LA RÉVOLUTION CONSERVATRICE NÉOLIBÉRALE DES ANNÉES 70-80 EST - TopicsExpress



          

LA RÉVOLUTION CONSERVATRICE NÉOLIBÉRALE DES ANNÉES 70-80 EST RESPONSABLE DE LA CRISE DE LA DETTE DANS LE MONDE. Il convient de reconnaître que le niveau atteint par les dettes publiques dans le monde constitue un facteur important d’instabilité économique. Á hauteur de 16.800 Mds $ aux ÉU (103,4% du PIB) et 1870 Mds € en France (90,4% du PIB), ces dettes font même courir, du fait des montages financiers qui les accompagnent, des risques de crises de nature comparable à celle des subprimes en 2008 mais d’intensité bien plus considérable. Les médias, leurs chroniqueurs économiques formatés pour la plupart par l’idéologie du libéralisme néoclassique et ses avatars des XXème et XXIème siècle et la plupart des femmes et hommes politiques tentent de nous convaincre que la cause du phénomène réside en une dérive incontrôlée des dépenses publiques. C’EST FAUX. La totalité des documents que tout un chacun peut consulter sans peine dans les différents pays du globe démontre que les causes premières de l’inflation des dettes publiques à partir des années 80 résident en une diminution des recettes alors que les dépenses sont globalement stables en dehors des phases critiques comme en 2009, et en l’effet boule-de-neige des intérêts des emprunts publics, tous deux conséquences de la réaction « néolibérale » anti-keynésienne de ces années-là. 1, DIMINUTION DES RECETTES. Les recettes essentielles de la révolution conservatrice des années 80, mises en œuvre en particulier par Margareth Thatcher et Ronald Reagan après avoir été testées sur les conseils des monétaristes de l’école d’économie de Chicago et de son plus célèbre représentant, Milton Friedman, dans le Chili de Pinochet, sont : diminution des charges et contraintes réglementaires pesant sur le capital, décroissance des dépenses sociales par détricotage de l’État providence, pression sur les salaires. La baisse des dépenses publiques et la croissance ainsi stimulée était censées compenser l’effet de la réduction des rentrées fiscales sur la conduite des missions régaliennes de l’État. Baisser les impôts des plus riches est aisé, ce fut quasi-immédiat. Avant 1980, l’imposition sur le revenu de la tranche marginale supérieure était de 90% aux ÉU, de 70 à 80% en France, de 83% en GB. Il tombe à 27% en 1990 aux ÉU, 40% en GB, 54% en France où il sera ultérieurement abaissé à 40% pour remonter à 45% dernièrement, 48% en comptant la taxe sur les hauts revenus. Dans notre pays, cette tranche supérieure est encore atténuée par la détaxe du quotient familial. L’accroissement du volume des affaires prédit par les libéraux néoclassiques ne se traduit en fait pas par une montée parallèle des recettes car la déréglementation aboutit à une extravagante explosion des activités purement financières délocalisables à la vitesse de la lumière, au développement des paradis fiscaux et de l’évasion fiscale des entreprises. La tendance sera dès lors d’élargir l’assiette de l’impôt et d’augmenter les taxes sur la consommation (TVA) pour compenser le manque à gagner tout en préservant le capital net les hauts revenus, et faire face de la sorte à l’augmentation rapide de la dette : elle n’était en 1980 que de 90 Mds € en France ( 20% du PIB) et 909 Mds $ aux ÉU (33% du PIB). Dès la fin des années Reagan la dette américaine a bondi à 56% du PIB. Surtout, la généralisation mondiale d’un changement introduit dès 1973 en France par le très libéral Giscard d’Estaing, ministre des finances dont l’un des collaborateurs était à l’époque Michel Pébereau, ex-directeur du CA de BNP-Paribas, sous la présidence du très libéral Georges Pompidou, ex-collaborateur de la banque Rothschild, va alimenter la dette de ses intérêts par un redoutable effet «boule-de-neige ». L’EFFET BOULE DE NEIGE DES INTÉRÊTS DE LA DETTE. La loi Giscard-Pompidou du 3 janvier 1973 interdit à la banque de France de prêter des francs à l’État qui devra se financer désormais sur les marchés. Cette règle sera reprise dans les traités européens en ce qui concerne la BCE, dans le défunt TCE largement influencé par Giscard, dans le traité de Lisbonne imposé aux peuples contre la volonté de plusieurs d’ente eux ; elle s’applique aussi, de manière plus souple, aux ÉU. La conséquence est que, d’un seul coup, les emprunts d’État, pratiquement sans intérêt jusque-là puisque la Banque de France battait monnaie, deviennent fort onéreux. La justification officielle de cette réforme fondamentale est d’éviter l’inflation provoquée par l’usage inconsidéré de la « planche à billet ». CETTE JUSTIFICATION NE TIENT PAS. L’inflation moyenne en France de 1964 à 1973 est de 4,8%, elle sera de 10,6% entre 1974 et 1983. Les libéraux de sensibilité néoclassique se disculpent en évoquant l’effet déstabilisateur de la fin en 1973 des accords de Bretton-Wood, facteur d’inflation. CELA NE TIENT PAS non plus, c’est Nixon qui met fin en 1971 à la convertibilité du dollar en or, et donc de-facto, au système de Bretton-Wood, ce qui conduit à la généralisation des changes flottants. Or le taux d’inflation est de 5,7, 6,2 et 9,2% en 1971, 1972 et 1973, et de 13,7, 11,8 et 9,6% en 1973, 1974 et 1975. En réalité, la loi Giscard transfère aux banques privées le privilège de la République de battre monnaie puisque accorder du crédit revient aussi à accroître la masse monétaire, mais battre monnaie à leur profit. En bref, la dette publique s’accroît chaque année depuis 1973 de la charge des intérêts de la dette, aujourd’hui 50 Mds €, soit le premier poste de dépense de l’État depuis 2011, devant l’enseignement scolaire en numéro 2. Si la charge de la dette n’avait pas grevé celle-ci depuis 1973, la dette publique française serait au plus de 700 Mds € au lieu de 1870 Mds, pour certains calculs presque nulle. Les libéraux qui s’opposent à un retour maîtrisé au financement des États par les banques centrales mettent en avant l’argument selon lequel les dérives électoralistes des gouvernements, par exemple celui de Berlusconi, pourraient les pousser à une création monétaire inconsidérée. Outre le fait que cela n’a pas été observé avant 1973 ou l’électoralisme n’était pas moindre que aujourd’hui, CET ARGUMENT EST SPÉCIEUX. En effet, il présume, bien dans la ligne de certains fantasmes idéologiques, que la cupidité des acteurs financiers est bien inférieure à l’inconscience des État. Á voir ! De plus, les banques centrales doivent bien sûr être supervisées par des autorités indépendantes des gouvernements, telle en principe la Justice, la Cour de comptes, etc. Dans un billet ultérieur, j’évoquerai la nature de la dette, ses dangers aussi bien que son rôle dans une économie dynamique, j’avancerai des pistes raisonnables (j’espère !) pour éviter les catastrophes auxquelles leur augmentation sans fin peut aboutir. Axel Kahn, le dix-sept novembre 2013.
Posted on: Sun, 17 Nov 2013 11:14:06 +0000

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