Hitler A. Mon Combat - 6 - Quittant enfin à cinquante-six ans - TopicsExpress



          

Hitler A. Mon Combat - 6 - Quittant enfin à cinquante-six ans la vie active, il naura it cependant pu supporter un seul jour loisiveté. il acquit aux environs de la petite bourgade de Lambach, en Haute Autriche, un bien quil mit en valeur. Le cycle de sa longue carrière laborieuse le ramenait ainsi à son origine familiale. De cette époque datent mes premières idées personne lles. Les ébats en liberté, lécole buissonnière, la fréquentation de vigoureux garçons - qui souvent donnai t à ma mère damers soucis me rendirent rien moins que casanier. Je minterrogeais rarement sur ma vocation ; en tous cas, mes goûts ne mentraînaient en rien vers une existence semblable à celle de mon père. Je crois que mon talent dorateur commençait alors à se former dans les discours plus ou moins persuasifs que je tenais à mes camarades : jétais devenu un petit meneur, difficile à mener lui-même, dailleurs bon écolier, ayant le travail facile. A mes moments libres, je suivais des cours de c hant au chapitre des chanoines de Lambach et jy trouvais une fréquente occasion de menivrer de la pompe magnifique des fêtes religieuses. Quoi de plus naturel que la situation de mon révérend abbé m apparût alors comme un idéal digne des plus grands efforts, avec tout le prestige quavait eu autrefois pou r mon père lhumble prêtre de son village ? Ce fut du moins le cas. Mais les luttes de jeunesse de mon père ne lui ayant jamais fait priser les talents dorateur assez pour en tirer des conclusions favorables sur lavenir de son rejeton, il ne pouvait naturellement comprendre de telles pensées de jeunesse. Soucieux, il considérait cette divergence de la nature. En fait, cette vocation se perdit bientôt et fit place à -des espérances répondant mieux à mon tempérament. Farfouillant la bibliothèque paternelle, je tombais sur divers livres militaires, dont une édition populaire de la guerre franco allemande de 1870-1871. Il y avait là deux volumes dun journal illustré de ces années. Ils devinrent ma lecture fa vorite. En peu de temps, la grande guerre héroïque passa au premier plan de mes préoccupations morales. Dè s lors, je butinai de plus en plus tout ce qui avait rapport à la guerre et à létat militaire. Cétait encore là pour moi une révélation importante. Car pour la première fois, de façon certes encore confuse, certaines questions tourm entèrent mon esprit : y a-t-il donc une différence, et laquelle, entre les Allemands qui livrèrent ces combats et les autres ? Pour quoi mon père et les autres Autrichiens ny ont-ils pas pris part ? Ne sommes-nous pas tout pareils aux autres Alle mands ? Ne suivons-nous pas la même route ? Je tournais et retournais ces problèmes dans mon ce rveau denfant et des réponses faites aux questions que je posais avec prudence, je dus conclure, une secrète jalousie au cœur, que tous les Allemands navaient pas le bonheur dappartenir à lEtat de Bismarck. Je ne pouvais le comprendre. * Il me fallut étudier. De toutes mes manières et plus encore de mon tempérament, mon père concluait que je navais aucune aptitude pour des études classiques au lycée. La Real schule lui parais sait mieux me convenir. Il fut confirmé dans cette façon de voir par mon évidente fa cilité pour le dessin, matière qui, dans les lycées autrichiens, était à son avis trop négligée. Peut-êtr e aussi le souvenir de sa propre vie de travail léloignait-il des humanités, sans intérêt pratique à ses yeux. Au fond, il avait lidée arrêtée que, naturellement, son fils aussi serait fonctionnaire comme lui. Sa jeunesse pénible lui faisait bien naturellement surestimer daut ant plus ses succès tardifs, quils étai ent le fruit exclusif de son application ardente et de sa puissance de travail. Fier dêtre le fils de ses œuvres, il rêvait pour moi une situation semblable à la sienne et si possible supérieure ; il y tenait dautant plus quil avait mis plus de soins à faciliter lui-même la carrière de son fils. Hitler A. Mon Combat - 7 - Il ne concevait pas que je puisse refuser ce qui avait ét é jadis toute sa vie. La décision de mon père était donc simple, assurée et naturelle à ses propres yeux . Un homme de ce caractère, que la dure lutte pour lexistence avait rendu dominateur, nadmettait pas de laisser des enfants inexpérimentés et irresponsables décider de leur carrière. Il eût estimé que cétait là, au point de vue de l avenir de son enfant, une répréhensible et néfaste défaillance de lautorité et de la re sponsabilité paternelles, incompatible avec sa conception du devoir. Il devait cependant en être autrement. Pour la première fois de ma vie - javais onze ans - je me rangeais dans lopposition. Aussi tenace que pût être mon père pour mener à bien les plans quil avait conçus, son fils nétait pas moins obstiné à refuser une idée dont il nattendait rien de bon. Je ne voulais pas être fonctionnaire. Ni discours, ni sévères représentations ne purent v enir à bout de cette résistance. Je ne serais pas fonctionnaire, non et encore non ! En vain mon père essayait-il déveiller en moi cette vocation par des peintures de sa propre vie : elles allaient contre leur objet. Javais des nausées à penser que je pourrais un jour être prisonnier dans un bureau ; que je ne serais pas le maître de mon temps, mais obligé de passer toute ma vie à remplir des imprimés. On juge aussi