Le chemin de Régordane Il emprunte une immense faille - TopicsExpress



          

Le chemin de Régordane Il emprunte une immense faille géologique nord-sud dans une chaîne de montagnes dressant une barrière transversale de 60 km de long. Il reliait les villes de Nîmes, Montpellier, Saint-Gilles au Puy et à Clermont. Ce chemin entrait en Lozère par Vielvic, traversait Villefort, passait à proximité de la Garde Guérin, à Luc et non loin de Langogne. C’est au Moyen-âge que la Régordane trouva réellement sa vocation de réseau commercial. En plus de son intérêt géographique, cette voie est un axe stratégique et économique important, reliant les ports de la Méditerranée aux foires de Champagne. Elle fut également un « chemin de foi ». Certains pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle venant du Puy l’empruntaient pour aller faire les dévotions à Saint-Gilles. Au début du XIIe siècle la Régordane fut aménagée, plusieurs tronçons reconstruits. Le trafic augmentant, il attira vite les convoitises, chacun voulant monopoliser les péages ou s’approprier quelques précieuses marchandises venant d’Orient. Elle fut aussi le théâtre de voyages officiels royaux. Le XIVe siècle sonna la fin des heures de gloire de la Régordane. Le traité de 1308 repoussant les frontières de la France au-delà du Rhône, ce nouvel axe devint prioritaire et les foires franches de Lyon un rendez-vous économique incontournable. De plus, la Guerre de Cent ans et les bandes de routiers anglais occupaient et pillaient les châteaux du Gévaudan semant la terreur dans tout le pays. La nature capricieuse du Mont Lozère emporta dans la grande crue de 1403 plusieurs ponts et creusa des ornières, extirpant les pavés au fil du temps. Nul charroi ne pouvait y passer et le trafic beaucoup moins intense s’effectuait à dos de mulets. Il y eut un sursaut au XXVIIe siècle mais vers la fin du XVIIIe siècle, la voie étant à nouveau très abîmée, de plus en plus pénible et de moins en moins rentable, elle s’endormit à tout jamais dans un profond sommeil. Avec la voie, de nouvelles activités se sont développées, des métiers liés au commerce vont se cristalliser. Tout d’abord les muletiers et charretiers. Le vin, essentiellement du Vivarais circulait en grande quantité sur la Régordane. Du sud, on importait de l’huile d’olive, des fruits, des épices et des étoffes précieuses en provenance d’Orient depuis les ports d’Agde, Aigues-Mortes, Saint-Gilles ou des foires de Beaucaire. Dans le sens inverse, circulaient des draps et toiles de Flandres, Picardie, Normandie ou Champagne et les cadis du Gévaudan. Les négociants sont la catégorie de commerçants la plus aisée. Ce sont souvent des bourgeois et les risques liés à leur activité sont minimes. Les commerçants drainent chez eux des populations des villages disséminés. Quant aux colporteurs, c’étaient des hommes courageux, affrontant tous les temps, les voleurs, devant connaître les patois des régions traversées, les poids et mesures en vigueur. Les courriers sont d’habiles cavaliers attachés à un personnage influent ou exerçant libéralement leur profession. Ils portent les missives importantes et descendent régulièrement dans les mêmes auberges le long des grands axes où l’hôtelier sert d’intermédiaire. Villefort, point de passage obligé, aurait pu être nommé « Villefort sur Régordane » car la voie le traversait de part en part. A la fin du XVIIIe siècle, aubergistes, cabaretiers et selliers représentaient 7 % de la population de Villefort et on ne comptait pas moins de douze marchands en la ville. Aujourd’hui on retrouve en parcourant Villefort des témoignages de l’architecture dite « régordannienne ». Ce « village-rue » présente plusieurs maisons des XVIe et XVIIe siècles. Dès le XIe siècle, la Garde-Guérin apparaît comme un lieu stratégique. Les habitants de la Garde s’étaient très tôt groupés en une communauté guidant et protégeant les voyageurs et marchandises en échange de droits de péage. La Régordane a permis la mise en place d’une organisation originale et la naissance d’une cité encore très appréciée aujourd’hui. D’autres édifices : le château de Castanet, celui du Champ, ont marqué l’histoire de cette région traversée par la Régordane. Le GR 700 nouvellement homologué permet de retrouver parfois les traces des charrois au milieu de magnifiques paysages où murmure toujours un cours d’eau.
Posted on: Tue, 27 Aug 2013 21:03:25 +0000

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