États-Unis 2009-2010 Dernier Bilan annuel Ibrahim Warde - TopicsExpress



          

États-Unis 2009-2010 Dernier Bilan annuel Ibrahim Warde Barack Obama à l’épreuve du pouvoir L’attentat manqué du 25 décembre 2009 contre le vol Amsterdam-Detroit, qui aurait pu coûter la vie à 300 personnes, a donné un regain d’énergie à l’opposition républicaine qui, depuis sa défaite aux élections de 2008, semblait être devenue invisible. L’administration Obama, qui avait jusque-là éliminé l’expression « guerre contre le terrorisme » de son vocabulaire politique, se voyait accusée de sous-estimer la menace terroriste, mettant du coup le pays en danger. La popularité du président s’effondrait, tandis que la classe politique s’inquiétait de l’incapacité apparente de Barack Obama, qui avait fait du thème de la rupture avec huit ans d’administration Bush son cheval de bataille, à effectuer des changements : le projet de réforme du système de santé piétinait ; la crise financière et immobilière continuait de faire des ravages ; en politique étrangère, la politique de la main tendue envers l’Iran et le monde musulman n’était pas payée de retour. Réforme de l’assurance santé : une victoire à l’arrachée Le 19 janvier 2010, une élection partielle semblait confirmer les avancées du camp républicain : les électeurs du Massachusetts (un État qui avait été remporté par B. Obama à la présidentielle de 2008 avec 26 points d’avance sur son rival républicain John McCain) choisissaient d’élire le républicain Scott Brown, un quasi-inconnu, au fauteuil considéré comme imprenable du sénateur Edward Kennedy, qui l’avait occupé pendant quarante-sept ans. Les démocrates perdaient ainsi leur « super-majorité » de 60 voix (sur 100) au Sénat, nécessaire pour briser les manœuvres d’obstruction de l’opposition. Cette élection fut largement interprétée comme un référendum national, un an tout juste après l’arrivée triomphale à la Maison-Blanche du président démocrate. Cette défaite consacrait aussi la montée en puissance du mouvement populiste connu sous le nom de Tea Party, et dont l’égérie était l’ancienne candidate républicaine à la vice-présidence Sarah Palin. Au sein même du camp démocrate, les critiques, longtemps retenues et centrées sur l’incapacité du président à tenir ses promesses électorales et à s’imposer face aux républicains, sont apparues au grand jour. C’est dans ce contexte peu propice aux grandes réformes que Barack Obama a pourtant réussi à faire voter, le 21 mars 2010, son projet de réforme de l’assurance santé. Après seize mois d’âpres débats – la plupart des républicains s’opposaient à ce qu’ils considéraient comme des mesures qui feraient exploser les déficits tout en consacrant la mainmise de l’État fédéral sur le système de santé, tandis que la gauche du parti démocrate souhaitait des réformes plus hardies –, une loi dont l’ampleur était comparable aux grandes réformes des années 1960 était adoptée. Au total, le texte devait permettre de garantir une couverture à 32 millions d’Américains qui en étaient jusque-là dépourvus, tout en interdisant aux compagnies d’assurances de refuser toute couverture pour cause d’antécédents médicaux. Le coût de la réforme était estimé à 940 milliards de dollars sur dix ans, et serait financé par des taxes sur les revenus élevés. Cumul des défis en politique intérieure Ce succès inattendu a conforté le prestige du président américain et imposé un style de leadership – calme, tenace et déterminé, mais également souple et ouvert au compromis. Le nouveau grand chantier de B. Obama, la réforme du système financier, était réclamée à cor et à cri par une opinion publique outrée par les excès de la finance, tandis que les milieux financiers, toujours influents et bien représentés jusqu’au sein de la Maison-Blanche (par exemple par Larry Summers, principal conseiller économique du président), et plus généreux que jamais envers la classe politique, s’y opposaient. Le plan Obama, présenté le 21 janvier 2010, visait plusieurs objectifs : limiter la taille des banques et leur interdire les