Monusco: Meece – Kobler, blanc bonnet, bonnet blanc ? Arrivé - TopicsExpress



          

Monusco: Meece – Kobler, blanc bonnet, bonnet blanc ? Arrivé en Rdc à la tête de la Monusco depuis 2010, l’américain Roger Meece, fin mandat, vient de quitter la direction de la Monusco (Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo), devenue pratiquement une institution. Bonnet blanc, blanc bonnet ? Meece est remplacé par l’allemand Martin Kobler, nommé le 10 juin dernier. Celui-ci a pris officiellement ses fonctions hier mardi 13 août 2013 et semble promettre, mieux que son prédécesseur. L’allemand Martin Kobler vient de prendre son trône de patron de la Monusco. Ce, en remplacement de l’américain Roger Meece dont les Congolais n’auront pas retenu grand-chose depuis son avènement, il y a de cela 3 ans. Se mettant la corde au cou, le nouveau patron de la Monusco, doublé de Représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies en RDC a déclaré hier : « Nous avons la responsabilité de servir le peuple congolais et de l’aider à s’extirper de l’ombre d’un conflit vicieux qui a duré trop longtemps ». s’était-t-il exprimé lors de sa prise des fonctions. Mais, fera-t-il mieux que son prédécesseur ? Quand certains analystes vocifèrent que les deux ne font qu’un, ‘’bonnet blanc, blanc bonnet”, étant donné que le système n’a pas changé d’un iota, le diplomate onusien semble promettre en rétorquant : « la sécurité, la paix et le développement durables sont à notre portée, surtout dans l’est du pays où les populations ont tant souffert » des exactions des milices depuis plus de deux décennies. C’est pratiquement le même discours débité maintes fois par M. Meece qui, en quittant son poste, s’était dit confiant quant au retour de la paix et la sécurité durables dans les régions de la Rdc meurtries par l’activisme des groupes armés. Toutefois, c’est à l’ouvrage que l’on jugera le nouvel ouvrier, dans sa casquette de donneur de paix. Capitaliser sur la Brigade Martin Kobler, 60 ans, serait une personnalité providentielle pour mettre la Brigade au service de la nation congolaise, pense-t-on. Il est titulaire d’un diplôme en Droit de l’Université de Bonn, en Allemagne et jouit d’une forte expérience dans l’élaboration des politiques internationales relatives aux zones de conflit. De 2000 à 2003, il a été chef de cabinet de l’ancien ministre allemand des Affaires Etrangères Joschka Fischer. Il a passé plus de 25 ans dans ce ministère et a été Ambassadeur de son pays en Iraq et en Egypte. Avant sa nomination à la Monusco, Martin Kobler était le représentant spécial et chef de la Mission d’assistance des Nations unies pour l’Irak. Auparavant, il était représentant spécial adjoint à la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan. Il est marié et père de trois enfants. Mais malgré ce CV très fourni, sera-t-il à la hauteur en Rdc où l’embarras de la « communauté internationale » face à cette « nouvelle » crise, les critiques à l’encontre de la faible réactivité des troupes onusiennes (en raison des restrictions d’emploi assignées à leurs forces et de leur peu d’appétence pour « mourir pour Goma ») favorisent une captation du processus de gestion de crise par les acteurs régionaux ? La question reste entière. En effet, cette Brigade est sa béquille acquise. Par rapport à la Monusco qui conduit des actions robustes, la Brigade d’intervention a été créée, bénéficiant d’un mandat ciblé et coercitif en vue de la lutte contre les groupes armés de l’Est du Congo. Mais ce n’est que pour une durée d’1 an dont les jours tombent déjà comme des feuilles mortes. D’ores et déjà, plus une seconde à perdre. Il est impérieux de passer à l’action : des opérations militaires ciblées contre ces groupes, la participation au processus de DDRRR (Désarmement, démobilisation, rapatriement, réintégration et réinstallation) et l’appui à l’extension de l’autorité de l’Etat sont à privilégier, sans laisser de côté les activités de protection des civils, du ressort de la Monusco. La Brigade comprend de quoi en découdre avec les rebelles en un laps de temps : trois bataillons d’infanterie, une compagnie d’artillerie, une compagnie de forces spéciales et une compagnie de reconnaissance d’environ 3 000 hommes, provenant d’Afrique du Sud, de Tanzanie (qui en assure également