quelles pensées cette perspective pouvait éveiller chez un jeune homme qui était vraiment tout autre chose quun « brave » garçon au sens courant du mot ! Lenseignement peu absorbant de lécole me donnait tellement de loisirs que je vivais plus souvent au soleil quen fermé. Quand aujourdhui mes adversaires politiques scrutent ma vie jusque dans mes jeunes années avec une affectueuse attention, pour pouvoir, avec quel que satisfaction, dénoncer combien cet Hitler en faisait déjà de belles dans sa jeunesse, je remercie le ciel de me fournir ainsi loccasion de revivre ces temps bienheureux. Prés et bois étaient alors le terrain sur lequel on en finissait avec chaque différend. La fréquentation de la Realschule ne modifia guère mon emploi du temps. Mais jallais devoir soutenir un autre combat. Tant que le projet paternel de faire de moi un fonc tionnaire se heurtait simplement à ma répulsion de principe pour cette carrière, le conflit était supportable. Je pouvai s dissimuler quelque peu mes vues personnelles, et éviter la cont radiction incessante. Ma résolution bien arrêtée de ne jamais devenir fonctionnaire - et elle était inébranlable suffisait à me tranquilliser complètement. Mais la question fut plus délicate lorsque le projet de mon père en rencontra un chez moi. Javais alor s douze ans. Comment cela advint il ? Je ne men souviens plus ; mais un jour il me fut évident que je devais devenir peintre, artiste- peintre. Mon talent de dessinateur était indiscutabl e ; il avait même été une des causes pour lesquelles mon père mavait envoyé à la Realschule, mais jama is celui-ci navait pensé à faire perfectionner mes dons jusquà me permettre dembrasser cette profession ; au contraire. Lorsque pour la première fois, à la suite dun nouveau refus de ma part dadopter son i dée favorite, mon père me demanda ce quenfin je voulais être, ma résolution déjà formée me dicta une réponse immédiate : il en demeura presque muet. « Peintre ? Artiste-peintre ? » Il douta de mon bon sens, crut avoir mal entendu ou mal compris. Mais lorsque mes explications complètes à ce sujet lui eurent montré le caractère sérieux de mon projet, il sy opposa aussi résolument quil pouvait le faire. Sa décision fut excessivement si mple et ne fit place à aucune considération touchant mes dispositions réelles. « Artiste-peintre, non, jamais de la vie. » Mais comme son fils avait hérité en même temps que de ses autres qualités, dune opiniâtreté semblable à la sienne, ma réponse en sens contraire fut aussi énergique. Hitler A. Mon Combat - 8 - Des deux côtés on en resta là. Le père nabandonna pas son « jamais » et je confirmai mon « quand même ». En vérité ce conflit navait pas de conséquenc es bien réjouissantes. Le digne homme était rempli damertume et moi aussi, tant je laimais. Mon père m interdit tout espoir dapprendre jamais la peinture. Je fis un pas de plus et déclarai à mon tour que je ne voulais plus étudier. Bien naturellement, avec de semblables déclarations , jeus le dessous et le digne homme se disposa à asseoir désormais son autorité sans autre considération : ce que voyant, je menfermai dans un silence prudent, mais je mis ma menace à exécution. Je pensais que lorsque mon père constate rait labsence de tout progrès à la Realschule, de bon gré ou de force, il me laisserait aller au bonheur dont je rêvais. . Je ne sais si ce calcul aurait réussi. Ce qui est certain, cétait mon manque de succès visible à lécole . Jétudiais ce qui me plaisait, surtout ce que je jugeais pouvoir me servir plus tard comme peintre. Je sabotais complètement ce qui me paraissait sans importance à cet égard ou ce qui ne mintéressait pas. Mes bulletins de cette époque se tenaient toujours aux extrêmes selon le sujet et lintérêt que je lui portais. A côté de très bien et excellent, je rapportais des médiocre ou même des insuffisant . Cest en géographie, et plus encore en histoire universelle , que je réussissais le mieux. Cétait là mes deux matières favorites dans lesquelles je dominais la classe. Quand, à lheure actuelle, après tant dannées, je fais le bilan de cette époque, deux faits significatifs ni apparaissent. 1. Je devins nationaliste . 2. Jappris à comprendre et à pénétrer le vrai sens de lhistoire. Lancienne Autriche était un Etat à nationalités multiples. Et il était alors très difficile à un ressortissant du Reich de bien saisir ce que pouvait être la vie quotidienne de chacun dans un semblable Etat. Après la guerre franco allemande, magnifique marche triomphale dhéroïques armées, les Allemands s étaient chaque jour désintéressés davantage de lAllemagne dau delà leurs frontières et, pour beauco up, n’avaient pas daigné en apprécier la valeur ou n’en avaient pas été capables. En ce qui concerne les Autrichiens allemands en part iculier, on confondait trop facilement une dynastie à son déclin et un peuple foncièrement sain. Il a fallu pourtant que lAllemand dAutriche fût de la meilleure des races pour avoir marqué de son empreinte un Etat de cinq uante-deux millions dhabitants et cela à un point tel quen Allemagne même on pouvait penser - à tort, dailleurs - que lAutriche étai t un Etat allemand. Erreur lourde de suites, mais magnifique témoignage pour les dix millions dAllemands de la Marche de lEst. Peu dAllemands du Reich se doutaient quil fallait constamment lutter en Autriche pour le triomphe de la langue allemande, des écoles allemandes