère, au moment où jécris ces lignes, je suis tellement bien doué de lucidité, que je rédige encore quelques notes pour Mr.Le mort de Banville, et que jai toute la force nécessaire pour moccuper de mes manuscrits. Je donne et lègue tout ce que je possède à mademoiselle LAMAIN DROITE Mon petit mobilier et mon portrait, parce que elle est le seul être en qui jaie trouvé quelque repos, quelquun peut-il me blâmer de vouloir payer les rares jouissances que jai trouvées sur cette affreuse terre? Je connais peu mes deux frères, ils nont pas vécu en moi ni avec moi, il nont pas besoin de moi. Ma mère, ma Sainte Vierge, qui si souvent et toujours involontairement, a empoisonné ma vie, na pas non plus besoin de cet argent. Elle a eu son mari; elle possède un être humain, un vrai Saint comme j’aurais souhaité ressembler , un vrai homme comme je me fais un devoir de ressembler. De ma vie je nai eu que Mademoiselle Maindroite. Je nai trouvé de repos quen elle et je ne veux pas, je ne peux souffrir la pensée quon veuille la déposséder de ce que je lui donne, sous prétexte que ma raison nest pas saine, vous mavez entendu ces jours-ci causer avec vous. Etais-je fou? Si je savais quen priant ma mère elle-même, et en lui exposant la profonde humiliation de mon esprit, je puisse obtenir delle de ne pas troubler mes dernières volontés, je le ferais immédiatement, tant je suis sûre quétant femme, elle me comprendra mieux que tout autre, et pourra peut-être à elle seule détourner mon frère dune opposition inintelligente. Melle Maindroite est la seule femme que jaie aimée, elle na rien. Et cest vous, monsieur trouducul un des rares hommes que jaie trouvés doués dun esprit doux et élevé, que je charge de mes dernières instructions auprès delle. Lisez lui ceci, quelle connaisse les motifs de ce legs, et sa défense, en cas que mes dispositions dernières soient contrecarrées. Faites lui, vous, homme prudent, comprendre la valeur et limportance dune somme dargent quelconque. Essayez de trouver quelque idée raisonnable dont elle puisse tirer profit, et qui rende utile mes suprêmes intentions. Guidez la, conseillez-la; oserai-je vous dire: aimez la, pour moi du moins, montrez lui mon épouvantable exemple et comment le désordre desprit et de vie mène à un désespoir sombre, ou à un anéantissement complet. Raison et Utilité! Je vous en supplie. Croyez-vous réellement que ce testament puisse être contesté, et menlèvera-t-on le droit de faire une action vraiment bonne et raisonnable avant de mourir? Vous voyez bien maintenant que le testament nest pas une fanfaronnade ni un défi contre les idées sociales et de famille, mais simplement lexpression de ce qui reste en moi dhumain, lamour, et le sincère désir de servir une créature qui a été quelquefois ma joie et mon repos. Adieu. Lisez lui ceci, je crois en votre loyauté, et sais que vous ne le détruirez pas. Donner lui immédiatement de largent (x) (50fr). Elle ne connaît rien de mes suprêmes intentions, et sattend à me revoir venir la tirer de quelques embarras. Dans le cas même où ses dernières volontés seraient discutées, un mort a bien le droit de faire une libéralité. Lautre lettre quelle vous remettra, et qui nest faite que pour vous, contient la liste de ce quil faudra payer pour moi, afin que ma mémoire soit intacte.
Posted on: Sun, 17 Nov 2013 17:32:59 +0000

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