le commandement avec le général James Mwakibolwa, arrivé en mai) et du Malawi,… et que dans la mesure du possible, les opérations de la Brigade seront conduites conjointement avec les FARDC ; des opérations unilatérales pourront être ponctuellement menées, les chances sont du côté de Kinshasa. En outre, l’Etat-major de la Brigade étant localisé à la sortie de Goma (dans un poste de commandement distinct de celui de la MONUSCO, c’est une chance supplémentaire, étant sous les ordres directs du Commandant de Force de la Monusco. L’Allemand Martin Kobler, son RSSG, devra rendre compte aussi bien aux Congolais qu’au DOMP. Planifiée pour avoir lieu en juin, l’opérationnalisation de la Brigade a été plus d’une fois repoussée. Le déploiement du contingent sud-africain a été plus long que prévu en raison de problèmes de planification et de logistique ; le déploiement du bataillon malawite, redéployé depuis la Côte d’Ivoire en mai, a également pris du retard, selon une source digne de foi. Elle a toutefois commencé à être active. Des opérations de reconnaissance de terrain, des patrouilles à travers la ville de Goma et ses environs, conjointement avec d’autres Casques bleus, indiens et jordaniens notamment, ont déjà été conduites. Du langage et des cibles Est-il question ici d’une force dissuasive ou d’une force d’imposition de la paix ? Martin Kobler le sait. Les premières cibles sont les M23, les Maï-Maï et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (Fdlr). L’ONU pourrait privilégier aujourd’hui cette dernière option afin de donner des gages aux autorités rwandaises, qui ont accusé, à plusieurs reprises, la Brigade de collusion avec les Fdlr. Le mandat de neutralisation des groupes armés de la Brigade a depuis le départ, suscité des interprétations divergentes. Lors de l’adoption de la résolution, le Pakistan, le Maroc, la Chine et la Russie ont souligné que le Conseil prenait, en mettant en place cette brigade offensive, « une décision exceptionnelle pour une situation exceptionnelle » et que cela ne saurait constituer un précédent pour le maintien de la paix. Les « gros » contributeurs de troupes craignent en effet que les actions de la Brigade ne remettent en cause l’impartialité globale de la Monusco. Ces réticences ont été prises en compte ; et même la Résolution 2098 ne parle pas d’« imposition de la paix » (peace enforcement) et qui intègrent cette force dans la conception générale du maintien de la paix. Pour leur part, le Secrétaire général tout comme son Envoyée spéciale pour les Grands Lacs, ont considéré que la Brigade devait retenir avant tout « une posture dissuasive » et être une « force de prévention ». Selon Mary Robinson, la primauté devait être accordée à un règlement politique de la crise. Cette circonspection est principalement motivée par la nécessité de prévenir toute escalade militaire entre les troupes de la Brigade et celles du M23, et par la conviction que la solution de la crise dans l’est du Congo sera fondamentalement politique. Là aussi, Kinshasa est dans la fièvre des Concertations politiques internes, pour ne pas donner l’arme au diable. Et le représentant de Ban-ki Moon le sait bien. Le problème est qu’une capacité de dissuasion ne peut s’acquérir qu’après un succès militaire démontrant la volonté de la Brigade à agir contre toute entrave à la stabilité. Dans l’intervalle, la Brigade doit pouvoir créer les conditions de la stabilisation ; ce qui suppose d’adopter, au moins temporairement, une posture offensive, lui permettant de réduire l’activité des groupes armés. Et le plus tôt serait le mieux. Si la robustesse du mandat de la Brigade est à l’évidence un signal d’engagement fort de la « communauté internationale » aux côtés du gouvernement congolais, des doutes persistent sur les capacités opérationnelles des contributeurs de troupes, sans parler de leur volonté réelle d’aller au combat contre des groupes armés pour certains aguerris et disposant de soutiens extérieurs. L’attitude du gouvernement rwandais, mis en cause à plusieurs reprises pour son soutien au M23 constitue une incertitude supplémentaire. Alors, rien ne doit être laissé au hasard par le mandat Kobler pour redonner paix et stabilité à la Rdc.
Posted on: Wed, 14 Aug 2013 18:37:08 +0000

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