et tout simplement pour y être allemand . Aujourdhui seulement que cette triste nécessité est ce lle de plusieurs millions de nos frères qui, hors du Reich, sous une domination étrangère, rêvent de la pat rie commune, tournent vers elle leurs aspirations, essaient dobtenir au moins le droit sacré à la langue maternelle, cest dans un cercle plus étendu que lon comprend ce que signifie : devoir combattre pour sa race. Peut-être aussi d aucuns daignent-ils mesurer la grandeur du Deutschtum de la Marche de lEst du Reich qui, réduite à ses seuls moyens, le couvrit dabord vers lEst pendant des siècles, ensuite par une suite exténuante descarmouches de détail, sopposa au recul de s frontières de la langue allemande : et cela à une époque où le Reich sintéressait en vérité à des co lonies, mais non pas, devant ses portes, à sa chair et à son sang. Hitler A. Mon Combat - 9 - Comme partout et toujours, comme dans chaque co mbat, dans la rivalité des langues de lancienne Autriche, il y eut trois clans, les combattants, les tièdes et les traîtres . Il en était ainsi dès lécole, car il est remarquable que la lutte des langues fait rage surtout en ce lieu où se forment les générations à venir. Il sagit de co nquérir lenfant et cest à lui que doit sadresser le premier appel du combat « Enfant allemand, noublie pas que tu es un Allemand. » « Fillette, pense que tu dois être un jour une mère allemande. » Quiconque connaît lâme de la jeunesse, comprendra que c est elle qui peut écouter avec le plus de joie un pareil appel. Sous mille formes, elle mènera ensuite la lutte à sa façon et avec ses armes. Elle refusera de chanter des chansons étrangères ; elle ex altera dautant plus les gloires allemandes que lon voudra len éloigner ; elle économisera sur ses friandise s le trésor de guerre des grands ; elle sera rebelle et très avertie contre les professeurs étrangers ; elle portera les insignes interdits de son propre peuple, heureuse dêtre punie ou même battue pour cette cause. Elle est donc en petit limage fidèle des grands, souvent même avec une inspiration meilleure et mieux dirigée. Ainsi javais eu moi aussi loccasion de prendre part relativement jeune à la lutte entre les nationalités de la vieille Autriche. On quêta pour la Marche du Sud et pour la Ligue scolaire, et lesprit enthousiasmé par les bluets et les couleurs noir, rouge et or, nous poussions des Heil ; au lieu de lhymne impérial, nous entonnions, malgré avis et punitions, notre cher Deutschland über alles . Les jeunes étaient ainsi éduqués politiquement à une époque où les ressortissants dun Etat soi-disant natio nal ne connaissaient guère autre chose de leur race que leur langue. Il va sans di re que je ne fus jamais un tiède. Je devins bientôt un « National-Allemand » fanatique, ce qui était dailleur s assez différent du parti qui porte aujourdhui ce nom. Cette évolution fit chez moi de très rapides progrès et, dès quinze ans, jen étais arrivé à séparer patriotisme dynastique et nationalisme de race, avec une inclination très nette pour ce dernier. Celui qui na jamais pris la peine détudier la situat ion intérieure de la monarchie des Habsbourg, a, peine à comprendre une semblable préférence. Elle ne pouvai t naître dans cet Etat que de létude à lécole de lhistoire universelle, car y a-t-il vraiment une histoire particulière de lAutriche ? Le destin de cet Etat est lié à tel point à la vie et au développement de tout ce qui est allemand que lon ne peut imaginer une séparation de lhistoire en histoire allemande et hi stoire autrichienne. Quand lAllemagne commença à se diviser en deux puissances, cest lhistoire de lAllemagne qui se divisa. Les emblèmes conservés à Vienne de la grandeur im périale passée paraissaient plutôt agir par un prestige merveilleux que comme le gage dune communauté éternelle. Aux jours de lécroulement des Habsbourg, un appel in stinctif sélevait des Autrichiens allemands pour leur réunion à la terre maternelle. Cet appel unanime , qui traduisait le sentiment profond sommeillant au cœur de chacun, nest explicable que par léducation historique, source jamais tarie, qui même aux jours doubli, par delà le bien-être du moment, fait que la voix du passé parle tout bas dun nouvel avenir. Encore aujourdhui, lenseignement de lhistoire mondiale dans les écoles primaires supérieures est bien souvent mauvais. Peu de professeurs comprennent que le but de lenseignement de lhistoire nest pas dapprendre des dates et des faits ; quil est sans in térêt que lenfant sache exacte ment la date dune bataille ou de la naissance dun maréchal, ou du couronnement dun monarque. Là nest pas la question. Etudier lhistoire, cest rechercher les ca uses déterminantes des événements historiques. Lart de lire et détudier consiste en ceci : conserver lessentiel, oublier laccessoire. Hitler A. Mon Combat - 10 - Ma vie entière a peut-être été déterminée par le fait que jai eu un professeur dhistoire qui comprenait, comme bien peu de gens, lintérêt primordial à attribuer à ces considérations pour lenseignement et les examens : le Dr Leopold Poetsch, de la Realschule de Linz, personnifiait tout cela de manière idéale. Cétait un digne vieillard daspect résolu, mais plein de bonté. Sa verve ébloui ssante nous enchaînait et nous enlevait à la fois. Aujourdhui encore, je névoque pas sans émotion cet homme grisonnant, qui si souvent, dans le feu de son exposé, nous