Entretien accordé par le Président du Gouvernement Provisoire - TopicsExpress



          

Entretien accordé par le Président du Gouvernement Provisoire Kabyle (GPK), M. Ferhat Mehenni, au journal en ligne dna-algerie DNA-algérie: Vous avez annoncé le 2 juin 2010 à Paris la création d’un gouvernement provisoire Kabyle. Quelles sont les raisons de votre démarche et quels en sont les objectifs ? Ferhat Mehenni : La création d’un gouvernement provisoire kabyle répond à la nécessité de doter la Kabylie et le peuple kabyle d’un représentant politique de poids sur la scène internationale. Il couronne un processus entamé au lendemain de l’indépendance de l’Algérie avec la guerre de 1963-65 ayant déjà opposé la Kabylie au pouvoir algérien, continué par le printemps berbère de 1980, le MCB, la Ligue des Droits de l’Homme en 1985, octobre 88, le boycott scolaire, le printemps noir avec ses 128 victimes…. Après tant d’années d’errements, d’hésitations et de lubies, nous voici en tant que Kabyles arrivés au bout du tunnel. Un jour nouveau se lève sur nous. Nous sommes un peuple et comme tel, nous avons droit à la maîtrise de notre destin et au respect de notre volonté. Nous avons pour devoir de ne plus laisser les autres décider à la place de la Kabylie. Devant le déni, le viol de notre identité et les atteintes à notre dignité de peuple, il était prévisible qu’un jour ou l’autre nous allions franchir le Rubicon. C’est ce qui vient d’être fait ce 1er juin 2010. Notre objectif est d’obtenir la reconnaissance de notre peuple et des droits qui sont les siens dont celui d’avoir son autonomie régionale sur son territoire. Quand vous parlez de Kabylie, quelles sont, selon vous, ses limites géographiques ? C’est un détail ! La Kabylie et l’Algérie avaient bel et bien existé l’une à côté de l’autre de 1830, date de la colonisation française, à 1857 lorsque Fadma N Soumer fut vaincue par le Général Randon. La guerre d’indépendance de l’Algérie, menée essentiellement par la Kabylie, avait délimité le territoire de celle-ci sous la dénomination de la Wilaya III. En 2001, lors des « événements » du Printemps Noir, les candidats au baccalauréat n’avaient pas pu passer leur examen. Le pouvoir voulait organiser en Kabylie, qui était alors en insurrection citoyenne, une session spéciale pour ses lycéens. Il avait donné toutes les circonscriptions où ces épreuves allaient avoir lieu. Malgré lui, il nous avait donné lui-même les limites géographiques de la Kabylie. Mais globalement, disons que les limites géographiques de la Kabylie sont celles de la Wilaya III, ajustées aux réalités sociolinguistiques kabyles. Plus précisément, la Kabylie démarre de Ziama Mansouria à l’Est, sur la côte méditerranéenne, jusqu’à Boumerdes à l’Ouest (200 km) et s’étend en profondeur, vers le Sud, jusqu’à Bordj Bou Arréridj (200Km). Votre initiative a été vivement critiquée en Algérie y compris parmi des militants de la cause berbère. Qu’avez-vous à répondre à vos détracteurs ? Les idées de 1980 sont pour la plupart d’entre elles dépassées. Nous ne nous accrochons pas à des oripeaux ou des fantômes d’idées. Nous ne sommes pas des nostalgiques d’une époque quand bien elle a été historique. Aucun des arguments avancés contre nous ne résiste au bon sens. Pour autant, nous ne dénions à personne le droit de contester notre démarche et nous demeurons ouverts au dialogue avec eux. Quant au régime algérien, inique et violent, il est dans son rôle. C’est le contraire qui nous aurait surpris. Le premier ministre Ahmed Ouyahia, dans la logique d’un pouvoir et d’un système assassins, s’est cru dans l’obligation de qualifier la création du GPK de « tintamarre ! » Cela me rappelle étrangement la bourde d’un autre ministre algérien, Ali Ammar pour ne pas l’oublier, qui a