Le taureau et le torero Dites-moi qui est le héros, Du torero ou du taureau ? Celui qui tue ? Celui qui meurt ? Où, dans ce sinistre manège, est la grandeur ? Stressé, isolé, condamné, Bientôt je mordrai la poussière, Armé, épaulé, acclamé, Il triomphera, sauf et fier. Fade accessoire d’une tradition, Ai-je mérité cette punition ? Pourquoi mon sang doit-il couler Bercé de macabres « Olé ! » ? Dites-moi qui est le héros, Du torero ou du taureau ? Celui qui tue ? Celui qui meurt ? Où donc, dans cette triste arène, est la valeur ? Et je suis là, et je me bats, Et je suis las, et je me noie, Le méprisable picador, Sur son cheval se sent si fort. Réunissant mes dernières forces, Je toise le lâche matador. Avais-je alors, l’air si féroce, Que l’on me traîne jusqu’à ma mort ? Dites-moi qui est le héros, Du torero ou du taureau ? Celui qui tue ? Celui qui meurt ? Ces matamores barbares n’ont-ils donc pas de cœur? Déjà mes muscles se crispent, Les banderilles en moi s’agrippent. « Ah qu’ils sont beaux ces toreros, Devant mon sang qui coule à flots ! » Humilié, tué, mutilé, Je peux enfin me reposer. Grisés, abreuvés, rassasiés, De ma mort ils se sont délectés. Dites-moi qui sont les héros, Des bestiaux ou des machos ? Moi je suis mort telle une bestiole, Pour une triste et mièvre gloriole… Picador, toréador et matador, Ces mots riment si bien avec …. Mort ! Raphaël SCHMITT
Posted on: Mon, 26 Aug 2013 22:05:45 +0000
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