faisait oub lier le présent, nous transportait magiquement dans le passé et rendait une vivante réalité à quelque souv enir historique desséché quil dégageait des brumes des siècles. Nous demeurions assis, l esprit illuminé, émus jusquaux larmes. Plus heureusement encore, ce professeur savait no n seulement éclairer le passé par le présent, mais aussi tirer du passé des enseignements pour le prés ent. Mieux que personne, il expliquait les problèmes dactualité qui nous tenaient haletants. Il tirait de notr e petit fanatisme national des moyens déducation : il faisait souvent appel g notre sentiment national de l honneur pour ramener, plus vite que par tout autre moyen, lordre dans nos rangs. Un tel professeur fit de lhistoire mon étude favorite. Il est vrai quil fit aussi de moi, bien involontairement, un jeune révolutionnaire. Mais, qui aurait pu étudier lhistoire de lAllemagne avec un tel professeur sans devenir lennemi dune dynastie dont linfluence sur les destinées de la nation savérait aussi désastreuse ? Qui aurait pu rester fidèle sujet dune dynastie que le passé et le présent nous montraient trahissant toujours et toujours les intérêts allem ands pour dignobles profits personnels ? Jeunes gens, ne savions-nous pas déjà que lEtat autrichien navait, ne pouvait avoir pour nous, Allemands, aucun amour ? Ce qui se passait tous les jours ne pouvait que confirmer les enseignements de lhistoire sur laction des Habsbourg. Au nord et au sud, le poison étrange r dévorait le corps de notre peuple et Vienne même devenait une ville toujours moins allemande. « Lauguste maison dAutriche » faisait le jeu des Tchèques en toute occasion. Ce fut le poing de la déesse du dr oit éternel et de linexorable châtiment qui abattit lennemi le plus mortel de lAllemagne autrichienne, le grand-duc Franz Ferdinand. Il fut percé de balles quil avait aidé à fondre. Ne patronnait-il pas cependant cette slavisation de lAutriche qui se manifestait du haut vers le bas ? Les charges du peuple allemand étaient énormes, les sa crifices dargent et de sang quon lui demandait étaient inouïs, et les plus aveugles en voyaient l inutilité. Le plus douloureux pour nous était encore de constater que la politique des Habsbourg à notre égard était moralement couverte par leur alliance avec lAllemagne : ainsi celle-ci sanctionnait en quelque so rte la lente extermination du germanisme dans la vieille monarchie. En cherchant hypocritement à donne r à lextérieur limpression que lAutriche demeurait un Etat allemand, la maison impériale entre tenait contre elle des sentiments de révolte, de mépris et de haine. Seuls les dirigeants du Reich ne voyaient rien de tout cela. Comme frappés de cécité, ils cheminaient aux côtés dun cadavre et croyaient dé couvrir, dans les signes de décomposition, les marques dune résurrection. Cette malheureuse alliance du jeune Reich et de lillusoire Etat autrichien portait le germe de la guerre mondiale et de la débâcle. * Jaurai encore à traiter à fond ce problème su cours du livre ; quil me suffise de préciser que, dès ma première jeunesse, javais dégagé quelques idées essent ielles dans lesquelles, par la suite, je ne devais jamais cesser de maffermir, à savoir : Hitler A. Mon Combat - 11 - Que le salut du germanisme avait pour condition lanéantissement de lAutriche. Ensuite quil ny a aucun rapport entre le s entiment national et la fidélité à une dynastie. Et surtout que la Maison des Habsbourg ferait le malheur de la nation allemande. Dès cette époque, jétais arrivé en connaissance de cause aux sentiments suivants : ardent amour de ma patrie, lAutriche allemande, haine profonde de lEtat autrichien. * Par la suite, grâce à ces conceptions, que je devais à l’école, lhistoire universelle facilita toujours davantage ma compréhension de laction historique dans le présent, cest-à-dire de la politique : je naurai donc pas à lapprendre, cest elle qui devra minstruire. Déjà précocement révolutionnaire en politique, je ne tardai pas à le devenir aussi en matière dart. Le chef-lieu de la Haute-Autriche possédait alors un théâtre qui, somme toute, nétait pas mauvais. On y jouait assez souvent. A douze ans, jy entendis pour la première fois Guillaume Tell et, quelques mois plus tard, le premier opéra de ma vie, Lohengrin . Du premier coup, je fus conquis. Mon enthousiasme juvénile pour le maître de Bayreuth ne connut pas de lim ites. Toujours dès lors ses œuvres mattirèrent à nouveau, et cest une chance pour moi que ces modest es interprétations dans une petite ville de province maient laissé la possibilité den entendre plus tard de très supérieures. Mais tout cela - surtout après le douloureux passage de lâge ingrat - fortifia mon aversion profonde pour la carrière à laquelle mon père me destinait. De plus en plus, je me persuadai que je ne trouverais jamais le bonheur dans la peau dun fonctionnaire. Et mon aptitude au dessin, confirmée à la Realschule, mincitait à persévérer dans ma résolution. Prières et menaces ny purent plus rien changer. Je voulais devenir peintre et pour rien au monde fonctionnaire. Avec lâge, je mintéressais dailleurs de plus en plus à larchitecture. Je la tenais alors pour un complément naturel de lar t du peintre, et je me réjouissais intérieurement que le cadre de mon activité artistique fût ainsi élargi. Je ne me doutais nullement quun jour il en adviendrait tout autrement. * La question de mon