ROND POINT > Les DEBATS Une mémoire constantinoise Par Djamel - TopicsExpress



          

ROND POINT > Les DEBATS Une mémoire constantinoise Par Djamel Eddine Merdaci Evoquer Constantine, ce n’est jamais parler des quartiers européens comme Bellevue, le plateau du Coudiat, ou le quartier Saint-Jean, la Pyramide, et les arcades de l’ex- Rue Rohault de Fleury. Pas même de la place de la brèche aujourd’hui disparue? Et c’est sans doute légitime car les Constantinois se sont réappropriés ces lieux qui avaient été pour eux des lieux d’exclusion comme l’avaient été pour Bab El Oued , la rue Michelet, ou la rue d’Isly et sans doute il en est de même pour les autres villes om les Algériens n’étaient pas chez eux. Ils ne l’étaient que dans les médinas qui avaient échappé à l’emprise de la conquête même si l’urbanisme colonial a volu les ceinturer et comme les encercler. Les casbahs o,t ont été des hauts lieux de résistance et de mémoire. Celle de Constantine ne déroge pas à cette tradition et a maintenu vivaces et vivantes les traits de l’identité algériennes dans les venelles de Sisi Djeliss, Rahbat Essoud, El Djezarine, la Souiqa, et Rabaïne Chérif. Vers la fin des années 1980 avait cependant émergé le quartier de Sidi Mabrouk qui existait déja depuis les années 1960 à la périphérie de la ville européenne mais dont l’administration coloniale avait voulu faire, bien tardivement, le site de la coexistence entre deux communautés séparées. Sidi Mabrouk était un vaste territoire scindé en deux parties: la supérieure et l’inférieure qui était venue s’y greffer avec l’édification d’une cité om vivaient les communautés algérienne et européenne. Nombreuses étaient les familles qui avaient quitté la médina pour aller s’installer dans les HLM de Sidi Mabrouk inférieur. Les enfants étaient scolarisés à l’école Ardaillan ou à la Nouvelle école - plus récente que la première- et les collégiens inscrits au collège Ferdinand Buisson de Sidi Mabrouk supérieur. Les élèves faisaient à pied le trajet du collège sur une route un peu vallonnée et déserte om ils ne croisaient que la petite paroisse qui semblait surgie de nulle part et qui ne suscitait leur intérêt que par l’existence d’un cinéma qu’entretenait un curé dévoué à la cause du 7ème art au point de fermer les yeux sur les resquilleurs les jours de projection. Le Européens d’alors s’appelaient Noto, Terroni, Palombo, noms qui attestaient d’une origine italienne évidente, Martin ou Pelletier, et les principales familles juives de Sidi Mabrouk inférieur étaient les Zerbib, Ghorlan, Dadoun, ou Lévy. Les communautés étaient voisines mais s’ignoraient car les tensions étaient fortes et chacun savaot où était son camp. Sidi Mabrouk supérieur et inférieur étaient sous haute surveillance. Partout la présence militaire et policière rappelait que la guerre était là et qu’elle n’avait pas été soldée par le plan de Constantine que le général Charles de Gaulle croyait être la panacée. Le moindre incident pouvait mettre le feu aux poudres et dans cette période très dure les incidents ne manquaient pas. Les chasseurs alpins venaient au petit matin réveiller brutalement les enfants pour les conduire à la salle des fêtes un peu en contrebas de Sidi Mabrouk inférieur, pris en otages pour briser psychologiquement les parents. Mais rien n’y faisait. La cause était entendue et les pressions, les menaces, n’empêchaient pas les enfants eux-mêmes de s’insurger contre la force brutale des policiers et des militaires qui n’hésitaient pas à lancer sur le quartier les détachements de harkis. Le temps était loin d’être à la pacification et les velléités de fraternisation s’étaient soldées par l’échec car pour les familles algériennes la cité où elles vivaient avait un caractère concentrationnaire. C’est pour cette raison que ce quartier appartient aussi à une mémoire et à une identité constantinoise. > Edition du 04 09 2013
Posted on: Tue, 03 Sep 2013 21:18:08 +0000

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