Aldous Huxley arrêté par les agents de la Réhabilitation Individuelle ! La fin de la contre-utopie subverse ? par Gamemestre Le 24 février 1954 [mots-clés: subver-e ] Aldous Huxley, le dangereux subvers-e, pamphlétiste, propagandiste et animateur du dangereux journal de propagande "Le meilleur des mondes", vient d’être enfin appréhendé par les agents de la Réhabilitation Individuelle. Est-ce la fin du mouvement autoproclamé de la "contre-utopie" ? Découvrez avec nous le dossier de ce dangereux personnage, dérobé par un complice au sein de l’Agence de la Réhabilitation Individuelle... Huxley est un pamphlétiste subver-e recherché par les agences depuis le début des années 1930. Né en 1894 dans le bloc de Biz-Godalming, dans le Nord de l’Europole, il passe à l’âge de vingt ans dans la clandestinité, et se présente comme farouche adversaire de notre belle société titanopolitaine. Satirique et mordant, il est considéré comme brillant par la minorité des subvers et résistants qui savent lire. JPEG - 21.6 ko Aldous Huxley en 1954. Le visage le plus subvers du moment ! Avant les années 1930, ses "romans" semblaient marqués par une certaine légèreté, comme Jaune de Chrome ou Point contre point, ce qui lui valut d’être plutôt méprisé par l’Agence de la Réhabilitation Individuelle. Mais le roman qu’il publia en 1932, Le Meilleur des mondes, mirent en évidence des préoccupations beaucoup plus sombres et subversives... Il prétendait s’inquiéter de l’orientation vers la pente du totalitarisme que prenait l’Europole, où la place de l’individu devenait de plus en plus étriquée, au profit d’Agences toujours plus puissantes, toujours plus déshumanisantes. Vous reconnaissez bien là, chers administrés, la propagande subverse. C’est normal, Aldous Huxley en est l’un des principaux théoriciens ! Ce roman est une des premières "contre-utopie" nettement structurée et auto-proclamée, qui expose méthodiquement les ressorts d’un monde organisé autour de la suprématie d’Agences contrôlant tous les aspects de la vie des individus, même depuis leur conception. Ce qui apparaît surtout dans ce roman, c’est la figure d’un totalitarisme à visage scientifique, où il n’est plus besoin de faire usage de la contrainte ou de la force physique pour s’opposer à des éléments insubordonnés : l’insubordination est impossible, les hommes étant génétiquement sélectionnés et éduqués par conditionnement pour accomplir les diverses tâches qui leur incombent au sein de la société. On est, chez Huxley, en face d’esclaves qui aiment leurs chaînes et se meuvent dans la servitude comme dans leur élément propre : on est loin, comme on le voit, de l’utopie libératrice ; on entre dans le cauchemar le plus organisé, le plus rationnel aussi, où la science et la technique sont retournées contre l’homme, au point de modifier jusqu’à sa nature. Pour pousser la radicalité jusqu’à son point extrême, on pourrait se demander si le meilleur des mondes d’Huxley est encore une société pleinement humaine. Peu après son arrestation, Huxley parvint à écrire un bref texte que nous rapportons ici : En 1931, alors que j’écrivais Le Meilleur des mondes, j’étais convaincu que le temps ne pressait pas encore. La société intégralement organisée, le système scientifique des castes, l’abolition du libre-arbitre par conditionnement méthodique, la servitude rendue tolérable par des doses régulières de bonheur chimiquement provoqué, les dogmes orthodoxes enfoncés dans les cervelles pendant le sommeil au moyen de cours de nuit, tout cela approchait, se réaliserait bien sûr, mais ni de mon vivant, ni même du vivant de mes petits-enfants.[…] Vingt-trois ans plus tard, dans cette seconde moitié du vingtième siècle, je suis beaucoup moins optimiste que je l’étais en écrivant Le Meilleur des mondes. Les prophéties faites en 1931 se réalisent bien plus tôt que je le pensais."
Posted on: Fri, 21 Jun 2013 19:30:21 +0000
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