La troisième et dernière couche serait augmentée en fougère et - TopicsExpress



          

La troisième et dernière couche serait augmentée en fougère et assurerait une bonne isolation d’une de dizaine de centimètres d’épaisseur à l’édifice. C’est d’ailleurs avec cette méthode que de nombreuses maisons ont été construites et tiennent toujours debout. En utilisant les matériaux qu’on trouvait sur place, on pouvait réaliser bien des choses pour un coût quasiment nul. En fin d’après midi, le four pouvait être considéré comme terminé, si on excluait l’enduit à la chaux qui ne pouvait être fait avant plusieurs semaines, temps nécessaire pour que la voûte sèche lentement. J’expliquais au groupe qu’au bout d’une dizaine de jours, je pourrai commencer à vider le four du sable qui avait servi de moule, puis il faudrait encore attendre plusieurs jours que l’intérieur sèche avant de commencer à réchauffer lentement. Pour cela, il valait mieux dabord faire un feu à l’extérieur et ne déposer que des braises, et renouveler l’opération en augmentant progressivement la quantité de braises jusqu’à ce qu’on puisse enfin faire un feu de branchettes à l’intérieur du four, puis tout aussi progressivement, augmenter la quantité de bois jusqu’à ce qu’on puisse chauffer le four à blanc. Le sable contenu dans le mélange de la première couche serait alors comme vitrifié, assurant la cohésion de l’ensemble. La soupe aux herbes préparée le matin avait mijoté toute la journée, et j’invitais tous ceux qui le pouvaient à la partager avant de se quitter. On finissait la soirée autour d’un bon feu. Comme à chaque fois que je recevais un groupe, on échangeait adresses et numéro de téléphone. Quelques uns des participants tenaient à s’inscrire d’ores et déjà pour le prochain stage, quel qu’en soit le thème. Ce n’étaient pas forcément ceux qui reviendraient, mais devant la demande croissante, il valait mieux s’inscrire à l’avance. Je me demandais même si je n’allais pas augmenter la fréquence de ces journées, car au-delà d’une dizaine de personnes, on avait tendance à se gêner et chacun ne pouvait vraiment profiter pleinement des instructions ou informations apportées, et le groupe avait tendance à perdre de sa cohérence. C’est également pour cela que j’avais fait une grande table carrée, car je m’étais aperçu que c’était bien plus convivial et que cela évitait qu’il y ait des personnes qui se retrouvent isolées des discutions en bout de table. Le lendemain, Marie-Ange devait prendre le bateau pour Nice. Elle préférait passer par la maisonnette pour voir sa sœur et son grand-père, avant de retourner chez elle. En faisant la traversée de nuit, elle n’arriverait pas trop tard à Digne. On passait la matinée au lit. Un peu avant Midi, je proposai à Marie-Ange d’aller manger à Bastia. On aurait ensuite tout le temps de flâner avant qu’elle prenne le ferry. Je la précédai sur la route avec ma camionnette. Arrivés en ville, on laissait nos véhicules au parking de la place Saint-Nicolas, puis on se trouvait un petit restau sur le vieux port, où ils proposaient de délicieuses assiettes de fruits de mer. Après le repas, on remontait lentement vers le boulevard Paoli en passant par les jardins Romieux, Puis après la visite du Musée de la citadelle, on sillonnait les ruelles du quartier Saint-Joseph, pour redescendre vers le port. Marie-Ange ralentissait le pas, comme pour profiter des derniers moments qu’on devait passer ensemble avant qu’elle prenne le bateau. Pour finir, on s’installait à la terrasse d’un des nombreux bars de la place Saint-Nicolas, où on attendait là qu’arrive l’heure du départ. J’avais une boule dans le ventre et Marie-Ange n’était pas plus fière que moi. Avant de la laisser devant l’embarcadère, je lui promettais de la rejoindre dès que possible. Je devais rentrer du bois pour l’hiver et terminer l’enduit de façade du hangar, aller chercher du fumier et préparer le sol du potager dans lequel je n’avais encore pris le temps d’y cultiver des légumes d’hiver. Sur le retour, je passais chez Pierre. Je n’avais pas envie de me retrouver seul pour la soirée. Quand j’arrivais chez lui, il était avec son ânesse. Elle boitait et s’était probablement blessée quelques jours plus tôt sur des barbelés. La plaie était plutôt moche. Des petits vers blancs s’étaient déjà développés et il ne pouvait pas laisser l’animal comme ça. Je lui conseillais de mettre dessus un coup de bombe insecticide, genre ce qu’on balance sur les guêpes, puis d’envelopper le pied d’argile et de maintenir le tout avec une vieille chaussette maintenue par une bande de tissus. En changeant le pansement tous les jours, l’ânesse devrait aller mieux rapidement. A ma mine peu réjouie, Pierre comprenait bien que j’avais un peu le blues et sans me questionner, il me proposait de