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CONFÉRENCE DE PRESSE DU FRONT DE RÉSISTANCE CITOYENNE SUR LA CRISE UNIVERSITAIRE ET LA LIBERTÉ DE MANIFESTATION Déclaration liminaire « Bien informés, les hommes sont des citoyens, mal informés, ils deviennent des sujets » Jean-Jacques Rousseau Le Front de résistance citoyenne, regroupement de vingt trois organisations de la société civile actives sur les questions de gouvernance et impliquées dans la consolidation démocratique au Burkina Faso, tient à vous remercier de votre présence à la présente conférence de presse portant sur la crise universitaire et la liberté de manifestation. Mesdames, messieurs Depuis la décision des autorités de suspendre manu militari les œuvres universitaires pour la période des vacances, des rixes et confrontations violentes ont été enregistrées dans les cités universitaires de la ville de Ouagadougou. Une telle décision inopportune au regard des réalités actuelles de nos universités contribue à accentuer la tension sociale dans notre pays qui vit depuis plusieurs semaines un conflit ouvert entre les fossoyeurs de la démocratie et les forces démocratiques organisées au sein des organisations de la société civile et de certains partis politiques. La crise que traversent nos universités traduit à n’en point douter l’incurie qui caractérise la gouvernance universitaire ainsi que l’absence de volonté politique de nos autorités pour apporter des réponses durables à la crise qui secoue l’ensemble de notre système éducatif. Le Front de résistance citoyenne exprime sa vive inquiétude face aux méthodes expéditives et musclées des autorités universitaires dans la gestion des conflits avec la communauté estudiantine. L’argument des contraintes budgétaires invoqué pour justifier le déguerpissement des étudiants est plus que révoltant dans un pays où le gaspillage des ressources publiques est devenu le sport favori des dirigeants. En effet, au-delà des autorités universitaires, c’est la responsabilité des plus hautes autorités de ce pays qui est ici engagée. Cette crise n’est que la manifestation tangible de l’insouciance du gouvernement face aux problèmes des jeunes en général et des étudiants en particulier au moment où ceux-ci par manque de travail se voient obligés de préparer les concours prévues du 2 au 14 août 2013. Comment comprendre leur entêtement à installer le sénat, dont la mise en place induirait des coûts financiers faramineux, alors que nos universités sont incapables de faire face à leurs missions et leurs responsabilités ? Comment un pays qui prétend à « l’émergence » peut-il se permettre d’affamer et d’expulser les étudiants des cités universitaires en pleine période des concours de la fonction publique et de sacrifier ainsi sa jeunesse, celle-là même qui est censée être l’élite de demain ? Avec le bouleversement complet du calendrier universitaire et la paupérisation croissante des étudiants, mettre fin aux œuvres universitaires sans avoir au préalable mis en place un « service minimum » relève tout simplement d’une volonté de punir les étudiants. La répression féroce qui s’abat contre les étudiants vise à exercer des représailles pour leur engagement massif sur les sujets brûlants de l’heure : la vie chère, la mise en place du sénat et la modification de l’article 37 de la Constitution. Les arguments spécieux avancés pour justifier la décision des autorités universitaires cachent mal la volonté du régime vieillissant de la 4e République de dégrossir les rangs des manifestants contre la vie chère, la création du sénat et la modification de l’article 37 de la Constitution. Réduits en vagabonds et sans domicile fixe, les étudiants souffrent le martyr parce qu’ils sont issus des couches sociales modestes ; ces étudiants ont tout simplement eu la « malchance » d’être fils et filles de paysans, d’infirmiers, de militaires, de menuisiers, de burkinabè de l’étranger en général et de la Côte d’Ivoire en particulier dont le rapatriement des enfants a été vivement encouragé par le premier ministre lors d’un de ses voyages, etc. En effet, si nos dirigeants traitent les problèmes de nos universités avec tant de légèreté, c’est parce que la plupart d’entre eux n’ont pas leurs enfants dans ces universités laissées à l’abandon. Ainsi, pendant qu’ils créent des ghettos pour les enfants du peuple, ils favorisent une minorité de fils à papa en les envoyant dans les meilleures écoles du monde aux frais de la République. Qu’est-ce que cela signifie pour l’avenir de notre pays ? Le Front de résistance s’insurge fortement contre cette macabre