pratiques qui mettraient en danger le système ; mettre fin à la garantie implicite de l’État accordée aux banques jugées trop grandes pour faire faillite (too big to fail) ; mieux contrôler les produits dérivés ; créer une agence de protection des consommateurs. Le président eut par la suite à affronter d’autres défis et de nouvelles critiques, en particulier après l’explosion, le 20 avril, de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon au large de la Louisiane. L’accident coûta la vie à 11 personnes et déclencha une gigantesque marée noire que les autorités fédérales eurent le plus grand mal à juguler. Cette mare noire – la plus grande catastrophe écologique de l’histoire américaine – a de nouveau mis sur le tapis la question de la compétence de l’administration. Réévaluation des enjeux mondiaux Sur le plan de la politique étrangère, B. Obama a réussi à marquer sa différence avec son prédécesseur républicain lorsqu’il s’est agi d’établir une vision stratégique d’ensemble, même si, dans le domaine des décisions concrètes, il a souvent déçu ceux qui s’attendaient à une rupture radicale. Dans sa « stratégie de sécurité nationale » (établie tous les quatre ans) annoncée le 27 mai 2010, le président a officiellement rompu avec l’unilatéralisme et le principe de la guerre préventive, adoptés en 2002 par George W. Bush. Le document a cité quatre enjeux mondiaux : la sécurité, dont le fardeau ne peut être assuré par la seule Amérique, mais aussi la prospérité, les valeurs et l’ordre international. Quant au principe de la sécurité collective, il a été élargi pour inclure « l’accession à une croissance économique équilibrée et durable, la mise au point de solutions collectives face aux menaces du changement climatique, des conflits armés et des pandémies mondiaux ». L’administration avait auparavant annoncé (le 17 septembre 2009) que les États-Unis s’apprêtaient à abandonner le projet de bouclier antimissile conçu par l’administration Bush, et engageait une série d’initiatives bilatérales et multilatérales. Ainsi, un accord de désarmement nucléaire, signé à Prague le 8 avril par les présidents américain et russe, prévoyait de limiter à 1 550 le nombre d’ogives nucléaires et marquait une décrispation certaine des rapports entre les deux pays, mis à mal au cours de la précédente décennie. Puis, toujours dans une démarche visant à renforcer le régime de non-prolifération, ébranlé par la crise iranienne, le président réunissait, les 12 et 13 avril, 47 pays (dont de nombreux pays du Sud) pour un « sommet sur la sécurité nucléaire » destiné à sécuriser les matières nucléaires pour les empêcher de tomber entre les mains d’organisations terroristes. En marge de ce sommet, le président avait conféré avec son homologue chinois Hu Jintao au sujet des rapports souvent tendus entre les deux pays, en particulier après l’annonce américaine, en janvier, de la vente de 6,4 milliards de dollars de matériel militaire à Taïwan et la rencontre, le mois suivant, entre B. Obama et le dalaï-lama. Le dossier majeur restait celui des rapports économiques. Forte de ses exportations, la Chine finance la dette américaine en achetant ses bons du Trésor. Ce statut de « banquier » des États-Unis pose la question de l’influence que peut exercer l’Amérique, en particulier sur la question de la réévaluation du yuan. Washington accuse en effet la Chine de sous-évaluer intentionnellement sa monnaie pour renforcer sa compétitivité à l’exportation, et voit dans la réévaluation du yuan la clé d’un rééquilibrage des relations entre les deux pays. Engagement accentué au Moyen-Orient Le dossier le plus controversé restait toutefois celui des guerres d’Irak et d’Afghanistan. Si la nouvelle administration a effectivement réduit le nombre de soldats en Irak, c’était pour mieux renforcer la présence américaine en Afghanistan, pays considéré désormais comme le nouveau centre de gravité de la lutte antiterroriste. Le président a déçu ceux qui voyaient en lui un pacifiste : durant sa première année au pouvoir, il a en effet autorisé davantage de