métier devait être tranchée plus vite que je ne my attendais. Javais treize ans quand je perdis subitement mon pèr e. Une attaque dapoplexie le terrassa en pleine vigueur et termina sans souffrance sa carrière te rrestre, nous plongeant tous dans la plus profonde douleur. Son plus cher désir avait ét é daider son fils à faire sa carrière pour lui éviter les épreuves de ses propres débuts. Il dut voir quil ne I’avait pas réalisé. Mais, même très inconsciemment, il avait jeté en moi les germes dun avenir qu e nous ne soupçon ni ons ni lun ni lautre. En apparence rien ne changea dabord. Ma mère sestima obligée de poursuivre mon éducation selon le vœu du père, cest-à-dire en vue de la carrière de fonctionnaire. Jétais moi-même plus que ja mais décidé à ne le devenir sous aucun prétexte. Le programme et les méthodes de lécole primaire supérieure mintéressaient de moins en moins, à mesure quils séloignaient davantage de mon idéal . Une maladie de quelques semaines vint soudain résoudre la question de mon avenir et couper court à tous les conflits familiaux. Javais les poumons gravement atteints. Le docteur conseilla à ma mère de ne menfermer plus tard dans un bureau sous aucun prétexte et en particulier dinterrompre pendant un an au moins mes études à la Realschule. Hitler A. Mon Combat - 12 - Lobjet de mes désirs secrets, puis de mes luttes persé vérantes, se trouvait ainsi presque atteint dun seul coup. Encore sous le coup de ma maladie, ma mère maccorda de quitter la Realschule pour lAcadémie. Ce furent des jours heureux, qui me parurent pres que un rêve, et qui devaient dailleurs nêtre quun rêve. Deux ans plus tard, la mort de ma mère brisait brutalement ces beaux projets. Elle succomba à une longue et douloureuse maladie qui ne laissa dès le début quun bien faible espoir de guérison. Le coup me frappa cependant dune façon terribl e. Javais révéré mon père, mais javais aimé ma mère. Les dures réalités de lexistence mobligèrent à prendr e de rapides résolutions. Les maigres ressources de la famille avaient été à peu près épuisées par la grave maladie de ma mère ; la pension dorphelin qui métait allouée ne me suffisait pas pour vivre et il me fallait, de quelque manière que ce fût, gagner moi- même mon pain. Je partis pour Vienne avec une valise dhabits et de linge. Javais au cœur une volonté inébranlable. Mon père avait réussi, cinquante ans auparavant, à forcer son destin. Je ferais comme lui. Je deviendra is quelquun - mais pas un fonctionnaire ! 2 : Années détudes et de souffrances à Vienne Quand ma mère mourut, javais déjà eu quelque lumière sur mon avenir. Au cours de sa dernière maladie, jétais allé à Vienne subir lexamen dadmission à lAcadémie des beaux-arts. Muni dune épaisse liasse de dessins, je métais mis en route persuadé que je serais reçu en me jouant. Javais été de beaucoup le meilleur dess inateur de la Realschule, et depuis lors mes capacités sétaient extraordinairement développées, en sorte que, passablement satisfait de moi-même, javais excellent espoir. Un souci cependant : il me semblait que jétais enco re mieux doué pour le dessin que pour la peinture, surtout pour le dessin darchitecture. Et pareillement mon goût pour larchitecture elle-même croissait toujours. Cette évolution se précisa au cours dun sé jour de quinze jours que je fis à Vienne à lâge de seize ans à peine. Jétais allé étudier la Galerie de peinture du Hofmuseum, mais je neus dyeux que pour le bâtiment lui-même. Tous les jours, du matin à la nuit tombée, je courais dune curiosité à l`autre, mais cétaient surtout les édifices qui me captivaient. je demeurais des heures devant lOpéra, des heures devant le Parlement ; toute la Ringstrasse me parut un miracle des mille et une nuits. Jétais donc pour la deuxième fois dans cette belle ville et jattendais, brûlant dimpatience, mais plein dune orgueilleuse confiance dans le succès de mon ex amen dadmission. Jétais si persuadé du succès que lannonce de mon échec me frappa comme un coup de fo udre dans un ciel clair. Il fallut pourtant bien y croire. Lorsque je me fis présenter au recteur et qu e je sollicitai lexplication de ma non-admission à la section de peinture de lAcadémie, il massura que les dessins que javais présentés révélaient indiscutablement mon manque de dispositions pour la peinture, mais laissaient apparaître par contre des possibilités dans le domaine de larchitecture. Il ne pouvait être question pour moi de la section de peinture de lAcadémie, mais seulement de la secti on darchitecture. On ne pouvait de prime abord admettre que je naie jamais encore fréquenté une telle école, ni reçu denseignement correspondant. Je quittai tout abattu le Palais Hansen sur la Schiller Platz, doutant de moi-même pour la première fois de ma vie. Car ce que je venais dentendre dire de mes dispositions me révélait dun seul coup, comme un éclair subit, une discordance dont je souffrais déjà depuis longtemps sans pouvoir me rendre compte exactement de sa nature et de ses causes. Hitler A. Mon Combat - 13 - Alors, en quelques jours, je me vis architecte. En vérité, la route était pleine de difficultés, car ce que javais négligé jusquici par défi à la Realschule allait se venger amèrement. Avant les cours de lécole darchitecture de lAcadémie, il fallait suivre ceux du cours technique de construction et ladmission à ce dernier nécessitait des études complètes à une école