Kasimir Malévitch 1878-1935 Suprématisme (1916) Le degré - TopicsExpress



          

Kasimir Malévitch 1878-1935 Suprématisme (1916) Le degré zéro de la peinture Suprématisme fait partie d’une série de tableaux de même natures créées entre 1915 et 1918. C’est une période où Malévitch est en pleine possession de son art et où il porte sa conception de la peinture à sa limite : d’abord en exposant en 1915 un Carré noir sur fond blanc, appelé Quadrilatère et connu dupuis sous le nom de carré noir ; et ensuite en peignant, en 1918, un Carré blanc sur fond blanc. Le Carré noir fit un véritable scandale, et le peintre fut taxé de fossoyeur de ce qui existe de sacré en art. Il s’agiyt néanmoins d’un moment crucial de l’art novateur et qui poursuivra les arts plastiques jusqu’à aujourd’hui. Car, en effet, après ce « point zéro », que faire, comment aller au-delà de cet effacement de la peinture dans la peinture ? Malévitch a refait le chemin de ses prédécesseurs, comme s’il fallait, pour quele peintre puisse aller au-delà, épuiser et digérer leur expérience. Et comme tout artiste marquant, c’est-à-dire qui a l’intuition d’un autre langage possible ; il trouvera sa zone inexplorée. Certes, dans cette mouvance où tout se réinvente très vite, les nouvelles formes prolifèrent. Mais un commun dénominateur du sujet, du modèle, voire dans le cas de l’abstraction – qui s’épanouira plus tard – sa disparition ; cela au profit de l’architecture interne du tableau. Et le cubisme est à ce moment-là, sur un plan plastique, le noyau rationnel de cette recherche. Malévitch lui trouve une portée fondamentale et il est notamment attentif aux tableaux de Fernant Léger Moisson de seigle, que Malévitch peint en 1912, un tableau organisé par des plans et des volumes massifs à reflets métalliques, est proche de certaines toiles du peintre français. « Le cubisme, disait-il, bâtit ses tableaux à partir de formes, de lignes et de textures picturales variées. » et confronte « la diversité des formes à l’intérieur du tableau. » C’est cet aspect qui va directement le capter ; ainsi pense-t-il que le cubisme « … constitue le chemin le plus brillant du mouvement », et mêm qu’avec lui « l’évolution de la civilisation picturale a atteint au juste système », libérant le peintre de l’imitation servile de la nature ; mais il lui reproche ses vases « purement formelles » ; sans dimension spirituelle. Malévitch a toujours daté la naissance deu « suprématisme » de 1913, même si son Carré noir fait apparition en 1915. Ce qui signifie qu’entree l’idée d’un tableau qui se serait plus que ce ccarré et sa réalisation, ou celle des tableaux plus complexes, il s’est écoulé deux ans. Deux années durant lesquelles mûrit chez le peintre l’idée d’une peinture pure, « non objective », qui quitterait la représentation d’objet pour ne jouer qu’avec ce qu’il appellle des « surfa ces-plans ». Mais, comme pour Kandinsky, c’est encore une époque où il ne va pas totalement de soi qu’on puisse se passer des figures du monde extérieur. Malévitch fera jusque-là des tableaux « alogiques’, comme Vache et violon, ou Eclypse partielle avec Mona Lisa (alogique voulang dire : confrontant des objets associés avec des formes abstraites). C’est là une démarche quelque peu bâtarde et donc transitoire ; Malévitch s’approchait peu à peu de quelque chose qui allait être révélateur, mais il n’était pas encore temps. Me voici arrivé aux formes spures des couleurs. Le suprématisme est l’art des couleurs purement picturales, et son autonomie n’autorise pas la réduction des couleurs à une seule. La course de chevaux peut être reproduite avec un crayon d’une seule teinte. Mais le crayon ne peut rendre le mouvement des masses rouges, jaunes ou bleues. S’ils veulent être des peintres purs, des artistes doivent abandonner les sujets et les objets. » Ils oeuvrent ainsi à des formes inédite, mais qui, comme on l’a bien vu avec Van Gogh, ne sont pas comprises. Il faut donc que tout à la fois ils pensent à une nouvelle signification de leur créateur, et qu’ils s’expliquent théoriquement. Dans cet ordre de choses. Malévitch est au premier rang ; il a en commun avec tous les courants d’avant-garde la recherche d’une vérité spirituelle, comme les symbolistes, etl’intuition d’une ère nouvelle, comme les futuriste. Mais il déploie une philosophie personnelle de la mission de l’art ; la nécessité d’une « peinture pure », c’est-à-dire abstraite, se fait jour très radicalement chez lui, à partir d’une certaine conception du monde. En quelquees mots : Malévitch se réfère à la philosophie sumpoliste d’Ouspensky qui préconise une révolution de l’esprit. Pour ce dernier, la réalité nest pas connaissable, comme le prétend notre science moderne. Il ne croit pas à l’observation des