A lattention spéciale et amicale de Pascale Spengler : - Des philosophes athées (Diagoras de Mélos, Théodore de Cyrène) ou trop agnostiques à son goût (Protagoras), Cicéron déclare que leurs doctrines abolissent non seulement la superstition (superstitio) qui réside dans une vaine peur de dieux (in qua inest timor inanis deorum), mais aussi la religion (religio), qui consiste dans une pieuse vénération des dieux (quae deorum culto pio continetur - Cicéron, De nat. deor., I, XLII, 117). Quant à Varron, il établissait, entre le premier et le second, cette différence que le superstitieux a peur des dieux, tandis que lhomme religieux les honore comme des pères, loin de les redouter comme des ennemis, persuadé que leur bonté est telle quils épargnent les coupables plus volontiers quils frappent un innocent (Varron, frag. 29 - cité par Saint Augustin, Civ. Dei, VI, 9) : cum religiosum a superstitioso ea disctincione discernat [sc Varro], ut a superstitioso dicat timeri deos, a religioso autem tantum vereri ut parentes, non ut hostes timeri, atque omnes ita bonos dicat, ut facilius sit eso nocentibus parcere, quam laedere quemquam innocentem). Lucrèce vécut donc en un temps où Varron , et Cicéron après lui, avaient déjà clairement distingué superstitio et religio : ultime raison qui nous invite à ne pas prendre religio par le français superstition lorsque nous devons traduire ce terme lucrétien en français. Jean Salem, Démocrite, Epicure, Lucrèce, la vérité du minuscule, Ed. Encre Marine, 1998, pp. 103-104.
Posted on: Mon, 04 Nov 2013 15:59:11 +0000
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