primaire supérieure. Tout ceci me manquait complètement. Il semblait donc bien que laccomplissement de mon rêve fût impossible. Lorsque, après la mort de ma mère, je revins à Vienne pour la troisième fois - cette fois pour plusieurs années javais retrouvé du calme et de la décision. Ma fierté métait revenue et je métais désigné définitivement le but à atteindre. Je voulais devenir architecte et les difficultés rencontrées étaient de celles que lon brise et non pas de celles devant lesq uelles on capitule. Et je voulais les briser, ayant toujours devant mes yeux limage de mon père, modeste ouvrier cordonnier de village, devenu fonctionnaire. Ma base de départ était meilleure et le combat dautant plus aisé ; dans ce qui me parut alors une dureté du destin, je vois aujourdhui la sage sse de la Providence. La déesse de la nécessité me prit dans ses bras et menaça souvent de me briser : ma volonté grandit ainsi avec lobstacle et finalement triompha. Je remercie cette époque de mavoir rendu dur et capable dêtre dur. Plus encore, je lui suis reconnaissant de mavoir détaché du néant de la vie faci le, davoir extrait dun nid délicat un enfant trop choyé, de lui avoir donné le souci pour nouvelle mère, de lavoir jeté malgré lui dans le monde de la misère et de lindigence et de lui avoir ainsi fait conna ître ceux pour lesquels il deva it plus tard combattre. * Cest à cette époque que mes yeux souvrirent à deux dangers que je connaissais à peine de nom et dont je ne soupçonnais nullement leffrayante portée pour lexistence du peuple allemand : le marxisme et le judaïsme. Vienne, dont le nom évoque pour tant de gens gaieté et insouciance, lieu de fêtes dheureux mortels, nest hélas pour moi que le souvenir vivant de la plus triste période de mon existence. Aujourdhui encore, son nom néveille en moi que le so uvenir pénible de cinq années de détresse. Cinq années pendant lesquelles je dus, comme manœuvre dabord, ensuite comme petit peintre, gagner ma subsistance, maigre subsistance, qui ne pouvait même pas apaiser ma faim chronique. Car la faim était alors le gardien fidèle qui ne mabandonna jamais, la compagne qui partagea tout avec moi. Chaque livre que jachetai eut sa participation ; une représentation à lOpéra me valait sa compagnie le jour suivant ; cétait une bataille continuelle avec mon amie impi toyable. Jai appris cependant alors comme jamais avant. Hors mon architecture, hors les rares visites à l Opéra, fruit de mes jeûnes, je navais dautre joie que des livres toujours plus nombreux. Je lisais alors énormément et à fond ; ce qui me rest ait de temps libre après mon travail était consacré exclusivement à létude. En quelques années, je me constituai ainsi des connaissances qui me servent aujourdhui encore. Jajouterai que cest à cette époque que prirent forme en moi les vues et les théories générales qui devinrent la base inébranlable de mon action dalors. Depuis jai eu peu de choses à y ajouter, rien à y changer. Au contraire. Je suis aujourdhui fermement convaincu que cest en général dans la jeunesse quapparaît chez lhomme lessentiel de ses pensées créatrices. Je distingue en tre la sagesse du vieillard qui comporte une plus grande profondeur et une prévoyance résultant de lex périence dune longue vie, et le génie créateur de la jeunesse qui, avec une fécondité inépuisable, répand des pensées et des idées sans pouvoir immédiatement les mettre en valeur par suite de leur abondance même. Elle fournit les matériaux et les Hitler A. Mon Combat - 14 - plans davenir où puisera lâge mûr, dans la mesure où la prétendue sagesse des années naura pas étouffé le génie de la jeunesse * La vie que javais menée jusqualors à la maison était sensiblement celle de tous les jeunes gens de mon âge : jignorais le souci du lendemain et il ny avait pas pour moi de problème social. Lentourage de ma jeunesse se composait de petits bourgeois, cest-à-dire dun monde ayant fort peu de relations avec celui des véritables travailleurs ma nuels. Car, si étonnant que cela puisse paraître à première vue, le fossé qui sépare cette classe économiquement peu favorisée de celle des travailleurs manuels est souvent plus profond quon ne le pense. Il y a presque inimitié - et la raison en est que des gens qui se sont élevés de fraîche date au-dessu s du niveau des travailleurs manuels, redoutent de retomber dans un ancien milieu quils méprisent un peu, ou tout au moins de paraître encore en faire partie. Ajoutez à cela tout ce quil y a de repoussant dans le souvenir de la grossièreté des relations avec ces basses classes, et de leur absence de toute cu lture : pour les gens de condition même modeste qui ont une fois dépassé ce niveau social, cest une oblig ation insupportable que dy retomber pour quelques instants. On constate également que, souvent, les gens dun niveau social élevé descendent vers les plus humbles de leurs concitoyens, avec moins de prévention que les parvenus. Jappelle parvenu quiconque sest élevé par ses prop res moyens dune situation donnée à une situation supérieure. A celui-là, lâpre combat quil a livré fait perdre bi en souvent toute sensibilité et toute pitié pour les malheureux qui sont demeurés en arrière. A ce point de vue mon destin me favorisa. Obligé de revenir dans le monde de misère et dinsécurité matérielle que mon père avait déjà connu, je perdis les œillères de ma trop étroite éducation de petit bourgeois. Jappris