Ras-le-bol social La suspension de l’écotaxe et les mises - TopicsExpress



          

Ras-le-bol social La suspension de l’écotaxe et les mises en garde du gouvernement sur les risques de dérapage n’ont rien changé à l’affaire : la manifestation de samedi à Quimper a été un succès. C’est que le malaise est profond. Depuis des mois la Bretagne, comme bien d’autres régions, vit au rythme des suppressions d’emplois, touchant l’agro-alimentaire (les abattoirs Doux, Gad ou Tilly-Sabco, l’usine de transformation de saumon Marine Harvest, etc.), mais aussi les sites PSA ou Alcatel à Rennes. Les 15 à 30 000 manifestants de Quimper (agriculteurs, commerçants, artisans et surtout salariés, chômeurs et beaucoup de jeunes) ont crié leur colère contre les licenciements, l’écotaxe, mais aussi la baisse de leur pouvoir d’achat due aux bas salaires alors que les impôts augmentent. Des patrons qui pleurent la bouche pleine L’écotaxe n’est que la goutte d’eau qui fait déborder le ras-le-bol social. Mais le patronat s’est aussitôt engouffré dans la brèche, reprenant le refrain connu du coût du travail et de la compétitivité. En fait, les patrons n’ont jamais eu autant de libertés et de subventions publiques… et jamais autant licencié. La famille Doux, 146e fortune française, est réputée pour avoir touché plus d’un milliard d’euros de subventions européennes en quinze ans au titre de la Politique agricole commune. Doux et Tilly-Sabco justifient d’ailleurs les suppressions d’emplois par la fin des subventions européennes à l’exportation de viande de volaille annoncée en début d’année. En 2012, Tilly-Sabco a réalisé deux millions d’euros de bénéfices. Et Marine Harvest a déclaré 113 millions d’euros de bénéfices au premier semestre 2013… Le « Collectif des acteurs économiques de la Bretagne », dont le chef de file est le président du Medef Bretagne, profite de la situation même s’il n’a jamais envisagé de se joindre à la manifestation de Quimper. Il s’estime satisfait de la suspension de l’écotaxe et du dialogue renoué avec le gouvernement : un dialogue sur fond de nouvelles subventions bien sûr. En Bretagne comme dans le reste du pays : tous ensemble, derrière les travailleurs ! Au même moment et 70 km plus loin, à Carhaix, la CGT, le Front de gauche et les Verts organisaient leur petite manifestation à part, se disant les seuls à porter vraiment les revendications des salariés. Effectivement, les salariés doivent se méfier des patrons qui parlent à leur place, surtout quand ce sont ceux qui les licencient. Raison de plus pour s’adresser à ceux qui manifestaient plutôt que de leur tourner le dos. Quant à Mélenchon, il a trouvé malin de traiter les manifestants de Quimper de « nigauds », estimant « qu’à Quimper, les esclaves manifesteront pour les droits de leurs maîtres ». Les travailleurs, qui formaient le gros des manifestants de Quimper, n’ont pas besoin de leçon de morale, mais de perspectives. Le contraire de ce que fait Mélenchon. Faute de quoi, ce seront d’autres qui occuperont la place et utiliseront la colère des travailleurs pour mettre en avant leurs propres revendications. En Bretagne comme ailleurs, les travailleurs n’ont pas d’autre choix que de s’organiser s’ils veulent que ce soient leurs revendications qui soient mises en avant : interdiction des licenciements, hausse des salaires, imposition des plus riches et des revenus du capital. Ils pourraient alors entrainer avec eux le reste la population (artisans, agriculteurs, petits commerçants, etc.), tout en ne restant pas cantonnés aux seuls Bretons, mais en s’adressant au reste du pays qui connaît les mêmes problèmes. Être son propre porte-parole, c’est encore le meilleur moyen qu’on ne parle pas à sa place !
Posted on: Tue, 05 Nov 2013 08:07:30 +0000

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