Larticle de Christian Rioux dans Le Devoir: «Paris — Ainsi - TopicsExpress



          

Larticle de Christian Rioux dans Le Devoir: «Paris — Ainsi donc, « on ne peut pas faire le procès de l’islam ». Ce n’est pas moi qui le dis, c’est François Legault. Et à quel titre serait-il donc interdit de faire le procès d’une religion ? On ne le saura pas ! Cela fait trois siècles qu’on fait le procès de la chrétienté sous toutes ses coutures, mais l’islam, pas touche ! Avez-vous entendu le silence assourdissant qui a entouré les propos de Jean Allaire ? Le pauvre a eu le malheur de dire que l’islam était une religion violente. Est-ce à cela que pensait l’ancien humoriste Marc Laurendeau cette semaine en affirmant qu’aujourd’hui, Les Cyniques n’auraient pas le droit de rire des autres religions comme ils le firent de nos bons vieux curés dans les années 60 ? Et pourtant, Jean Allaire n’a rien dit de nouveau. Que l’islam entretient un rapport équivoque avec la violence, c’est ce qu’ont dit longtemps avant lui des penseurs d’horizons aussi divers que l’anthropologue catholique René Girard, le théologien protestant Jacques Ellul et, plus récemment, le philosophe athée Michel Onfray. « Il y a une légitimité de la violence dans l’islam, principalement dans l’affrontement avec les infidèles », affirmait en entrevue René Girard. Et il ajoutait que cela « pose ici un défi dont on ne voit pas très bien comment l’Occident peut y répondre ». Il y a quelques années, j’ai eu la chance d’interviewer Abdelwahab Meddeb. D’origine tunisienne, ce fin connaisseur de la culture arabo-musulmane anime l’émission hebdomadaire Culture d’islam sur France Culture. Il fut l’un des rares intellectuels à ne pas s’indigner lors de la tempête médiatique provoquée par le discours de Benoît XVI prononcé à Ratisbonne en 2006. Peu avant son voyage en Turquie, le pape avait cité un ancien empereur de Byzance, Manuel II Paléologue, qui critiquait l’islam pour son utilisation de la violence. Meddeb savait de quoi le pape voulait parler. Comme Jean Allaire, il estime que la violence a été « déposée dans le berceau de l’islam à sa naissance ». Il n’en conclut pas pour autant que, globalement, l’islam a été plus violent que la chrétienté — cela reste à voir, dit-il. Mais, pour lui, le rapport des musulmans à la violence est radicalement différent de celui des chrétiens. « Les chrétiens ont mis 1000 ans pour créer la guerre sainte, confiait-il. Ce n’est qu’au XIe siècle qu’apparaissent les croisades et la notion de guerre sainte, qui trahit la lettre évangélique et s’inspire probablement de l’idée de djihad. Les intégristes musulmans, eux, peuvent trouver la légitimation de leur action dans la lettre du Coran. Mohammed n’a pourtant rien inventé à ce propos. Il est dans la continuité directe du Deutéronome [de l’Ancien Testament] où la guerre de l’Éternel annonce mot pour mot la charte du djihad. Quand un chrétien veut épurer le contentieux des croisades et de l’Inquisition, il doit revenir à la lettre du Nouveau Testament. Il faut espérer que les musulmans, eux, trahissent justement la lettre du Coran. » Nier ce rapport ambigu entre la violence, l’islam et son texte fondateur, c’est se fermer les yeux sur les défis auxquels cette religion est aujourd’hui confrontée. Et cela alors même que la modernité pousse des millions de nouveaux fidèles à accéder pour la première fois directement au texte, par le livre ou sur Internet. Nier ce problème, c’est laisser libre cours aux intégristes qui font du Coran un texte intouchable « dicté » par Dieu et auquel l’homme n’aurait plus qu’à obéir. Ce que ne furent jamais les Évangiles, écrits par des hommes sujets à l’erreur et capables d’interprétation. Le relativisme de l’époque enseigne que toutes les religions se valent. Ou, ce qui revient au même, qu’elles ne sont que superstitions. Concernant la violence, rien n’est plus faux. Le théologien Jacques Ellul a illustré cette différence en montrant comment le Coran avait intégré le personnage de Jésus, mais en supprimant étrangement sa crucifixion. Un prophète musulman ne pouvait être à ce point un « looser » et mourir ainsi sans combattre simplement par amour pour l’homme. C’était tout simplement inconcevable ! *** En 2004, lors du débat sur le projet de loi français interdisant aux élèves de porter des signes religieux à l’école, Abdelwahab Meddeb s’était offusqué de voir défiler des intégristes dans les rues de Paris. Les mêmes qui ont récemment défilé à Montréal. Voici ce qu’écrivait alors cet amoureux de la culture arabo-musulmane : « Telle est la contradiction flagrante entre ceux qui se réclament d’abord d’une loi divine et le pays qui les accueille, dont l’identité est bâtie sur un droit fabriqué par la raison humaine. Un vieil émigré marocain, bon et pieux musulman, me dit combien il est outré par cette manifestation agressive qui, selon lui, déshonore le pacte de l’hospitalité, lequel répartit les devoirs entre deux pôles : celui qui accueille doit vous ouvrir ses portes sans condition, sans savoir qui vous êtes ; et celui qui vient et entre doit respecter le code et la loi instaurés par celui qui reçoit. »
Posted on: Fri, 15 Nov 2013 13:46:01 +0000

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