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ENSEMBLE....1+1+1+ TOUT LE MONDE.... DE LA VIEILLESSE AU VIEILLISSEMENT : CONSTRUIRE LA COORDINATION... (Propos de Muriel BOULMIER, présidente du groupe de travail « Évolutions démographiques et vieillissement » du Comité européen de coordination de l’habitat social) Le 20e siècle nous renvoie une image régressive de la vieillesse. Il faut dire que l’approche sémantique n’est pas valorisante : l’état de la vieillesse, la dépendance des personnes âgées, les « places » d’hébergement ou de maisons de retraite, (ajouté au relais médiatique de la maltraitance). Tout cela n’est guère encourageant. Considérée au travers du risque1 qu’est la dépendance, la vieillesse est ancrée dans l’image dépréciative de la vision médicalisée (bénéficiaires de pensions, inactifs, etc …) pour l’opinion publique et les personnes âgées elles-mêmes. Difficile alors, pour les jeunes retraités, de se projeter sereinement vers le grand âge. Depuis le rapport Laroque (1962, Haut comité consultatif de la population et de la famille) qui a posé les bases d’une politique vieillesse, les orientations des 6ème (1972) et 7ème plans (1978) sur le soutien à domicile, mais aussi les lois du 30 juin 1975 (les institutions sociales) ou du 31 juillet 1991 qui sonnent le glas des hospices au profit des maisons de retraite, notre politique a été rénovée. Pour autant, les politiques « vieillesse » demeurent l’apanage de la Santé et de l’Action sociale, qui ont su nouer des partenariats entre elles au fur et à mesure que la réglementation s’est affirmée. Le grand absent est le vieillissement. Comment évoluer d’une politique de la vieillesse vers celle du vieillissement ? La démographie, la prévention des fragilités naissantes, l’accompagnement de la baisse des revenus, le coût nécessaire pour multiplier les lieux d’accueil collectifs et en modifier l’image, et, enfin, le souhait exprimé par les personnes elles-mêmes, souhait constaté par les sociologues et les scientifiques, les sondages d’opinion, de vieillir chez elles … comment intégrer toutes ces réalités objectives ? L’absence de culture partagée entre les acteurs de l’habitat et ceux du médico-social qui traitent de l’âge, pourrait s’estomper dès lors que sera affiché l’objectif de « désenclaver » la politique ciblée sur l’âge pour aller vers une démarche qui associe les acteurs dans une progression avec une évaluation de l’efficacité. L’esprit pourrait être celui des démarches RSE2 pour les entreprises, ou Agenda 21 pour les acteurs publics. La démarche de la MSA3 est à ce titre intéressante: en 2000, le projet « logement-habitat » ; en 2003, l’évaluation positive ; en 2008, le développement du projet avec les « sites –habitat » qui, entre autres, forment les travailleurs sociaux à la question du logement. A l’image du modèle anglais issu du rapport « Lifetime Homes, Lifetime Neighbourhoods » (op.cit.) l’amélioration du logement est considérée comme l’une des clefs de voûte de la prévention, mieux admise par la population pour peu que ces adaptations de confort d’usage, de sécurité, de mise aux normes, soient conçues avec une approche esthétique qui plaise aux occupants et à leur famille. Le design devient source d’innovations domestiques, au-delà de l’esthétique4. Dans ce cas, l’habitat n’accueille plus, a priori, un équipement spécialisé pour une population donnée, mais offre une approche neutre et transversale de l’équipement « gérontologique ». Il est possible que cette perception mette quelques années à s’imposer, mais la conviction est forte qu’elle s’installera à force « d’innovations périphériques » comme les nomment les sociologues. Et le programme confié au PUCA5 sur « le logement, design pour tous », y contribuera. La préservation progressive de l’autonomie comme mode de vie se prépare de manière multiple. Du concept des Nations Unies à celui de l’Union européenne, la lecture progressive va du « vieillissement réussi » (1997 – l’adaptation au nouveau rôle social du retraité), au « vieillissement, en restant actif » (1999 – ou comment éviter les comportements de désengagement), au concept « bien vieillir » (2007) complété par le Conseil européen avec les réflexions « vieillir dans la dignité »(2009). Dans ce champ, la France a été très réactive après la canicule de 2003. Les Plans « Solidarités Grand Age » déclinés dans le Plan « Bien Vieillir » portent une ambition forte et un partenariat essentiel avec les élus. Le Plan « Bien vieillir » fixe d’emblée ses objectifs autour du « vieillir actif » des 50-70 ans pour organiser une prévention ciblée. Cependant, dans les 9 grands axes, la dimension du logement est seulement évoquée dans l’axe 6 (habitat intergénérationnel, traité en deuxième partie du rapport), et autour de l’axe 7, le « bien vieillir » au niveau local, puis dans l’axe 8 pour la création des 100 places en maisons-relais pour les personnes âgées exclues. Au-delà des objectifs, le Plan piloté par la DGASS6, conserve une approche très médicalisée dans sa conception et ses orientations. Il est d’ailleurs symptomatique de constater que tant le comité de pilotage, que les groupes de travail ont rassemblé des compétences pour l’essentiel issues du monde de la santé et aucun représentant du monde de l’habitat ou du logement. Il en va de même pour le label « Bien vieillir – vivre ensemble », adapté de celui « villes amies des ainés »conçu par l’OMS7 et son réseau naissant de 33 villes dans le monde. Le Royaume Uni, pour son intervention, a choisi une adaptation des recommandations générales des Nations Unies (moins ciblées que celles de son agence spécialisée qu’est l’O.M.S.), qui intégrait l’habitat comme l’un des éléments centraux de la prévention : « living longer, living better »8. Il est prévu que le Plan « Bien Vieillir » soit revu en 2009, sans doute pour être orienté vers l’objectif européen du « vieillir dans la dignité ». Ce serait l’occasion d’associer l’habitat comme élément de jonction opérationnel des politiques en écartant le principe du cloisonnement qui ne permet pas une efficacité optimum. Sans entrer dans une longue énumération des intervenants et financements de la politique des personnes âgées, il est évident que leur nombre ne favorise pas une lisibilité des actions pourtant nombreuses et avancées de notre pays : l’ANAH (avec un budget qui ne permet pas d’entreprendre une action à la hauteur des besoins), les crédits d’impôts, les caisses de retraites, les branches vieillesse et famille de la protection sociale, l’APA et la mise en place en 2002 de la CNSA, les aides personnalisées au logement, les contributions des collectivités. Qui est sûr de ne pas en oublier ? Le paysage est complexe. Là encore, le débat existe. Le soutien à la politique du logement depuis 1977 est structuré autour de l’aide à la pierre, le soutien de la politique vieillesse est basé sur l’aide à la personne qui reprend d’ailleurs des prestations logement. Ce sujet constitue à lui seul un défi à part entière. L’approche qui privilégie l’état de la personne sans prendre en compte l’état de son habitat ne peut être qu’incomplète.
Posted on: Fri, 28 Jun 2013 21:22:49 +0000

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