Débat sur la révision « opportuniste » de la - TopicsExpress



          

Débat sur la révision « opportuniste » de la Constitution L’humilité devrait plus inspirer le pouvoir L’actuel houleux débat sur la révision ou non de la Constitution béninoise, loin d’être inquiétant, est en soi symptomatique des crises cycliques qui viennent questionner la solidité de tout système politique établi. C’est donc un débat utile. Il est par ailleurs la conséquence directe d’une crise dont l’enjeu est d’entrevoir ce que vaudra la démocratie béninoise au-delà de 2016. Machiavel dans son célèbre ouvrage « Le Prince » a défini l’homme politique à travers 3 critères spécifiques : le charisme, la vertu et une maîtrise de la stratégie. Ecrit depuis la fin du Moyen-âge occidental, le livre du philosophe italien a inspiré plus d’uns, et continue de faire l’actualité. D’aucuns à travers une mauvaise grille de lecture et de mauvaises lorgnettes, ont pu confondre le bréviaire de « Niccolo Machiaveli », avec un ramassis d’idées politiques diaboliques, perverses et « machiavéliques », mis à disposition de leaders politiques « peu » ou mal inspirés pour se maintenir au pouvoir. Mais loin d’être un mauvais courtisan au chevet d’hommes d’Etat illustres, Machiavel à travers son livre, s’est imposé comme un politologue majeur. Son œuvre aussi s’est révélée à travers le temps, à l’instar de l’Art de la guerre de Sun Tzu, comme l’un des livres politiques les plus importants de l’histoire. Et à travers les 3 critères que définis Machiavel, l’objectif est d’amener les « hommes et femmes» qui nous gouvernent, à laisser un legs politique dense, et plutôt qualitatif. Le débat qui agite la société béninoise aujourd’hui est à ce propos très édifiant. Et la question en filigrane est toute simple : quel sera l’héritage de la Refondation et du Changement ? Mieux, au-delà de la question de la révision opportuniste de la Constitution du 11 décembre 1990, les thuriféraires du régime Yayi devraient faire preuve de beaucoup plus d’humilité et de circonspection au regard du bilan mitigé et désastreux de la gouvernance de Yayi Boni. Pourquoi vouloir donc coûte que coûte embarquer le peuple béninois, déjà autrement atteint et meurtri, dans cette aventure périlleuse et risquée ? De plus, on n’a pas besoin d’être un politologue chevronné de la trempe de Machiavel pour constater l’amertume et la déception auxquelles sont en proie bon nombre de Béninois et Béninoises par les temps qui courent. Et un peu comme pour couronner le tout, la paupérisation qui sévit à toutes les échelles de la couche sociale du Nord au Sud, laisse augurer du pire et des lendemains difficiles à ce pauvre peuple. La fatalité n’est pas encore vaincue, contrairement au mot de l’autre. Pourquoi l’humilité et la vertu Machiavel définissait l’homme politique « bon », bon au sens de la compétence et de l’efficacité, et non de la morale, comme d’abord quelqu’un de charismatique. C’est-à-dire un « animal » politique qui peut susciter par son action et ses actes, l’adhésion du plus grand nombre. Spontanément, l’éclat et la portée de son action, et surtout leur justesse et à propos, doivent susciter l’admiration et un certain respect. Le charisme de sa racine grecque « charisma », signifie la grâce qui émane d’une personnalité. Par contre, à travers le stratège politique, Machiavel brosse le portrait d’un leader politique qui par son intuition vivace, prend souvent de l’avance sur son temps et ses adversaires. En d’autres termes, l’homme politique fin stratège fait souvent une bonne lecture des situations qui se présentent à lui, et par sa rigueur dans l’analyse, ne peut vraiment être surpris par le cours des évènements. Malheureusement, on a pu faire accroire qu’il faut donner des coups en politique pour réussir son action. La politique n’étant pas un jeu d’enfants. On peut, à juste titre, opposer à cet argument, que c’est la somme de certaines situations mal négociées, et des crises mal résolues, qui dégénèrent et obligent à donner des coups. D’où la faiblesse de recourir souvent à la violence. L’histoire récente de la Centrafrique, et la fuite de François Bozizé sont à ce propos bien édifiantes. Il est malheureusement fort à craindre que sous nos cieux, des crises mal négociées comme celle de « l’essence frelatée », la présence d’infrastructures vétustes comme le pont de la Capitale et ses fréquents accidents, la misère et l’incapacité à trouver une solution durable au chômage entre autres, ne débouchent sur ces extrêmes. C’est pourquoi le pouvoir politique doit faire preuve davantage d’humilité et de mesure. C’est ce que justement Machiavel appelle la « vertu ». On pourrait, sans autre forme de procès, faire de cette vertu le principe majeur de l’action politique réussie. On comprend mieux alors, pourquoi Platon préconisait que le philosophe devienne « roi de la cité ». Le Philosophe au sens de l’homme capable d’ascèse et de nuance. Ce qui devient de plus en plus rare. Wilfrid Noubadan
Posted on: Thu, 11 Jul 2013 04:04:16 +0000

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