Histoire : SNCASE SE.161 Languedoc : l’étonnant destin d’un - TopicsExpress



          

Histoire : SNCASE SE.161 Languedoc : l’étonnant destin d’un avion français La carrière du SNCASE SE.161 Languedoc, aussi appelé MB161, dans le transport aérien s’est concentrée juste après la seconde guerre mondiale. Ce gros quadrimoteur à train classique souffrait d’une conception ancienne. Une centaine d’exemplaires a été construite. Dans « SNCASE SE.161 Languedoc, balbutiements de l’aviation de transport moderne en France » (éd. Lela Presse) Philippe Ricco retrace l’histoire d’histoire de cet appareil qui vola sous les couleurs d’Air France, et donc l’image reste associée à celle du statoréacteur Leduc 010. Comme toujours lorsqu’il est question d’avions de légende, ou tout simplement d’avions anciens, une précaution s’impose : jeune voyageur, ou seulement passionné par les histoires d’Air, tu n’a connu de l’aviation que les machines modernes, conçues sur ordinateurs, équipés des innovations les plus spectaculaires qui soient, matériaux composites, glass cockpit, commandes de vols électriques, etc. Mais souviens-toi que tes parents et grand’ parents ont peut-être pris place dans ces avions de légende, des avions pilotés alors souvent par des pionniers qui ont, lentement et avec persévérance, façonné le transport aérien d’aujourd’hui ! Respect donc ! Le Languedoc, appelé successivement « Marcel Bloch MB161 » (ou, indifféremment MB 161, MB.161, MB-161) puis « SNCASO SO161 », « Bordeaux » et finalement « Languedoc » est l’un de ces avions de légendes utilisés juste après la seconde Guerre. Mais il est relativement peu connu. Et c’est bien dommage ! Pourquoi ? Philippe Ricco estime que « le Languedoc, plus gros avion français de l’époque, souffrait d’une conception déjà ancienne, aggravée par une désorganisation chronique de l’industrie française… » (page 266). Et de citer une note technique interne à la SNCASE (Société nationale des constructions aéronautiques du sud-ouest qui avait en charge le développement et la production des Languedoc) datée du 1er décembre 1947 : « si la cellule du Bloch 161 possède des qualités réelles, si elle est très robuste et d’un pilotage agréable, l’appareil n’a, en fait, ni moteurs, ni équipements, ni même une construction générale présentant d’élémentaires facilités d’entretien. […] L’appareil possède de gros défauts de conception et de fabrication. […] La cabine est mal conçue. […] Quant aux équipements en général, ils laissent fortement à désirer : l’installation électrique est si déficiente que les vols de nuit ont été suspendus ; l’équipement radioélectrique de communication, de transmission et de navigation est plus que médiocre ; les instruments de bord (pilotage et surveillance moteur) sont trop fragile et sont souvent en panne… » (page 266) Rien que ça ! Et encore, à la lecture de l’ouvrage, on découvre aussi que l’avion connaissait de réels problèmes de rentrée du train. Et qu’en cas de fortes pluies et d’orages, l’étanchéité du poste de pilotage n’était pas vraiment garantie… C’est ainsi que ce bel oiseau à la ligne pourtant si épurée (il faut imaginer le célèbre DC3 avec quatre moteurs et un fuselage très allongé…) qui a été commandé en particulier par Air France pour desservir ses lignes africaines, ne sera construit qu’à cent exemplaires. C’est évidemment peu ! Philippe Ricco retrace donc avec cet imposant ouvrage (336 pages au format A4) le fabuleux destin de cet avion hors norme : 14 tonnes à vide et 22 tonnes de masse maximale ; capacité de 20 à 45 passagers suivant les versions (Air France avait même envisagé un aménagement à seize couchettes seulement pour ses lignes sud-atlantiques) ; une vitesse de croisière de l’ordre de 350 km/h ; et une autonomie, sans réservoirs supplémentaires, de … 1000 kilomètres. Là encore, c’est peu ! Peu de commandes donc, pour le Languedoc, qui fut néanmoins utilisé par d’autres transporteurs qu’Air France, notamment l’Armée française et la Marine (recherche et sauvetage), mais aussi Air Liban, Tunis Air, LOT, Aviaco… On retrouvera même un Languedoc adapté à des missions de « banc volant » pour avions expérimentaux, comme le statoréacteur Leduc 010… Pour illustrer ce monument consacré au Languedoc, Philippe Ricco a réuni plus de 600 photos, dont des centaines totalement inédites, ainsi que 35 profils. Mais le livre est aussi un recueil d’anecdotes, de détails, de témoignages et de récits qui constituent un très bel hommage à tous ceux qui ont œuvrés à l’aventure aéronautique du Languedoc : techniciens, ingénieurs, pilotes… Bruno Rivière
Posted on: Tue, 03 Dec 2013 07:11:27 +0000

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