qualifié de « chahut de gamins » les sanglants événements d’octobre 88 à Alger. Nous avons l’habitude de ce genre de déclarations de la part des gens du pouvoir algérien. On vous accuse de velléités séparatistes. Ne craignez-vous pas que votre démarche puisse nuire à la Kabylie ? Nous n’avons aucune culpabilité de cette nature. Nous n’agissons pas pour faire plaisir aux négateurs et aux ennemis du peuple kabyle, mais en fonction des intérêts de ce dernier. C’est de notre droit et de notre devoir d’agir de la manière dont nous le faisons. Ce qui risque d’entrainer la Kabylie vers le séparatisme c’est le fait de nous refuser le droit à notre autonomie, à notre identité, notre langue, notre culture, notre école, notre économie, notre sécurité civile, notre télévision et notre développement économique. Nous refuser le droit de nous autogouverner est la meilleure voie vers le séparatisme. Quant au risque de nuire à la Kabylie, je ne vois sincèrement pas comment ! Se pourrait-il que la revendication d’une liberté puisse nuire au peuple qui en sera le bénéficiaire ? On vous reproche de mener votre combat à partir de l’étranger plutôt qu’en Algérie. Pourquoi n’avoir pas lancé votre initiative à partir du sol algérien ? Pendant la guerre d’indépendance, le Gouvernement Provisoire de la Révolution Algérienne (GPRA), que je sache, n’était pas basé à l’intérieur, en Algérie, mais à l’étranger, en Tunisie et au Maroc. Pourquoi, ce qui était normal pour lui, serait-il tout d’un coup anormal pour nous ? J’ai mené le combat sur le terrain, en Kabylie de 2001 jusqu’au mandat d’arrêt contre moi. Je n’accepterais pas de mettre l’autonomie de la Kabylie en prison. On pense toujours à l’exemple de Mandela qui a passé 23 ans derrière les barreaux. Il y a de quoi rester admiratif devant cet exemple. Mais personne ne s’est demandé si Mandela était en liberté, combien aurait été plus rapide la chute de l’Apartheid ? En fin de compte, sa prison était aussi celle de la liberté de son peuple. Enfin, avec les nouvelles technologies et les multimédias, y a-t-il vraiment de l’exil ? Le monde entier est devenu un espace à partir duquel la plupart des combats politiques peuvent être menés. Un gouvernement suppose des moyens financiers. Comment comptez-vous financer vos activités ? Nous comptons avant tout sur nos propres ressources qui sont les cotisations militantes et les dons individuels. Toutefois, nous saisissons l’opportunité de cette interview pour lancer un appel aussi bien aux Kabyles, particulièrement ceux qui ont de l’argent, qu’aux peuples amis, en mesure de financer nos activités. Loin de moi l’idée de vous agresser, je n’ai jamais vu un journaliste demander à l’OLP, Hamas ou le Polisario comment comptent-ils financer leurs activités. Sommes-nous les seuls au monde à ne pas avoir droit à des aides financières de pays amis ? Avez-vous l’intention de vous rendre en Algérie dans un proche avenir pour expliquer votre mouvement aux populations ? Notre Mouvement est en Kabylie depuis 2001. Jusqu’en 2009, avec le mandat d’amener émis contre moi, j’étais sur le terrain et j’animais quotidiennement des conférences et des débats en faveur de l’autonomie de la Kabylie. Les Kabyles ne sont pas des « populations », mais bel et bien un peuple. Et le peuple a compris notre démarche. A l’appel du MAK, il y avait près de cent mille personnes dans les rues de Tuvirett, Vgayet et Tizi-ouzou le 20 avril 2010.Quant au fait de rentrer au pays, je rentrerai le jour où je le déciderai. Vous aviez évoqué un mandat d’arrêt émis contre vous par la justice algérienne. Ou en êtes-vous avec cette affaire ? C’est le black-out total ! Propos recueillis par Samy Ousy-Ali
Posted on: Sat, 28 Sep 2013 00:06:33 +0000

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