On peut très bien imaginer une lecture d’Augustin permettant une découverte dissidente par rétroversion. Les anciens thèmes dualistes peuvent ainsi réapparaître chez des interprètes curieux, sans que les cathares aient été eux mêmes de nouveaux manichéens ! Il y a plusieurs saint Augustin : l’apôtre de l’immanence spirituelle (« ce qui est intérieur est meilleur (…) Tu (Dieu) étais au-dedans de moi, et moi, j’étais dehors » Confessions, X, 6 et 27 ) et l’évêque apologète des ambiguïtés catholiques. Déodat Roché dénonçait les contradictions de saint Augustin très allégoriste dans sa lecture risquée de l’Ancien Testament pour justifier le schéma catholique, mais particulièrement sévère et injuste dans ses réponses aux explications cosmologiques et théologiques (pourtant prudentes) des manichéens. Là l’évêque se révélait peu sensible aux dimensions ontologiques ou symboliques de ses contradicteurs. Plusieurs fois l’argumentation augustinienne se perd dans des développements alambiqués. De telles faiblesses littéraires et argumentaires -surprenantes chez le plus grand théologien de l’ancien occident chrétien- ne pouvaient certainement pas échapper aux savants pré scolastiques du Moyen Age, tentés ou pas par l’hétérodoxie. cf Incertitudes, les Cathares à Montpellier. p. 41-43
Posted on: Mon, 12 Aug 2013 10:11:03 +0000
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