Le texte du journal Le Devoir: Québec — De la bataille pour - TopicsExpress



          

Le texte du journal Le Devoir: Québec — De la bataille pour construire une synagogue aux innovations de certains de ses membres, l’histoire de la communauté juive de Québec reste encore méconnue. Un groupe de chercheurs a entrepris de documenter l’histoire de la petite communauté juive de la ville de Québec. En attendant la parution de leur ouvrage l’an prochain, ils partageront dimanche leurs découvertes lors d’un colloque. « On a eu une communauté juive dans cette ville dès le début du XIXe siècle. Certains de ses membres ont été des figures de proue dans leur domaine, mais on n’a jamais constitué une histoire cohérente de la communauté », explique Pierre Anctil, professeur d’histoire à l’Université d’Ottawa et organisateur du colloque. Le lieu de l’événement - le théâtre Périscope - n’a pas été choisi par hasard. Avant de devenir une salle de spectacle, il abritait une synagogue construite en 1952. L’histoire du lieu à elle seule ne manque pas d’intérêt historique. « La ville a tenté pendant 20 ans d’en empêcher la construction. La municipalité a mis toutes sortes d’obstacles comme des zonages pour empêcher la construction d’édifices religieux. Elle a poursuivi la communauté quand elle a commencé à la construire et en 1944, la synagogue a été incendiée. » Lui-même originaire de Québec, le professeur se rappelle très bien avoir marché à côté quand il était petit. « Je me souviens d’avoir vu les étoiles de David qui ont disparu. » Encore aujourd’hui, on peut voir des lettres hébraïques sur le fronton du bâtiment modernisé, mais pour le reste, le passé de cette communauté est tombé dans l’oubli. Un diplôme en génie électrique Outre l’histoire de la synagogue, le colloque de dimanche se penchera notamment sur la vie de Sigismund Mohr. « C’est un Juif allemand qui est arrivé à Québec avec un diplôme en génie électrique. À l’époque, vers 1870, c’était rarissime. C’est lui qui a fait la première démonstration publique d’éclairage électrique sur la terrasse Dufferin. Par la suite, il a harnaché le pouvoir hydroélectrique des chutes Montmorency et a électrifié la ville. » Aujourd’hui composée de nombreux professionnels, la communauté a pendant longtemps abrité une forte bourgeoisie marchande - d’où le célèbre magasin Pollack. D’autres présentations du colloque exploreront la tradition orale ou encore la contribution de Marcel Adams, qui a construit les premiers grands centres d’achats de la capitale. Une communauté marginale Par rapport à celle de Montréal, la communauté juive de Québec est bien marginale. « C’est extrêmement différent. Elle n’a jamais compté plus de 500 personnes alors qu’à Montréal, la communauté a atteint jusqu’à 115 000 personnes en 1971. » Pourquoi en parler maintenant ? L’idée d’explorer le sujet est née lors des Fêtes du 400e de la fondation de Québec. « On a fait une exposition à la gare du Palais et on a ramassé beaucoup de témoignages, de photographies et d’entrevues, et j’ai décidé de réunir le matériel. » Beaucoup de Juifs sont nés à Québec mais ont quitté la ville parce qu’il y manquait la masse critique nécessaire et les leviers dont ils avaient besoin. « C’est difficile pour une personne d’origine juive de vivre dans une petite communauté : de s’y marier, de trouver tous les services. C’était aussi une situation particulière parce que les Juifs étaient sous le coup d’une loi provinciale qui les obligeait à étudier en anglais au primaire et au secondaire. Quand ils voulaient faire des études supérieures, ils devaient partir vers McGill ou d’autres universités anglophones. » La communauté a commencé à décliner dans les années 1960 et 1970 et demeure bien petite. Or depuis quelques années, un nouveau rabbin, Dovid Lewin, a ravivé la vie communautaire. Francophone, le rabbin Lewin appartient au mouvement hassidique loubavitch qui, contrairement à d’autres courants, prône une grande ouverture de la communauté. Il décrit sa communauté comme un groupe attachant, « une très petite communauté où on se sent très à l’aise ». S’y mêlent de vieilles familles, de plus jeunes ainsi que des étudiants de l’Université Laval et même des touristes. Leurs activités se déroulent dans un bungalow de la haute ville converti en synagogue. « On se réunit principalement autour d’activités de culte ou culturelles, des repas de fête », explique-t-il. Selon lui, environ 140 familles participent à la vie communautaire d’une manière ou d’une autre. Évidemment, il aimerait bien qu’ils soient encore plus nombreux.
Posted on: Sat, 02 Nov 2013 03:51:41 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015