conspiration contre notre peuple, qui voit sa jeunesse réduite au vagabondage et aux incertitudes. Le Pr Ki-Zerbo disait avec raison que « chaque génération a des pyramides à bâtir ». Comment une jeunesse marginalisée, délaissée et affamée peut-elle construire des pyramides ? Comment peut-elle assumer son rôle historique si ses droits les plus élémentaires sont violés ? Mesdames, messieurs Cette crise universitaire donne l’occasion de dénoncer une fois de plus la loi liberticide que constitue la loi n° 026-2008/AN du 08 mai 2008 portant répression des actes de vandalisme commis lors des manifestations sur la voie publique. Cette loi par ses dispositions vagues et ambigües porte atteinte au droit constitutionnel reconnu par l’article 7 de la Constitution et inscrit à l’article 21 du Pacte international sur les droits civils et politiques. Les articles 14 et 15 de cette loi constituent des mesures fortement dissuasives à l’organisation de toute manifestation. Ces deux dispositions sont libellées de manière fort imprécise alors qu’il est bien connu que pour éviter tout risque d’arbitraire, les dispositions législatives relatives à la définition des infractions doivent être les plus claires et les plus précises possible. L’article 15 mérite d’être plus indexé en ce qu’il viole le principe constitutionnel de la présomption d’innocence reconnu par l’article 4 de la Constitution, l’article 11-1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et l’article 7-1 de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Contrairement au principe de la présomption d’innocence, l’article 15 crée une présomption de culpabilité en transformant l’acte de vandalisme, infraction intentionnelle qui suppose la réunion de l’élément matériel et de l’élément moral, en une infraction non intentionnelle pour laquelle la réalisation de l’élément matériel laisse présumer la culpabilité. Toute chose qui viole le sacro-saint principe selon lequel le doute profite à l’accusé. En application des dispositions de cette loi, aucun citoyen n’est à l’abri d’un mandat de dépôt et d’une condamnation expéditive. C’est donc à bon droit que les conseils des étudiants arrêtés ont soulevé l’exception d’inconstitutionnalité en vue d’empêcher l’application des dispositions contraires à la Constitution. En outre, en violation de l’article 7 de la même Constitution, elle érige l’exercice de la liberté de manifestation en infraction. En effet, son article 15 permet de retenir la responsabilité pénale de toute personne qui participe à une manifestation sur la voie publique lorsque des actes de vandalisme en ont résulté, peu importe les causes et les véritables auteurs. C’est au regard de cette analyse que le Front de résistance citoyenne : Dénonce la mauvaise gouvernance de nos universités, qui dénote d’un mépris total des autorités de la 4e République vis-à-vis de l’éducation de notre jeunesse ; Dénonce l’usage disproportionné de la violence par les forces de l’ordre contre les manifestants ; Exige du gouvernement le rétablissement immédiat des œuvres universitaires de vacances acquises par les syndicats d’étudiants en 2002 auprès du MERSS et la mise en liberté immédiate de tous les étudiants arrêtés ; Apporte son soutien indéfectible aux étudiants et leur témoigne de sa solidarité ; Encourage les étudiants à poursuivre par des voies pacifiques leur combat noble pour des conditions d’études décentes, mais aussi pour la défense des idéaux démocratiques ; Interpelle le Conseil constitutionnel sur son rôle de gardien de la Constitution et des libertés publiques et l’invite à censurer les dispositions liberticides car l’État de droit n’est pas l’État de n’importe quel droit ; Appelle l’ensemble du peuple burkinabè à soutenir les luttes légitimes des étudiants pour une éducation de qualité, à la hauteur de nos ambitions pour un Burkina meilleur ; Les structures membres du Front ont dans un élan de solidarité lancé le 3 août dernier une souscription en vue de venir en aide aux étudiants qui sont dans le besoin. La collecte des dons en nature ou en argent s’est faite par deux cellules installées à cet effet par les étudiants, l’une au CNP-NZ à Gounghin, l’autre à Semfilms aux 1200 logements. A l’issue de cette souscription, la somme de 1 145 000 FCFA a été récoltée à la date du samedi 10 août 2013 et remise aux représentants des étudiants basés aux Centre de presse Norbert Zongo. Ne laissons pas hypothéquer l’avenir du Burkina Faso ! Fait à Ouagadougou, le 19 août 2013
Posted on: Mon, 19 Aug 2013 12:45:47 +0000

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