“Tu veux que je te parle de souffrance ? TU VEUX QUE JE TE PARLE - TopicsExpress



          

“Tu veux que je te parle de souffrance ? TU VEUX QUE JE TE PARLE DE SOUFFRANCE ! Sais-tu seulement pourquoi je connais tous de vous, t’es-tu jamais posé la question ? Je sait tout parce que je vis tout en même temps que vous, tu comprends, je suis vous, je suis chacun de vous ! J’ai enduré à moi seul toutes les souffrances des Hommes, de tous les Hommes ! Tu veux savoir ce que c’est de souffrir ? Je vais te l’expliquer, moi, la souffrance : à cet instant précis, à cette seconde, je m’appelle Ratih, j’ai onze ans et je suis en train de mourir de faim dans mon village où j’en n’ai vu tant d’autres mourir avant moi. Je sais ce qui m’attend et je fais tout pour supporter, mais c’est trop dur, je ne tiens plus debout depuis des semaines, je suis allongé et des escarres me creusent la peau, ma mère ne me pleure même plus tellement elle a pleuré pour mes frères et soeurs partis avant moi. Je sais ce qui m’attend et j’ai mal. À cet instant précis, a cette seconde, je m’appelle François, j’ai quatre-vingt-dix ans et pas de visite depuis plus de huit ans à part l’infirmière, moi ce n’est pas mon ventre qui est vide c’est mon coeur, on m’a oublié, je n’existe plus pour personne, tu m’entends, pour personne, m’a propre famille, mes enfants, ils ne m’ont jamais détester, j’ai toujours été bon avec eux, mais je suis vieux et je les embarrasse, alors ils ont préféré m’oublier, me rayer de leur vie, j’ai envie de mourir mais la mort ne vient pas je ne veux pas me suicider car je crois en Dieu, alors j’attends, j’ai mal et j’attends. Mais ce qui me fait le plus mal, c’est qu’au matin de mon anniversaire ou bien le soir de Noël, j’ai toujours l’espoir. Pas une visite, non, juste un appel. Un appel qui n’arrive jamais. Et j’espérais encore les fois prochaines, s’il y en a. Je continue à te parler de souffrance ? À cet instant précis, à cette seconde, je m’appelle Amber, j’ai cinq ans et le monsieur qui était avec maman tout à l’heure lui a fait une piqûre dans le bras et il s’en est fait une lui aussi, maintenant maman dort par terre en parlant bizarrement, et le monsieur m’emmène dans ma chambre, baisse mon pantalon, il me touche partout, il me fait mal, il rentre ses doigts et je pleure mais si je crie il me dit qu’il va tuer ma maman, maintenant il m’allonge sur le ventre et il rentre quelque chose je ne peux pas m’empêcher de crier parce que je sens ma peau qui s’arrache et qui saigne et lui il me donne des coups par-derrière de plus en plus vite et de plus en plus fort je crois que cà s’arrache aussi à l’intérieur de moi et que sa saigne encore plus, et j’ai tellement mal que je vomis sur ma poupée et je m’évanouie. À cet instant précis, à cette seconde, je m’appelle Timo, je roulais tranquillement sur l’autoroute et un camion m’a percuté à pleine vitesse. Le choc a été terrible. Je suis incapable de bouger et je n’entends plus rien. Je parviens à redresser un peu ma tête et je ne vois pas mes jambes, mes pieds sont tombés à côté des pédales et je comprends que les morceaux de chair disséminés un peu partout sont à moi, ce sont mes jambes, je hurle mais je ne m’entends pas hurler, je regarde mon ventre et il est grand ouvert, je vois mes boyaux qui pendent, je me dis que non c’est un cauchemar, mais mon corps se réveille et la douleur aussi, le son revient et j’entends des gens qui crient tout autour, je vois une voiture qui brûle et des mains prisonnières qui frappent les vitres de l’intérieur au travers des flammes, je prie pour que tout s’arrête et je pense à ma femme et à mes parents, comme je les aimes. Tu veux encore de