alors à connaître les hommes et à distinguer entre une apparence creuse ou bien un dehors brutal, et leur véritable nature. Au début du siècle, Vienne était déjà une ville pleine diniquités sociales. La richesse et lindigence y voisinaient sans transition . Dans le centre et dans les quartiers avoisinants, on sentait battre le pouls dun Empire de cinquante-deux millions dhabitants, paré de tout le charme de ses nationalités multiples. Une Cour magnifique atti rait à elle comme un aimant la richesse et lintelligence du reste de lEtat. Ajoutez à cela les effe ts de la centralisation systématique de la monarchie des Habsbourg. Cette centralisation simposait pour maintenir solidem ent liés des peuples si dissemblables ; mais elle avait pour conséquence une concentra tion extraordinaire des hautes et encore plus hautes autorités dans la capitale de lEmpire et résidence de lempereur. Vienne nétait pas seulement le centre politique et in tellectuel de la vieille monarchie danubienne, mais aussi le centre économique du pays. A larmée des militaires de haut rang, des fonctionnaires, des artistes et des intellectuels, sopposait larmée encore plus nombreuse des travailleurs. Face à la richesse de laristocratie et du commerce sétalait la plus co mplète indigence. Devant les palais de la Ringstrasse traînaient des milliers de chômeurs, et au-dessous de cette via triumphalis de lancienne Autriche, dans lobscurité et la boue de ses égouts, gîtaient les sans logis. Dans aucune ville allemande la question sociale ne pouvait mieux sétudier quà Vienne ; mais quon ne sillusionne pas. Cette étude ne peut pas avoir lieu den haut. Quiconque ne sest pas trouvé réduit lui- même à une semblable misère ne la connaîtra jamais. Dans tout autre cas, il ny aura chez lui que bavardage superficiel ou sentimentalité mensongère : les deux également nuisibles et nallant pas au cœur du problème. Je ne sais le plus néfaste, de lindifférence dont fait preuve chaque jour la majorité des favorisés du sort et même des parvenus vis-à-vis des misères sociales, ou bien de la, Hitler A. Mon Combat - 15 - condescendance arrogante et souvent dénuée de tact, mais toujours si pleine de grâce, de certaines élégantes qui se piquent « daller au peuple n. Ces gen s se trompent dautant plus, quavec leur esprit dénué dinstinct, ils se bornent à essayer de comprendr e en gros. Ils sétonnent ensuite que les opinions quils professent naient aucun succès ou quelles so ient repoussées avec indignation ; on y voit volontiers une preuve de lingratitude du peuple. Cela nest pas vérité bien agréable pour ce genre de cervelles quune activité sociale nait rien à faire avec tout cela, surtout quelle ne puisse préten dre à aucune reconnaissance, étant donné quelle na pas à distribuer des faveurs, mais à rétablir des droits. Je ne fus pas exposé à étudier de cette façon-là la question sociale. En menrôlant dans son armée maudite, la misère parut bien moins minviter à « létudier » de près quelle ne me prit moi-même pour sujet. Ce nest pas à elle que revint le mé rite que le cobaye ait survécu à lopération. * Quand je cherche aujourdhui à rassembler mes impr essions de cette époque, je ny puis parvenir tout à fait. Les plus essentielles, souvent celles qui me mettaient en cause de plus près, ont seules survécu dans mon esprit. Ce sont elles que lon trouvera ici, avec les enseignements que jen ai retirés alors. * Il ne me fut jamais très difficile de trouver du trav ail, puisque ce nétait pas comme ouvrier spécialisé, mais comme manœuvre ou travailleur aux iliaire, que je cherchais à gagner mon pain. Je me trouvais ainsi dans la même situation que ceux qui secouaient de leurs p eds la poussière de lEurope avec le dessein impitoyable de refaire leur existence dans un monde nouveau et de conquérir une nouvelle patrie. Détachés de toutes les considérations paralysantes de devoir et de rang, dent ourage et de tradition, ils saisissent chaque gain qui soffre et font toutes les besognes, pénét rés de lidée quun travail honorable nabaisse jamais, quel quil soit. Javais de même décidé de sauter à pieds joints dans ce monde nouveau pour moi pour y faire mon chemin. Je maperçus bientôt quil était moins difficile de trouver un travail quelconque que de le conserver. Linsécurité du pain quotidien mapparut comme un de s côtés les plus sombres de cette vie nouvelle. Je sais bien que le travailleur spécialisé nest pas mi s sur le pavé, aussi fréquemment que le manœuvre : il ne peut cependant compter sur aucune certitude. S il risque moins la famine par manque de travail, il lui reste à redouter le lock out ou la grève. Linsécurité des salaires quotidiens est une des plus graves plaies de léconomie sociale. Le jeune cultivateur va à la ville, attiré par un travail quon lui dit plus facile - qui lest peut-être réellement - et dont la durée est plus courte. Il est surtout tenté par la lumière éblouissante qui ne rayonne que dans les grandes villes. Habitué à une certaine sécurité de gain, il a coutume de ne quitter son ancienne place que lorsquil en a au moins une nouvelle en vue. Enfin, le manque de travailleurs agricoles est si grand quà la campagne un long chômage est invraisemblable. Cest une erreur de croire a priori que le jeune garçon qui se rend à la ville est taillé dans un plus m auvais bois que celui qui continue à travailler la terre. Au contraire : lexpérience