Je m’intéresse au dessin depuis ma plus tendre enfance. Mes - TopicsExpress



          

Je m’intéresse au dessin depuis ma plus tendre enfance. Mes premiers souvenirs datent de peu avant la troisième maternelle, qui fut la seule année d’école maternelle que je fis – et je ne m’en plains pas, bien au contraire. La douceur et la liberté non-directive du « jardin d’enfance» à domicile me parait sans égal. Au vrai, le premier jour d’école, j’étais triste et timide et je dus ma joie à un certain Kongolo Mbuyamba, mon premier camarade. A la maison, je vivais dans un confort «amniotique» auprès de ma mère – même si je ne me collais pas toujours près d’elle. J’avais mes jeux. A part dessiner au sol avec du charbon de bois, imitant le portait de Mobutu – souvenir que je me rappelle – ou tel portrait de peinture fait par mon père et accrochée dans le salon, je vécu mon enfance par procuration, accompagnant mes frères au foot, non loin de la maison, sur un espace plus ou moins vert et chemin de traverse où le passage continu des domestiques et autres étrangers au quartier sinon celui des enfants se promenant de concession en concession avait creusé un sentier de poussière qui faisait cahoter le ballon de chiffon. Nous passions le plus clair de notre temps, lorsque nous étions en vacances, dans une colonie à quelques pas de chez nous ; à seize heures voire dix-huit heures nous devions être de retour, la silhouette auréolée de la poussière rouge de la latérite. Mes frères ayant appris à faire leur jouets tout seul, savaient fabriquer des fusils avec des roseaux, des chapeaux et des bottes en cartons, des trompettes avec des bouteilles de plastique coupés en deux et dont la partie en forme d’entonnoir recouverte d’une membrane en sachet de plastique était emboitée à un récipient vide de glycérine dans laquelle ils soufflaient. Plusieurs trompettes de ce genre produisaient une vraie musique de fanfare. (...) ...J’abordais mes quatorze ans, je savais me servir de ce qui était resté d’un vieux Larousse où je puisai mes premières connaissances en histoire de l’art. Vite, je quittais le paysage pour le portrait, mon père étant portraitiste, et aussi parce que les gens aiment à être représentés. A dix-sept ans je fréquentais une bibliothèque salésienne où je fis la connaissance des œuvres de Rubens, Titien et Michel-Ange, mais aussi celles des artistes de l’Avant-garde au début du siècle dernier. A l’issue de la réalisation du portrait du père d’un de nos voisins il me fut remis la rondelette somme de Cinq dollars – une fortune pour moi à l’époque – que je me précipitai à dépenser (chez des bouquinistes qui vendaient les vestiges du Centre culturel Français pillé au début des années 90) dans l’achat de la première biographie artistique proprement-dite que j’ai lue, celle du peintre italien Modigliani. Ce livre de Jean Paul Crespel m’ouvrit les yeux sur ce fait qu’une biographie artistique ouvre des portes sur une époque et des artistes dont les profils ne sont qu’ébauchés. Bientôt j’eus envi d’en savoir plus sur l’histoire de l’art. Je lisais avec avidité tout ce que je pouvais comprendre ou qui me paraissait de quelqu’intérêt chez Elie Faure (ces différents tomes sur l’histoire de l’art), André Malraux, Florent Fels, en même temps que je me passionnais pour les mots : l’étymologie, la poésie, et de proche en proche, les romans. Mais mes premières amours pour la narration s’attachèrent à la nouvelle : Alphonse Daudet, Edgar Poe, Guy de Maupassant. Plus tard que je commençai d’écrire c’est vers ce genre que je me dirigeai instinctivement. Dès que je pus lire les textes d’histoire de l’art, ma passion pour le portrait perdit pied et fut remplacée par celle de tableaux de maitres, que j’interprétais au pastel. Ce fut aussi l’époque de mes premières natures mortes. A la bibliothèque de l’Alliance Française de Lubumbashi (ville où je vis le jour) je découvrai quelque livres qui marquèrent fortement mon esprit : L’Art africain Ecrit par Kerchache, Paudrat et Stephan et qui présentait dans une langue belle et savante ce que l’art nègre avait apporté à l’humanité; Black Ladies, un album de photos de Omer Uwe représentant de belles femmes noires et nues – ou presque - accompagnées de poèmes de Léopold S. Senghor et une anthologie des peintres et sculpteur zaïrois modernes. C’est là que je découvris pour la première fois le travail des artistes de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Ceci eut pour effet qu’il soutint mes efforts pour forger un style personnel. C’est tout naturellement vers les personnages que j’orientai mon travail au vu de mon intérêt grandissant pour la sculpture, principalement la statuaire, auquel je m’étais consacré des mois entiers pour comprendre les problèmes de représentation volumétrique. Dans ce domaine, il est clair que mes cours de géométrie descriptive m’étaient une base inestimable même si je ne comprenais pas clairement comment s’opérait leur intervention dans mon travail de création.
Posted on: Tue, 17 Sep 2013 19:45:02 +0000

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