Lettre à ELBE Toujours d’idylliques témoignages de ce bout - TopicsExpress



          

Lettre à ELBE Toujours d’idylliques témoignages de ce bout d’archipel qui aurait pu encore un peu échapper au temps ; et pourtant… ni dauphins ni poissons. La partie visible de l’iceberg ce sont les plages bondées de touristes qui font l’objet d’un nettoyage matinal quotidien et qui induisent toutes ces superbes images. Les petites criques en contrepartie, celles uniquement accessibles en bateau sont quant à elles révélatrices de l’état réel de la mer. Des bouteilles aux sacs plastiques en passant par les gobelets, chaussures et autres montagnes d’immondices. Impossible d’accoster et de s’y baigner. Autant de pièges mortels pour les dauphins en particulier et un holocauste pour la faune en général. Je ne sais pas si Jacques Mayol a rejoint les siens mais ce que je sais c’est que la sonnette d’alarme tirée par Cousteau est restée sans écho ; nous avons pourri la Méditerranée et bientôt les seuls mammifères et les seuls poissons que la surpêche et la stupidité humaine auront épargné seront ceux que nous avions pris en photo pour que les générations descendantes sachent qu’un jour ils ont existé. Je croyais, jusqu’à récemment encore, que le gouvernement toscan œuvrait pour préserver cette partie du littoral ; peut-être est-ce vrai pour Pianosa, Montecristo et les autres mais il semblerait à l’évidence que pour Elbe ce point souffre d’un grave défaut. Côté terre, bis répétita ; sur la route joignant Porto Azzuro à Marciana Marina via Porto Ferraio soit une trentaine de km ; je défie quiconque de trouver un mètre linéaire exempt des mêmes déjections (avec le verre en plus, car là il ne coule pas). Le manque de containers n’est pourtant pas en cause mais à quoi serviront-ils tant que les estivants (je ne parle pas des permanents qui avec humilité, gentillesse et courage défendent les valeurs de leur terre ni des étrangers dont les immatriculations représentent moins de un pourcent), n’auront pas été éduqués à la propreté ? Comment peut-on avoir reçu un aussi bel héritage de la nature et autant le souiller ? Nonobstant certaines initiatives comme celles de la petite crique de Nisportino où les bateaux ne peuvent mouiller à moins de deux cents mètres ou certaines enseignes où l’on peut disposer de sacs biodégradables ; retardent bien sûr ce phénomène de dégradation. Elles restent hélas trop timides et demanderaient à être généralisées et pérennisées. Terre de non droit également pour la faune sauvage ; sur la route ci-dessus citée, plusieurs hérissons écrasés rien que ce matin par des assassins seulement motivés par la vitesse dans les lacets ! Serait-il possible d’en extrapoler un nombre à l’année ? Tout simplement ahurissant, un carnage à la gloire de l’inconscience. Le plan d’occupation des sols n’ira bien sûr pas dans ce sens mais on en viendrait presque à regretter l’existence des rambardes de sécurité ! Napoléon, si tu voyais ce qu’ils ont fait de ton île ! Dois-je me considérer comme un privilégié à l’heure où beaucoup n’ont pu partir cette année ? Quel bilan dresser entre un monde irréellement parfait à la Matrix et une réalité à laquelle on souhaiterait échapper au Jour où la terre s’arrêta… ? Pour qu’Elbe redevienne la perle de l’archipel toscan il faudrait (au moins provisoirement) supprimer le touriste de l’équation. Dans cette optique pourquoi devrais-je également continuer à demander aux miens autant de sacrifices toute une année durant pour cautionner une île où les vingt-cinq espèces d’orchidées et tous ces arbustes fleuris plantés un peu partout ne sont qu’une mascarade pour cacher une crasse d’une incroyable ampleur, une île ou les non moins nombreuses variétés de minerais ne sont plus qu’une cerise sans le gâteau et ne font même plus honneur aux étrusques, une île qui méprise autant la nature où assurément plus je vois les humains et plus j’aime mes hérissons...
Posted on: Sun, 11 Aug 2013 17:09:13 +0000

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