partager son repas. On retournait vers son Smial dont seul un disque de lumière éclairait la façade. En entrant, j’étais étonné de la douceur ambiante. Ce type d’habitat quasiment troglodyte présentait bien des avantages. On était tout de même en Octobre, et malgré la fraîcheur et l’humidité de l’extérieur, il régnait dans la pièce une atmosphère de bien être et de quiétude. On aurait pu y essuyer une tempête sans sourciller. Pierre était un fin gourmet et cuisinait tous les jours même quand il était seul. En quelques minutes, il déposait sur la table une omelette aux champignons, accompagnée de tartines au chèvre chaud, qu’il me conseillait de ne goûter qu’après avoir bu un petit verre de son vin naturel. Il achetait les raisins à un vieux qui continuait de cultiver sa vigne comme il l’avait toujours fait, labourant les rangs avec sa mule et ne faisant d’autres traitements qu’un peu de souffre quand les années étaient trop humides. Pour le reste, Pierre semblait avoir trouvé la bonne méthode, car le résultat était toujours surprenant de simplicité et de saveurs. Il m’apprenait qu’au printemps, son vin fleurissait. Un petit dépôt surnageait ses bourriches. Effectivement, je me souvenais d’avoir vu ça quand j’étais petit, alors que rares étaient les maisons où on trouvait du vin cacheté. Tout en dégustant notre omelette, Je lui racontais mon weekend, le départ de Marie-Ange, et l’idée qu’elle avait eu de proposer à ses « woofeurs » une sorte d’association. J’ajoutais que j’aurai bien aimé trouver une solution similaire, car je n’envisageais pas de rester trop longtemps sans voir ma copine, et que c’était pareil pour elle. En tous cas, ça nous permettrait de voir venir. Pierre me répondit qu’il pouvait très bien faire l’affaire. Il avait toute liberté d’organiser son temps à sa guise. Il louait ses ânes pour les randonnées. Il avait aussi la vente de ses figues sèches, noisettes, noix et amandes, sans compter ce que son potager lui donnait à manger toute l’année. Il n’avait pas vraiment besoin d’argent et préférait une formule basée sur le troc ou l’échange. J’étais bien d’accord avec lui. Non que le fait de ne pas le rémunérer pour ses services ait pu me faire passer pour un opportuniste, mais depuis quelques temps, l’idée de faire payer les stages que j’organisais me posait des problèmes. Je n’étais pas fait pour les affaires qui nécessitent de ne pas avoir de scrupules. Mais pour l’heure, j’avais besoin d’argent pour financer mes escapades sur le continent, et je ne maitrisais pas mes cultures aussi bien que lui. Pendant quelque temps encore je devais accepter l’idée de recevoir des groupes de personnes parmi lesquelles la majorité était composée de nantis. On restait une bonne partie de la nuit à discuter de choses et d’autres, et pour finir, j’acceptais de dormir sur place. Rien ni personne ne m’attendait, d’autant que le lendemain, il avait besoin d’un coup de main pour poser une clôture sur une parcelle qu’il envisageait de cultiver en agro foresterie. La méthode consistait à planter des rangs d’arbres espacés de plusieurs mètres, afin de pouvoir cultiver dans les intervalles. Contrairement aux idées reçues, il n’y avait pas de concurrence entre les plantes et les haies. Bien au contraire. L’ensemble créerait un espace où la diversité se développerait rapidement, ce qui favorisait un équilibre salutaire à toute espèce qui aurait le loisir de se développer en symbiose. En matière d’agronomie, on était loin d’avoir découvert tout ce qui pouvait aider la nature à s’épanouir. Bien au contraire. Les options productivistes n’avaient fait qu’augmenter le gouffre entre l’humain et son environnement naturel. La seule condition préalable était de protéger les parcelles d’une manière ou d’une autre, des animaux divagants. Pierre avait même envisagé de créer des clôtures naturelles, en disposant des andains de branchages sur le pourtour des parcelles. Il suffisait que les tas de broussailles soient suffisamment denses, hauts et larges pour dissuader les animaux de passer outre. En peu de temps, ces sortes de barrières naturelles abriteraient une faune et une flore qui feraient le boulot à sa place. De nombreux oiseaux viendraient s’abriter là dedans, laissant dans leurs déjections une foultitude de graines qui donneraient tôt ou tard, arbustes et arbrisseaux en densité suffisante pour créer une haie, quasiment impénétrable. Ce n’était qu’une question de temps, et de bras. Aucune méthode efficace de ce type ne pouvant faire l’économie du nombre.
Posted on: Sat, 02 Nov 2013 05:35:43 +0000

Trending Topics



lass="sttext" style="margin-left:0px; min-height:30px;"> »Front Matter January 2: Are The Storms Of Life Getting To
Edge Products 25002 Evolution for GM Duramax 6.6L Edge Products

Recently Viewed Topics




© 2015