J’ai pris un coup de lune à force de veiller la naissance de - TopicsExpress



          

J’ai pris un coup de lune à force de veiller la naissance de l’aube Les criquets scient le calme de leur voix de fer-blanc Un saxophone joue dans ma tête un air ancien et les écailles de la mémoire s’emboîtent et se rassemblent Nous sommes les Araignées du soir et nous tissons l’espoir avec le bleu du ciel et le suc de nos mots Sur les rayons de l’aube nous secrétons un fil incassable et ténu bleuté comme l’acier car passé est le temps où nous filions la peur Nous sommes les Araignées du soir dévidant notre folle flamme Le feu longtemps a hésité sur l’humidité des brindilles et longtemps en solo ont joué les ruisseaux leur partie d’affluents mais nous sommes arrivés à cette époque d’avant la ponte où les sources fatiguées d’enfanter des galets rêvent d’herbes aromatiques et de poissons zébrés dargent ! Voici que dans cette heure qui n’appartient plus à la nuit chaque cellule de ma terre bouge de vie nouvelle et sur les grands chemins menant au cœur les hommes de mon pays les poings durcis les pieds lavés et les filles d’eau pure aux yeux couleur de poudre de cannelle d’une démarche lente et lourde montent vers le mapou s’assembler pour la veillée commune Accourez jeunes gens c’est le temps de la flamme plus haute et verticale ! Nos gestes ne sont plus d’emprunt les plus belles paroles nous appartiennent désormais car les mots délavés ont repris leur couleur La terre n’est plus molle où s’enfonçaient nos pas et la croûte durcie crisse sa joie de rythmer notre marche Nous sommes les Araignées du soir tissant la vie nouvelle le cœur allumé aux dernières étoiles et dans le matin neuf notre baguette de sourcier montre la nappe souterraine Anthony phelps, J’ai pris un coup de lune..., Mon pays que voici, Montréal, Mémoire d’encrier, 2007 [1968]. coup-de-lune#sthash.qyZldXG8.dpuf
Posted on: Wed, 30 Oct 2013 08:36:03 +0000

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