L’AVIS DES POLITOLOGUES SALAH MOUHOUBI :«Ce n’est pas un coup - TopicsExpress



          

L’AVIS DES POLITOLOGUES SALAH MOUHOUBI :«Ce n’est pas un coup d’État, c’est une prise de conscience» «Il ne faut pas faire de confusion gravissime. Ce n’est pas un coup d’Etat qui vient de se produire. C’est simplement une prise de conscience de l’armée et de l’opinion publique. Si l’armée a décidé de réagir c’est que les officiers ont estimé que l’Égypte sombrait dans le chaos. L’armée, seule force organisée dans ce pays, a démontré qu’elle constitue un garde-fou pour assurer le bon fonctionnement des institutions quand le pouvoir politique s’éloigne des principes démocratiques et ne répond plus aux aspirations de la population. Ces aspirations sont sérieusement prises en compte. Par ailleurs, nous constatons que les agissements du Président Morsi sont dénoncés par son propre camp. Une crise politique se profile par la démission de cinq ministres de son gouvernement. Cela signifie qu’il n’y a plus unanimité pour gouverner le pays avec des méthodes d’un autre âge. Les Égyptiens ne sont pas descendus dans la rue pour satisfaire un caprice, mais parce qu’ils craignent pour l’avenir de leur pays. L’Égypte a payé, il y a quelques mois, un tribut très lourd pour changer le régime. Ils ne veulent pas que leur victoire soit volée par un courant qui ne représente que du vent car les Égyptiens sont en majorité musulmans. Ils n’ont pas besoin d’un parti au pouvoir pour affirmer leur islamité. La prise de conscience de l’armée est évidente car les militaires laissent le soin aux civils de s’organiser dès le départ de Morsi pour élaborer un nouveau système politique. Et ils ont dit clairement que s’il n’y avait pas d’accord entre les civils, à ce moment-là l’armée établirait une feuille de route qui respecterait certains principes démocratiques pour permettre à l’Égypte de retrouver la sérénité et la paix.» AHMED ADIMI : «L’Égypte se dirige vers une guerre civile» A mon avis, l’Égypte se dirige vers une guerre civile. Les Frères musulmans ne vont pas rester impassibles face aux militaires. La crise pourrait tourner au conflit confessionnel avec l’implication de la communauté copte. Il faut s’attendre au pire. Si Morsi démissionne dans 48 heures, ce sera un sérieux revers pour les islamistes, chose inacceptable pour les Frères musulmans. Et s’il ne démissionne pas, ce sera alors l’intervention de l’armée. Il faut donc s’attendre au pire. Nous constatons que l’Égypte est devenue un pays ingérable du point de vue économique et social. Avec un million d’enfants qui vivent dans les rues et sept millions dans les cimetières, ce pays est effectivement dans une situation très difficile. Du temps de Hosni Moubarak, l’Égypte était gérée grâce à la police, par la force. Mais depuis la chute de ce régime, les Égyptiens se sont libérés. Mohamed Morsi se retrouve face à cette situation d’anarchie et de liberté de l’opinion publique. Son bilan est très maigre, il n’a absolument rien fait. J’estime qu’en plus d’être otage du mouvement des Frères musulmans, Morsi est un personnage qui n’a pas réellement l’envergure et la force pour diriger l’Égypte. Dans son dernier discours, il s’est contenté de parler de trafic de bidons d’essence et de bouteilles de gaz butane. Mais, une des caractéristiques des partis islamistes est de ne pas aller dans le fond du problème. Ils préfèrent s’en tenir aux futilités. Au lieu de s’ouvrir sur les forces nationalistes et les forces du progrès contre les pro-Hosni Moubarak. Mais ils se sont renfermés sur eux-mêmes. Cela prouve qu’ils ne font confiance à personne. C’est encore un problème des islamistes dans les pays musulmans.» MOHAMED CHAFIK MESBAH : «L’armée agit comme un gardien du temple» «L’armée égyptienne est une armée nationale. Elle n’a pas été constituée sur une base clanique. C’est une armée qui, malgré les apparences, a été à la périphérie du pouvoir. Elle peut déléguer quelqu’un parmi elle pour diriger mais elle n’exerce pas directement le pouvoir. Cela lui permet de garder un caractère de neutralité afin de jouer un rôle de garant de la Constitution, de la souveraineté populaire et de la souveraineté nationale. Elle agit comme un gardien du temple. L’une des particularités de l’Égypte est que le maintien de l’ordre n’est pas du ressort de l’armée mais de la police. L’aspect renseignement politique dépend aussi du ministère de l’Intérieur, les Moukhabarat. Cela place l’armée dans un statut privilégié très positif. En fait, ce qui se déroule en Égypte, en Tunisie et dans tous les pays arabes où l’armée jouit de ce statut privilégié, montre que l’institution militaire ne peut pas être en dehors du jeu politique. Elle peut et elle doit jouer un rôle de garant. Et c’est tant mieux si elle se dresse contre toute tentative d’instauration d’un Etat théocratique, une nouvelle forme de dictature. Il faut dire que dans le cas de l’Égypte, les islamistes ont été confrontés à la réalité du terrain. Aujourd’hui, Mohamed Morsi n’a plus que deux possibilités : soit aller à la guerre civile soit accepter le rapport de force qui se dessine. Il semble par ailleurs que les Américains aient révisé leur jugement en décidant de ne pas mettre tout leur poids sur la balance en faveur des islamistes. Propos recueillis par Tarek Hafid Mardi 2 juillet 2013 lesoirdalgerie/articles/2013/07/02/print-2-150945.php
Posted on: Tue, 02 Jul 2013 01:10:59 +0000

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