L’un dit : « J’ai dans les yeux, l’or et les mille éclats, Des galions perdus dans le creux des tempêtes, La flamme des trésors, l’argent et les ducats, Aux pieds d’Eldorado dans le feu des conquêtes. L’amour et ses tourments sous des cheveux châtains, Bijoux, perles, colliers, bagues, verroteries, Butins des coffres lourds des amours incertains, Fanfreluches aux bouts des passementeries. Lacet que l’on défait après l’avoir noué, Parce qu’un long soupir : Oh mon Dieu soyez-sage ! Quand un tendre secret sur la bouche échoué Comme un flacon ouvert délivre un doux message. Les chevaux estourbis, harassés des serments, Sous les éperons pleins de folles équipées. Ô ma belle ! Attendez… et les égarements Des duels et les fleurs aux lames des épées. Mais l’or ne suffit pas et l’amour est un jeu, A l’aube les revers éteignent les victoires. Je sais que l’amant fou et que le boutefeu Saignent pareillement. Des masques dérisoires ». L’autre dit : « Je suis seul et le monde est prison. A l’Olympe et aux Dieux je préfère une cave, Tout s’efface un beau jour, la froide guérison Ou la mort – fruit nouveau – que l’âme désentrave. Ma demeure est un lieu dont les marches s’effritent, Monstrueux haut donjon des dragons et chimères, Vieille tombe, caveau, longues nuits où s’abritent, Les souvenirs au cœur des songes éphémères. J’ai gratté les couleurs, les lampes au plafond, Et ceint mon corps frileux, noir des inquiétudes. Vois mon sang ce radeau qui plonge si profond Sous l’âpre volupté des lentes solitudes. Je n’ai rien avec moi puisque nous partons seuls. J’ai tout brûlé - mon cœur - et le satin des soies Que le temps pose las les lunes aux linceuls, Juste un lointain soleil pour assombrir mes joies. Je vous laisse les mains qui tremblent et le goût Des peaux où les baisers sont de lentes morsures, Laissez-moi voulez-vous mes pleurs et le dégoût Des beautés sans parfum au coin des commissures ». Les Poètes – 31.05.2012
Posted on: Sat, 14 Sep 2013 08:35:49 +0000
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