En attendant le résultat des analyses des inspecteurs des Nations - TopicsExpress



          

En attendant le résultat des analyses des inspecteurs des Nations Unies qui ont quitté Damas samedi, tour d’horizon sur l’arsenal chimique contemporain. Qui entretient encore un programme d’armement chimique? Difficile à dire. Selon Olivier Lepick, chercheur associé à la FRS (Fondation pour la recherche stratégique), "très peu d’Etats sont encore soupçonnés d’entretenir un arsenal". Seule référence disponible?: la liste des pays non-signataires de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques de 1993. Parmi eux?: la Syrie, la Corée du Nord, le Soudan, l’Égypte. Israël et la Birmanie l’ont signé mais pas ratifié. Tel Aviv refuse de le faire tant que ses voisins arabes ne l’ont pas signé. L’Egypte et la Syrie invoquent leur droit à développer un arsenal dissuasif, Israël disposant de l’arme nucléaire. Les autres Etats ont tous déclaré leur stock et le détruisent progressivement même si, selon l’OIAC (l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques), seuls 45?% des 8?millions de munitions et conteneurs ont été détruits. L’arsenal syrien Selon Olivier Lepick, Damas disposerait de plusieurs centaines de tonnes d’armes chimiques, ce qu’affirme aussi le Center for Nonproliferation Studies, un centre d’études américain. C’est au début des années 1970 que la Syrie a initié son programme avec l’aide des Egyptiens, puis de l’URSS et de l’Iran. "Difficile de connaître l’implication exacte des Russes, explique Jean-François Daguzan. Probablement n’ont-ils fait que former les ingénieurs syriens." Le régime dispose aujourd’hui d’un programme propre mais selon le Cesim, il serait encore dépendant de firmes occidentales pour obtenir des précurseurs, agents nécessaires à l’élaboration. Un réseau de sociétés-écrans aurait ainsi été mis en place, toutes liées au Cers (Centre d’études et de recherches scientifiques) de Damas, principale organisation impliquée dans le programme chimique syrien. Damas disposerait de gaz moutarde, de sarin, et probablement de VX, produits dans divers sites notamment à Al-Safir près d’Alep, Homs ou Lattaquié. Le régime syrien dispose de différents armes pouvant transporter ces substances?: roquettes, bombes aériennes, mais aussi Scud. Des rumeurs ont fait état de récents déplacements des agents chimiques. "Peu probable, estime Olivier Lepick. Si tel est le cas, les Occidentaux, qui surveillent les dépôts de stockage par drones et satellites, savent où ils se trouvent". "S’il y avait une telle surveillance, les Occidentaux n’auraient aucun mal à produire des preuves dans les attaques du 21?août", tempère Steve Johnson, expert au Cranfield Forensic Institute. L’attaque du 21?août et l’expertise de l’ONU Les experts de l’ONU ont-ils pu retrouver des traces des substances utilisées lors des attaques du 21?août, qui auraient fait 1429 morts selon un rapport du renseignement américain, au moins 355 selon MSF? "Oui, assure Pete Johnson. pour le sarin par exemple, vous trouvez encore des marqueurs dix jours après." "Mais les experts ne pourront probablement pas désigner le coupable, prévient Olivier Lepick. Il leur aurait fallu beaucoup plus de temps pour une enquête notamment balistique." Le renseignement américain assure qu’une équipe syrienne chargée des armes chimiques se trouvait du 18 au 21?août, "près d’une zone utilisée par le régime pour mélanger des armes chimiques, y compris du gaz sarin". Des conversations auraient aussi été interceptées entre un haut responsable "au courant de l’utilisation des armes chimiques". Il se serait dit inquiet que les inspecteurs de l’ONU présents dans la capitale n’obtiennent des preuves. Damas a réfuté ces accusations. Aujourd’hui, la pression qui repose sur les épaules de Ake Sellström, le chef des inspecteurs de l’ONU, est en tout cas énorme. Le scientifique suédois, sorti hier matin de Syrie, en a l’habitude. En 2002, il faisait partie des experts de la Commission des Nations unies chargée d’enquêter sur l’arsenal irakien. "C’est un homme très expérimenté, qui sait travailler dans des conditions difficiles, affirme Pete Johnson. Il n’est pas très bon pour faire le show devant les caméras mais vous pouvez être sûr qu’il fera un excellent rapport à Ban ki-Moon." "Les Scandinaves, depuis de longues années, ont une très grande spécialisation dans les armes chimiques, explique Jean-François Daguzan. Sellström s’inscrit dans cette tradition." Selon Pete Johnson, si des premiers résultats sont fournis avant mardi, "on pourra dire que le travail des inspecteurs aura été exceptionnel". L’ONU a indiqué qu’il faudrait attendre des semaines pour obtenir un rapport complet. En 2003, Ake Sellström avait démenti les accusations de l’administration américaine sur le programme d’armes de destruction massive irakien. A l’époque, il n’avait pas été entendu.
Posted on: Mon, 02 Sep 2013 04:24:25 +0000

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