LU QUELQUE PART Confusion dans l’idée de la représentativité - TopicsExpress



          

LU QUELQUE PART Confusion dans l’idée de la représentativité des communautés dans un contexte de conflit : Le cas des berabiches de l’Azaouad. Ce sujet vaste et complexe de la représentativité des communautés en cas de rébellion ou de conflit opposant une communauté ou même une ethnie minoritaire à un État dirigé par une majorité est très complexe eu-égard ses dimensions multiples et variées qu’il convient, au préalable, de contextualiser tout en sachant que cette contextualisation est encore plus complexe. Ici, la contextualisation du sujet nous renvoie à un espace géographique précis mais hétérogène et difficile à cerner car cet espace ne pourra être appréhendé que si l’on procède par échelle tant les imbrications socioculturelles et raciales et mêlées géographiques nombreuses. A l’échelle du Sahara et du sahel, Les États sont nés de la décolonisation et demeurent encore très jeunes pour répondre à la demande sociale grandissante en matière d’accès à l’eau, l’éducation, la santé, le transport …à plus forte raison la justice sociale et la démocratie qui nous renvoient à la légitimité ou à la représentativité des communautés. La représentativité légitime ou la légitimité de celui qui prétend parler au nom d’un groupe humain ne peut être effective que si le groupe humain en question lui reconnait ce statut de représentant légitime. Pour ce faire, il y a essentiellement deux façons de représenter légitimement un groupe quelconque au sahel et Sahara: 1. Dans un contexte de démocratie, la légitimité ne s’obtient que par le vote au suffrage universel. Mais cette façon de représenter légitimement est universelle et ne concerne pas un groupe ethnique donné mais un électorat dont la conviction et les intérêts convergent vers une idéologie politique partagée dans le cadre d’un espace donné (national, régional, communal…). 2. Dans un contexte où l’Etat nation peine à voir le jour, la démocratie boiteuse, les traditions et les coutumes encore très fortes au point d’être encore, à nos jours, le mode de gestion communautaire le plus reconnu et le plus répandu au niveau de la majorité écrasante de groupes humains comme c’est le cas à l’échelle saharo-sahélienne et en l’occurrence chez les berabiches (chefs coutumiers, chefs des tributs, chefs de fraction….). A ma connaissance, aujourd’hui, les mouvements armés de l’Azaouad et en particulier le Mouvement Arabe de l’Azaouad (MAA), comme d’ailleurs, il y a vingt-trois ans, le Front Islamique Arabe de l’Azaouad (FIAA), en ce qui concerne les berabiches ne peuvent se prévaloir d’une légitimité quelconque pouvant inscrire leurs décisions, ni dans le contexte de légitimité démocratique et encore moins dans le contexte où la légitimité et la représentativité s’obtiennent à partir des traditions ou coutumes reconnues par tous. A sa création et jusqu’à nos jours, le MAA n’a jamais été mandaté par la communauté berabiche à travers ses chefs de tribus et ses chefs coutumiers ou leurs représentants à parler au nom de la communauté berabiche. C’est une décision unilatérale prise, au départ, par une poignée de personnes jugeant nécessaire de revendiquer leurs droits par leurs armes comme d’ailleurs c’était le cas du FIAA. Ces personnes peuvent être de la communauté berabiche mais nul n’est plus dupe que la dinde pour confondre un groupe armé n’ayant jamais consulté sa base à fortiori organisé un congrès populaire associant toute la communauté pour désigner ses instances de décision avec la communauté elle-même qui ne doit pas subir mais prendre en main ses affaires en obéissant à des lois de fonctionnement propres. Dans ce cas, il sera impropre de parler du MAA ou de son bras « politique »comme une structure qui représente la communauté berabiche et réciproquement de la communauté berabiche comme si elle représente le MAA. Un secrétaire Général comme d’ailleurs un porte parole ou tout autre membre politique d’un mouvement armé n’ayant pas légitimer son bras politique auprès de la population qu’il prétend représenter ne peut, en aucun cas, se permettre de parler au nom d’une communauté traditionnellement bien structurée sur le plan tribal et collectif. Cette interaction abusive qui a tendance a dominé les esprits de certains membres politiques du MAA et même précédemment du FIAA ne colle pas avec la réalité et frise l’inquiétude à plus d’un titre : Contrairement à un membre politique reconnu par sa population qui lui prête allégeance et confiance en lui reconnaissant le privilège de parler en son nom, les politiciens du MAA tant qu’ils ne consultent pas le peuple en organisant un congrès autonome ou autre forme élective libre et transparente qui n’est pas imposée par le Mali n’auront aucune légitimité auprès de ce dernier et ne doivent prétendre parler qu’en leurs noms et au nom de leur mouvement. Aucun politicien du MAA ne peut prétendre à plus de légitimité ou même à une certaine légitimité qu’un chef de tribu berabiche ou même une famille coutumière qui prend la responsabilité de porter un regard critique sur le déroulement des évènements au sein de sa communauté en parlant au nom de sa tribu ou même au nom de sa famille. D’ailleurs celle-ci a une portée plus symbolique et légitime pour la communauté berabiche que des personnes qui croient être des représentants naturels et même des «pères noël »de cette communauté en fourrant le nez dans toutes les initiatives concernant les berabiches. Ce comportement malsain et improductif à l’égard des berabiches a eu un impact négatif important à court terme sur le destin de la communauté et étouffe sa créativité surtout si on feint de l’oublier. Il est à noter que cet état de fait ne doit pas nous amener à ne voir dans la légitimité que l’organisation d’un congrès ou autre car l’expérience a montré que les congrès déjà organisés par des associations berabiches au Mali ou même celui de N’beykat lahwache (en Mauritanie) ont été des mascarades totales en ce sens que ce n’est pas les chefs de tribus, les chefs coutumiers ou leurs représentants ou même le plus grand nombre des participants qui choisissent qui dirigera leur association mais des listes établies depuis Bamako par la sécurité d’Etat malienne qui imposent son candidat. Ainsi, le scénario est classique chez les berabiches : après quelques altercations entre des personnes qui sont chargées de distraire la foule (théâtralisation de la scène), un des organisateurs de la rencontre via la sécurité d’Etat s’arrête au bon milieu de la foule pour donner les noms des membres du bureau exécutif, le reste est réparti entre la masse selon un dosage tribal dangereux. En définitive, si aucun des membres politiques du MAA ne peut prétendre parler au nom de la communauté berabiche tant que des structures légitimes cautionnées par ladite communauté ne sont pas mises en place dans un cadre concerté et autonome, il n’en demeure pas moins que toutes les associations berabiches n’œuvrent que pour les intérêts du gouvernement malien qui les a imposé et non au profit de la communauté dont elles ne portent que le nom pour qu’elle ne soit pas physiquement absente. En effet, ces associations n’ont de légitimité qu’aux yeux du Mali qui les met en place afin d’orienter nos communautés dans sa politique de domination et de division. Mais en mon humble avis pour que ces associations aient un minimum de légitimité, il convient de prime à bord, de les détacher de la tutelle de la sécurité d’Etat en les réorganisant sur des nouvelles bases consensuelles d’autonomie, de démocratie, de transparence et d’équité. Dr Mohamed ARBI
Posted on: Sat, 05 Oct 2013 22:18:56 +0000

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