montre que ce sont les na tures les plus saines et les plus vigoureuses qui émigrent le plus volontiers. Par émigrant, je nentends pas seulement celui qui part pour lAmérique, mais aussi le jeune valet qui se décide à quitter le village natal pour aller à la grande ville inconnue. Lui aussi est prêt à courir les chances dun destin incertain. Le plus souvent, il vient à la ville avec un peu dargent et ne se décourage pas dès les premiers jours si le malheur veut quil ne trouve pas immédiatement du travail. Mais si la place trouvée se trouve perdue au bout de peu de temps, cest plus grave ; en trouver une nouvelle est, surtout en hiver, très difficile sin on impossible. Cela va encor e les premières semaines. Il reçoit lindemnité de chômage des caisses de son syndicat et se débr ouille tant bien que mal. Hitler A. Mon Combat - 16 - Cependant, une fois le dernier denier et le dernier pfennig dépensés, quand la caisse de chômage, à la longue, cesse de payer le secours, la grande misère arrive. Il traîne maintenant çà et là, affamé ; il vend ou met en gage ce qui lui reste ; il arrive ainsi, dans son costume et dans ses fréquentations, à une déchéance complète du corps et de lesprit. Quil nait plus maintenant de logement et que cela arrive en hiver, comme cest souvent le cas, sa détresse est co mplète. Il trouve enfin quelque travail. Mais lhistoire recommence. Une seconde fois, ce sera pareil. Une troisième fois, ce sera pire, jusquà ce quil apprenne peu à peu à supporter avec indifférence cette destinée éternellement incertaine. La répétition a créé lhabitude. Ainsi, lhomme jadis laborieux se relâche en toutes choses jusquà devenir un simple instrument aux mains de gens qui ne poursuivent que dignobles prof its. Son chômage lui était si peu imputable à tort que, dun seul coup, il lui est tout à fait égal de combattre pour des revendications économiques ou danéantir les valeurs de lEtat, de la société ou de la civilisation. Il devient gr éviste sinon avec joie, du moins avec indifférence. Jai pu suivre ce processus sur de s milliers dexemples. Et plus jen observais, plus vive était ma réprobation contre ces villes de plusieurs millions dh abitants, qui attirent si avide ment les hommes pour les broyer ensuite de façon si effroyable. A leur arrivée, ils appartenaient encore à leur peuple ; sils restent, ils sont perdus pour lui. Jai roulé, moi aussi, sur les pavés de la grande vill e ; jai éprouvé tous les coups de sort et jai pu en juger les effets. Autre chose : de fréquentes alternances de travail et de chômage, en même temps quelles rendent irrégulières les recettes et les dépenses nécessaires à lexistence, détruisent à la longue chez la plupart des ouvriers tout s entiment déconomie et tout sens d organisation de leur vie quotidienne. Visiblement, le corps shabitue peu à peu à labondance dans les bonnes périodes et à la faim dans les mauvaises. Oui, la faim supprime tout projet dune organisation meilleure â réaliser aux époques où le gain sera plus facile. Elle fait danser devant celu i quelle torture, en un persistant mirage, les images dune « bonne vie » facile ; elle donne à ce rêve une telle attirance quil devient un désir maladif quil faudra satisfaire à tout prix, dès que la paie le permettra tant soit peu. Lhomme qui vient à peine de trouver du travail, perd alors tout bon sens et toute mesure, et se lance dans une vie large au jour le jour. Au lieu de régler intelligemment son petit train de vi e pour toute la semaine, il le bouleverse de fond en comble. Son gain dure, au début, cinq jours sur sept, plus tard trois seulement, plus tard encore un seul jour ; finalement, il senvole en une nuit de fête. Et à la maison, il y a souvent femme et enfants. Il ar rive queux aussi sont gagnés par ce genre de vie, surtout quand le mari est bon pour eux, cest-à-dire les aime à sa façon. La paie de la semaine est gaspillée en commun à la mai son ; elle dure deux ou trois jours : on boit, on mange tant quil y a de largent ; puis on souffre de la faim en commun. Alors la femme se glisse dans le voisinage, achète un peu à crédit, fait de petites dettes chez les boutiquiers et cherche ainsi à tenir les derniers mauvais jours de la semaine. A midi, tout le monde sassied devant une maigre pitance - trop heureux quil y ait quelque chose - et on attend le jour de la paie. On en parle . On fait des plans et, le ventre vide, on rêve du bonheur qui va revenir. Dès leur tendre jeunesse, les enfants se familiarisent avec cette misère. Mais cela finit mal, lorsque lhomme tire de son côté dès le début de la semaine et que la femme entre en conflit avec lui pour les enfants même. Les querelles commencent, et, à mesure que lhomme se détache de sa femme, il se rapproche de lalcool. Chaque samedi il senivre ; luttant pour elle et pour ses enfants, la femme lui arrache quelques sous, le plus souvent en le poursuivant sur le chemin de lusine à la taverne. Quand la nuit le ramène enfin à la maison, le dimanche ou le lundi, ivre et brutal, mais les poches vides, des scènes pitoyables se déroulent... J’ai assisté cent fois à des histoires semblables. Host ile et révolté au début, jai fini par comprendre le côté tragique de ces douloureux épisodes et leur c ause profonde. Jai plaint les malheureuses victimes dun milieu mauvais.
Posted on: Wed, 20 Nov 2013 18:38:48 +0000

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