J’AI VOTÉ, MAIS DANS QUELLES CONDITIONS! CE QUE J’AI VU ET CE QUE JE PROPOSE. J’habite à 200 mètres du Lycée Massan Makan Diabaté, Bacodjicoroni, qui a été sélectionné comme centre de votes. J’ai donc pensé que je voterai dans ce Lycée. La veille du scrutin, j’ai rejeté l’idée d’obtenir par SMS les informations relatives mon centre et mon B.V. contre 10F ou 20F. Une décision que j’allais regretter plus tard. Le Dimanche 28 juillet 2013 j’étais au Lycée MMD à 7h45. Les B.V. étaient ouverts et les rangs des électeurs s’allongeaient. J’ai compris mon erreur quand j’ai essayé de retrouver mon nom sur une première liste. J’ai aussitôt composé un message sur Malitel. Par la suite, j’ai appris que cette messagerie avait pris fin la veille. Pourtant, c’est le jour J et je ne connais ni mon centre ni mon B.V. Moi qui avais annoncé sur Internet et ailleurs pour qui j’allais voter et pourquoi. (Sur Facebook : voir l’article ci-dessous). J’ai commencé à avoir froid dans le dos devant la perspective que je ne puisse pas voter. La logique et l’intuition ont guidé mes pas vers le centre où j’ai retiré ma carte NINA : l’Ecole Fondamentale de Bacodjicoroni 2e Cycle, à une ou deux rues de la Station Petro Nientao en allant vers Sabalibougou. A l’entrée, j’ai eu la surprise de voir un groupe de jeunes qui offraient le service gratuit d’obtenir par SMS les Centres et les numéros de B.V. pour les électeurs qui ne connaissaient pas leurs B.V. Une situation que je n’ai pas appréciée du tout compte tenu du potentiel de fraude. J’ai donc demandé aux jeunes d’arrêter immédiatement, et à ceux qui attendaient d’être servis j’ai demandé de se faire assister par d’autres électeurs et de rentrer sans voter si cette tentative échouait plus plutôt que d’offrir la possibilité d’une utilisation malveillante de leurs cartes NINA dont les numéros se retrouveraient dans le téléphone d’un inconnu. J’ai ensuite alerté les forces de sécurité qui ont aussitôt dispersé cette foule. Devant le tollé général Malitel a fini par réactiver sa messagerie «Elections» avant la fin de la matinée. Entretemps j’avais retrouvé ma photo avec les renseignements que contient le RAVEC. J’ai rapidement identifié mon bureau de vote, B.V. 019, et je me suis mis en rang. Pour faire gagner du temps à d’autres membres de ma famille, j’ai confié ma place à mon suivant immédiat pour aller chercher les noms. Environ 45 minutes plus tard c’était mon tour de voter. Surprise ! mon nom n’était pas sur la liste du B.V 019. Dans la hâte, je n’avais pas lu l’avant-dernière ligne qui, dans mon cas, était plus importante que la dernière qui identifiait le numéro du B.V. Au fait, ce centre me renvoyait à un autre : le Sacré-Cœur de l’ACI Bacodji. Vers midi j’arrive au Sacré-Cœur. Au Block Est, du bureau No. 1 au rez-de-chaussée, je monte au 2e puis au 3e niveau qui finit par le B.V. No. 018. Je vais donc au Block Ouest à l’étage où les derniers bureaux de votes commencent par le No. 20. Mais où se trouve le bureau 19 ? Je voulais rebrousser chemin, mais, intuitivement, j’ai continué à compter : B.V. Nos. 20, 21, 22, 23 et enfin le B.V. 019. Ce fut un grand soulagement, malgré la fatigue et le jeun. J’ai voté et je suis retourné à la maison vers 14 heures. La fatigue et le poids du jeun ont fait place à un soulagement général d’avoir réussi mon pari. Sans le vouloir, j’ai été observateur dans trois centres de votes. On l’a dit et je le confirme, les Maliennes et les Maliens de tous les âges autorisés ont décidé de voter. Ils ont eu des difficultés, ils ont insisté et ils ont pris des risques, mais ils ont voté. C’était une autre fête et les taquineries de cousinage étaient présentes pour battre la mesure et tuer le temps. Ces élections constituent un précédent et la participation aurait été plus massive si certains n’étaient pas rentrés à la maison à jeun, dans la frustration et la mort dans l’âme pour n’avoir pu voter. De cette aventure je retiens ceci : 1. La proximité : ne pas demander à quelqu’un qui se trouve à 200 mètres d’un centre de votes d’aller voter à des kilomètres de chez lui 2. Chaque centre devra avoir la liste globale de tous les électeurs de ce centre et le numéro de leur Bureau de Vote. Les listes devront être disponibles au niveau de tous les centres au moins une semaine avant le scrutin. 3. Et si je ne savais pas lire ? Les organisateurs doivent retenir à tout moment et à toutes les étapes du scrutin qu’ils ont à faire avec un électorat dont près de 80% sont analphabètes. 4. Eliminer le SMS, même gratuit, comme moyens pour les électeurs de connaitre leurs centres et Bureaux de votes. Conclusion : Bien qu’on nous ait dit et répété que c’est la FranceAfrique qui est le faiseur de Présidents en Afrique, le peuple malien est convaincu aujourd’hui que c’est son bulletin de vote qui décide de celui qui présidera à sa destinée pour les 5 ans années à venir. Cela est d’autant plus important que ces élections surviennent dans des conditions qui lui sont particulièrement défavorables: une classe dirigeante et des politiciens qui se soucient peu de son devenir et une intervention étrangère qui a peu de considération pour sa souveraineté et sa dignité. Cependant, ne nous trompons pas de motivation. Il s’agit bien d’un sursaut national qui suit une longue période de patience et de tolérance dans la douleur, comme le peuple malien en a l’habitude et non une convergence pour sauver une quelconque démocratie qui n’existait d’ailleurs pas au Mali à la veille du coup d’état du 22 Mars, 2012. Enfin, si cette conviction du peuple malien se confirme et se consolide, le Mali fera dans un future proche des records en matière d’élections locales et nationales en Afrique et au-delà. Que Dieu Sauve Le Mali, Envers et Contre Tous ! Facebook : Makéu Traoré
Posted on: Tue, 06 Aug 2013 10:18:02 +0000
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