Chronique de cd : Ensemble Serikon Titre: Along chartered routes - TopicsExpress



          

Chronique de cd : Ensemble Serikon Titre: Along chartered routes Sous-titre: Improvisation over standards from the Renaissance Oeuvres de Lassus, Striggio, Rore, Palestrina, Azzaiolo, Hidman et anonymes Ensemble Serikon / Daniel Stighäll, direction artistique Label : Footprint FRCD 056 Enregistrement : 2009 et 2010 Durée : 61 min. 18 Il est rare de trouver un disque de musique classique qui mette l’accent entièrement sur l’improvisation, en particulier quand il s’agit de la musique de la Renaissance, et encore moins quand le soliste est tromboniste utilisant une copie d’instrument d’époque (les originaux étant précieusement conservés dans les musées). Un tel instrument exige une articulation très souple pour que les « diminutions » (groupes de notes servant à l’ornementation d’une mélodie) soient exécutées dans un tempo qui permette de reconnaître la mélodie originale. L’ensemble Serikon comprend treize musiciens dont quatre trombonistes et deux autres qui utilisent des instruments complétant une famille de vents (cornet, cornet muet, dulcian) propices aux textures recherchées dans certaines pièces. Voix de soprano, instruments à cordes frottées et pincées, percussion participent à ce florilège attrayant. Quant au cornet muet dont l’appellation fait sourire, il s’agit d’un instrument à vent dont l’embouchure est directement façonnée sur le corps de l’instrument; la sonorité est chaleureuse et possède assez de puissance pour jouer le rôle de trombone soprano. Le dulcian, que l’on pourrait considérer comme l’ancêtre du basson, s’harmonise lui aussi très bien au sein de ce qu’on appelait autrefois les instruments « hauts », c’est-à-dire jouant fort et adaptés pour l’exécution en plein air par opposition aux instruments « bas », de caractère plus intime comme le luth, la viole ou la flûte à bec. Le répertoire présente douze des œuvres de la Renaissance qui ont connu un vif succès, soit parce qu’elles ont été ré-éditées plusieurs fois, soit parce qu’un grand nombre de compositeurs les ont reprises (par exemple, Susanne un jour de Roland de Lassus). On y retrouve surtout des mélodies célèbres en leur temps par des compositeurs extrêmement réputés, mais aussi de la musique de danse (passamezzo, saltarello, tarentelle). La dernière et treizième pièce est un Preludium, écrit en 2000, œuvre du compositeur Aron Hidman, qui, comme d’autres créateurs contemporains, exploitent parfois la sonorité particulière d’instruments anciens avec un langage moderne. Mais ce qui donne une valeur ajoutée à cette sympathique collection, ce qui la distingue de tant d’autres enregistrements de ce type de répertoire, est que l’accent est mis sur l’improvisation. Non seulement faut-il posséder une technique solide de l’instrument mais aussi une connaissance approfondie sur le plan théorique de cet art pour pouvoir mettre en pratique sa propre signature. Sortir de la notation officielle de l’édition et re-créer l’œuvre pour mettre en valeur son talent d’interprète à l’instar des virtuoses de l’époque, voilà qui exige une confiance en ses moyens que peu de musiciens formés à l’aune d’un certain académisme oseront manifester dans le cadre d’un enregistrement. Quoique le tempo de la majorité des pièces soit généralement lent, l’auditeur pourra tout de même apprécier que les musiciens disposent de l’espace nécessaire pour exécuter leurs diminutions; on s’y habitue et dans la mesure où l’auditeur soit assez ouvert d’esprit pour adopter un rythme en marge de notre temps de frénésie virtuelle, son écoute sera grandement stimulée par les nombreuses surprises que réserve cette production. Le livret de 24 pages est fort instructif et n’est pas avare d’informations pertinentes sur les diverses significations du mot serikon, sur la tradition ancienne de l’improvisation, le répertoire, la musique de divertissement, la tarentelle, la pratique du trombone au temps de la Renaissance. J’espère qu’un jour cet ensemble soit invité à donner un concert chez nous et que son disque bénéficie d’une distribution internationale; le public gagnerait beaucoup à les entendre. Guy Sauvé Juillet 2013
Posted on: Sun, 07 Jul 2013 18:47:56 +0000

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