la souffrance ? À cet instant précis, à cette seconde, je m’appelle Santos, je suis sorti pour acheter des couches à ma petite Inaïa dans une boutique ouverte la nuit, pas très loin. Je suis à quelques centaines de mètres de chez moi, mais une bande de gamins des rues sort de nulle part, commence à m’entourer et à me demander de l’argent. Je leur donne toute la monnaie qui me reste, mais ils en veulent plus, l’un d’entre eux me frappe par-derrière, j’essaie de les calmer, ils sont trop nombreux, un deuxième me frappe au visage et les coups pleuvent, j’ai mal partout, ma tête part de tous les côtés et je m’effondre. Ils s’arrêtent. Mais l’un d’entre eux sort de son sac des piques à brochettes et les distribue aux autres, il leur dit qu’il faut m’embrocher comme le riche porc que je suis et les autres rient, ils s’approchent avec leurs piques à la main, la première se plante dans mon ventre et la douleur est terrible, je hurle au secours mais les lumières des appartements s’éteignent quand je regarde dans leur direction et les gamins continuent à rire, ils me plantent les piques dans le dos, dans les cuisses, ça ne s’arrête pas et j’ai toujours aussi mal, encore plus, puis ils m’en plantent dans le visage à travers les joue et ça les fait rire de plus belle, l’un d’entre eux s’approche est attrape ma tête d’une main, je le supplie mais il me dit de bien le regarder, et il plante la pique dans mon oeil et l’enfonce aussi fort que possible. Je sens le métal pénétrer, la douleur et la peur sont indicibles, j’entends les chairs qui s’écartent dans ma tête et puis plus rien. À cet instant précis, à cette seconde, je m’appelle Safiya, j’ai été mariée de force il y a longtemps, mais j’ai retrouvé mon premier et seul amour il y a quelques semaines, il était devenu veuf et nous nous sommes revus en secret. Mais on nous a dénoncés, et je me retrouve là, ligotée, cagoulée, enterrée jusqu’à la taille est recouverte d’un drap. J’entends les hommes autour de moi, ils crient, ils sont fous, je les entends faire s’entrechoquer les pierres qu’ils ont dans les mains, il leur tarde de me les lancer et j’ai tellement peur, j’ai peur d’avoir mal. La première pierre me frappe par surprise au visage, le choc est si violent qu’il me casse les dents et la mâchoire, les os de mon palais tombent sur ma langue et le flot de mon sang m’étouffe. La deuxième pierre arrive déjà, elle brise mes côtes qui me perforent un poumon, je n’arrive plus à respirer mais tout va si vite et si lentement, plusieurs pierre me frappent en même temps, si violemment que je n’arrive pas à crier, j’entends leur bruits sourd et la résonance de cette pluie dans ma tête tandis que mes os se brisent un à un, que ma peau et ma chaire se déchirent; j’ai si mal et je voudrais que tous les hommes meurent, mais ça y est la douleur s’en va, il ne reste plus que les cris de ces chiens et le bruit de mes os, ce sera fini bientôt… Tu en veux encore ? À cet instant précis, à cette seconde, je suis un enfant qu’on égorge pour le plaisir et je ne comprends pas, je ne comprends rien, j’ai peur et j’ai mal, je suis un homme à qui on coupe la main parce que j’ai volé un fruit mais j’avais trop faim et j’ai tellement mal, je suis une petite fille qui se noie dans la piscine de papi, je n’arrive pas à remonter et je sens l’eau qui entre et j’ai si mal, j’ai l’impression que je vais exploser de l’intérieur, je suis une cancéreuse en phase terminale qui vomit sa propre merde, je suis une mère qui accouche d’un enfant mort, je suis, je suis…” — Dieu est un pote à moi - Cyril Massarotto
Posted on: Sat, 26 Oct 2013 23:14:33 +0000

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