frappes aériennes de drones (avions téléguidés à partir du désert du Nevada) que le président Bush au cours de son second mandat. Mais, au contraire de son prédécesseur, B. Obama s’est très vite engagé dans la recherche d’une solution au conflit israélo-palestinien. Les objectifs principaux étaient de renouer les pourparlers de paix sous la houlette du médiateur George Mitchell, de geler les colonies de peuplement et d’enclencher un processus de normalisation israélo-arabe. Et, tandis que G. W. Bush s’alignait systématiquement sur les positions israéliennes, B. Obama a publiquement fait état des divergences de vues entre les deux pays, en particulier sur la question des colonies. Une grave crise politique éclata par exemple lors de l’annonce par les autorités de l’État hébreu de nouvelles constructions dans la partie orientale annexée de Jérusalem, en pleine visite du vice-président Joe Biden. Sur l’Iran, l’impasse qui durait depuis des années au sujet du nucléaire s’est perpétuée. Le gouvernement iranien dit vouloir se doter d’une capacité d’enrichissement de l’uranium à des fins civiles, tandis que les États-Unis l’accusent de vouloir acquérir la capacité de produire l’arme nucléaire. Plutôt qu’une solution militaire, B. Obama a multiplié les efforts pour renforcer les sanctions existantes. Il s’est attaché à donner des garanties au gouvernement israélien et n’a cessé de répéter que le comportement de l’Iran « nécessitait une réponse internationale forte et unifiée ». Le plus dur était de convaincre la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, de voter en faveur de sanctions internationales. Ce fut fait lors du vote du 9 juin 2010 : le Conseil de sécurité infligea alors, pour la quatrième fois depuis 2006, des sanctions à l’Iran, afin de tenter de le convaincre de suspendre ses activités nucléaires. Une reprise économique à confirmer En matière économique, le plan de relance keynésien de 787 milliards de dollars adopté peu après l’entrée en fonction de l’administration Obama a certes produit certains effets. Le PIB américain a crû de 5,7 % au 4e trimestre 2009, alors qu’il avait chuté de 6,4 % au 1er trimestre (et de 2,4 % pour l’ensemble de l’année), mais tout le monde n’était pas convaincu. Certains économistes attribuaient le redressement économique à une « reconstitution des stocks » (car, en période de récession, les entreprises ajournent la production et consomment les stocks existants), qui ne se traduirait pas par une hausse de la consommation ou de l’investissement. Les républicains continuaient de ne voir dans le plan de relance qu’une énorme gabegie, et même des supporters de l’administration Obama se plaignaient que seuls certains secteurs aient bénéficié de cette manne, tandis que d’autres craignaient un « découplage » entre la reprise économique et celle de l’emploi. L’insolente santé affichée par le secteur financier (en particulier par des sociétés comme Goldman Sachs, par ailleurs l’objet de scandales) contrastait avec le climat morose qui régnait dans de nombreux secteurs et régions, en particulier du fait que le marasme immobilier était loin d’être résorbé. La destruction nette d’emplois s’était certes arrêtée, mais le taux de chômage oscillait autour de 10 %, loin des 4,5 % de l’avant-2008. Et, comme le suggérait le yo-yo boursier, le risque de rechute était bien réel à la mi-2010. Les républicains entendaient faire de l’économie l’enjeu de la campagne pour les élections de mi-mandat en novembre 2010, qui renouvelleraient l’ensemble de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat, tous deux contrôlés par les démocrates. Un domaine où le président Obama a pu saisir l’initiative est celui du corps judiciaire. Lui-même ancien professeur de droit constitutionnel, il a montré sa volonté de contrer les juges conservateurs choisis par ses prédécesseurs en nommant à la Cour suprême deux femmes plutôt à gauche sur l’échiquier politique, Sonia Sotomayor et Elena Kagan.
Posted on: Sun, 14 Jul 2013 03:16:37 +0000

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