faits qu’une analyse pourrait ramener à un système déterminé. Pour lui, il existe une autre logique, qui ressortit à une forme supérieure de la connaissance, et celle-ci relève de notre seul vécu, c’est-à-dire de notre conscience qui serait la seule réalité. En ce sens, l’homme a le pouvoir d’être une sorte de surhomme, car son intuition peut ainsi se rendre maître de l’univers, donc de l’espace et du temps. A partir de cette philosophie, l’homme s’assume lui-même, mais il est cependant en relation avec Dieu – qui n’est pas dans la pensée de Malévitch un être supérieru, mais une sorte de puissance de l’univers poussant l’homme à s’accomplir toujours davantage. Ainsi l’homme ne pourra jamais rien prouver, mais il pourra s’efforcer de trouver le point pmystique de sa perfection. Cette philosophie sera le moteur de la création artistique de Malévitch. Mais comment donc peut se faire la correspondance entre une telle philosophie et la peinture de Malévitch, noramment à son moment extrême du Carré noir ? Tout d’abord, pour lui ne compte plus qu’une réalité, celle de la vie intérieure, spirituelle, du concept, dont l’équivalent en peinture sera la « peinture pure », débarrassée des encombrements de la réalité extérieure ; la peinture doit être totalement autonome, en relation directe avec l’univers, sans passer par les figures du monde. Ensuite de quoi la création artistique doit s’ouvrir à la connaissance illimitée de l’infini, donc du néant, ou du « rien ». Il existe dans le mystique occidentale et orientale une fascination pour le Rien, pour l’apesanteur intellectuelle, avant qu’il y ait quelque chose comme destinée. Il y a pour Malévitch comme un vide attirant de l’être, une sorte de point zéro qu’il faut dévoiler et présenter,, il faut ainsi libérer de Rien ; non pas simplement au titre de sa quête, ais parce que le Rien est source de vie ; à partir de lui tout peut renaître. Et cela est étroitement lié à cette intuition futuriste selon laquelle, en ce début de siècle, un monde est en train de s’écrouler tandis qu’à partir de cet effondrement une nouvelle civilisation va naître (pensons à la Première mondiale et à la révolution russe). On a donc là une conjugaison à la fois d’un climat social et politique, d’une conception philosophiquee t d’un projet artistique. Cette quête du Rien en peinture, c’est ce que Malévitch appelle le Suprématisme, qui doit donner lieu à une peinture dite « non objective » ou abstraite et niant la peinture dans ce qu’elle avait réalisé jusque-là. Cela se traduira donc en 1915 par ce fameux Carré noir, et plus encore par le Carré blanc sur fond blanc en 1918 ; on remarquera que le Carré noir n’est pas cnore le rien absolu, puiqu’il y a envore un carré noir et un fond blanc ; tandis qu’un carré blanc sur un fond blanc semble être l’extême limite – même si ce carré blanc est encore perceptible ; puique le peinte a pris soin de le marquer sensiblement. Cependant, de l’un à l’autre, Malévitch est à la recherche de la limite entre le Tout (il y a toujours un tableau peint) et le Rien (La disparition progressive de la peinture qui y conduit). Malévitch voit trois étapes dans la peinture suprématiste :e noir, la couleur et le blanc, qui remplissent ses carrés. C’est au noir et au blanc que revient de rôlede dévoiler l’énergiedu matériau, c’est-à-dire des formes, au-delà et dans la dispartiton de la couleur et des tons. Le blanc est infini et « donne au rayon visuel la possibilité de passer sans rencontrer de limite » ; ainsi le caré blanc « personnifie toute la nouvelle structure blanche du monde ». Tandis que le noir est attribué à une forme économique : il donne une limite au matériau. Quant à la couleur, le rouge noramment, il sybolise la révolution, c’est-à-dire le mouvement meme de ce qui se transforme. On comprend donc bien ce rapport de la recherche picturale avec la philosophie qui anime Malévitch. Mais ce n’est pas tout, car la peinture est un art, et lorsq’uon regarde un tableau, la philosophie qui y présiede n’est pas directement présentée –même si par ailleurs l’art moderne a besoin pour être compris, qu’on soit au courant du projet qui lui donne naissance. Mais tout de même, un tableau se perçoit en relation vec l’espèce à laquelle il appartient, ici l’art. Et on se posera la question que l’opinion se pose : est-ce encore de l’art ? Je n’essayerai pas de répondre, car pour cela il faudrait savoir ce qu’est l’art ; or il est multiple et de tous les côtés il est remisen cause et conçu différemment. Il n’empêche que porter la peinture à une telle extrémité ne va pas sans surprendre, mêmes s’il est vrai qu’aujourd’hui on est allé plus loin encore en ce sens.
Posted on: Tue, 03 Dec 2013 18:31:52 +0000

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