Voici un magnifique témoignage de M (pas notre administratrice ;)) : "Je leur en veux… - à cette jeune sage-femme de la maternité qui, me voyant perdue devant les pleurs et les cris de Violette, m’a dit avec un regard accusateur : « madame, votre bébé hurle de faim »..moi qui voulais tant l’allaiter, malgré les crevasses naissantes, les pleurs, le manque de sommeil (déjà) j’ai à peine tenu 2 jours avant de te donner un biberon. Pourtant, j’en avais lu des bouquins, des articles, j’étais même allée à des réunions, j’étais prête et tout le monde me disait « il ne faut pas céder au biberon, donne le sein, toujours, tout le temps et ça marchera bien »… - à ces pédiatres que l’on a consulté pour Violette qui hurlait tout le temps, ne dormait jamais sauf un peu dans nos bras, à ceux-là , ces incompétents qui nous ont dit « c’est votre premier ? vous savez un bébé ça pleure … et puis il y a des gros et des petits dormeurs» et qui ont été incapables de déceler son reflux avant son premier mois. Nous en avons vu 3 avant de trouver une oreille attentive ! un mois à l’entendre hurler nuits et jours, à se dire « mais il y a quelque chose qui ne va pas !!» , et un mois à s’entendre dire « elle grandit bien, tout va bien, vous avez un bébé impatient ! »…. - à ce groupe de pro allaitante que j’ai eu le malheur de solliciter pour l’allaitement de Rose..euh le sevrage en fait (oh mon dieu, mère indigne qui veut sevrer !). (Rose est née prématurément et sa grande force a été de refuser le biberon et de vouloir le sein de sa mère, un miracle pour moi car j’ai pu enfin allaiter 5 mois exclusivement, grâce à une équipe formidable du service de néonat.). Mais l’allaitement, celui tant attendu je l’ai mal vécu..trop mal vécu… surtout quand ce petit bébé de quelques kilos doit absolument manger, manger pour grossir .Pas le temps de dormir, je dois lui donner tous les 3 heures pour qu’elle « survive ». Alors dans ces conditions, l’allaitement c’est des questions incessantes : a-t-elle assez pris ? faut-il que je la force à manger ? est-ce qu’elle tète suffisamment ? longtemps ? il n’y avait rien de naturel dans ce geste car il était rempli d’angoisse. Rose doit être stimulée pour manger, puis elle tête 45 minutes (c’est long) puis elle s’étouffe, s’étrangle, puis elle pleure..puis elle crache …aucune harmonie dans tout cela…puis le doute arrive…elle pleure, elle hurle même…est-ce qu’elle ne serait pas atteinte d’un reflux elle aussi ? ou alors c’est mon lait qui n’est pas bon, ou pas assez abondant …Plein de questions jusqu’au diagnostic de reflux ! bingo ! Pleins de traitements qui ne la soulagent pas vraiment et cet allaitement que je subis…Alors, je sais que ma fille à un reflux, je sais qu’elle est encore plus fragile que les autres enfants, mais je sais que je ne tiendrais pas à lui donner le sein 10 fois par jour, je m’épuise, je m’épuise d’être qu’à elle, tout le temps, à chaque heure...je pleure de fatigue, de désillusion…et je décide de commencer le sevrage pour redevenir « moi » et l’aider mieux, pour aussi pouvoir passer le relais et dormir juste 5 heures de suite…juste dormir ! Rose refuse le biberon, elle hurle, elle veut..moi ! elle n’a connu que cela en même temps. Elle a 5 mois et à chaque refus de biberon je pleure, je m’en veux et je vois qu’elle ne veut pas me rendre ma liberté. Et puis je demande de l’aide à des (pro)allaitantes pour ce sevrage, pour qu’elle accepte ce biberon. Elles ont répondu à mon appel en me culpabilisant, surtout les « acharnés de l’allaitement » : « Pourquoi sevrer ? c’est encore plus fatiguant de donner le biberon ! ton enfant est malade en plus, tu vas le rendre encore plus malade ! donner du lait artificiel c’est vraiment pas ce qu’il faut faire, et puis certainement que ta fille est allergique au protéine de lait de vache si elle a un reflux»…me voila bien ! et à ce moment, on se sent très seule et fautive, très « mère indigne » malgré les explications que l’on peut donner… un coup de poignard dans le dos…je leur en veux de n’avoir pas su m’aider à sevrer, d’avoir juger très vite, trop vite, je leur en veux de m’avoir encore plus culpabiliser. Rose n’a jamais été allergique au lait de vache, Rose a 9 mois et a toujours son reflux même sans mon lait. Rose a accepté le biberon grâce à l’amour de sa mamie, ma mère qui m’a aidé dans ce passage difficile. Moi je suis partie vite de ce groupe de malades ! - à certaines personnes de mon entourage qui n’ont pas compris ma détresse et mon envie d’allaiter. J’ai eu droit de la part des biberonneuses aux classiques : « ton lait n’est pas nourrissant » « tu n’as pas assez de lait » et de la part des allaitantes « ah bon, 45 minutes, c’est trop long elle doit prendre sa ration en 20 minutes » « des pics de croissance ? je connais pas, le mien tétait 6 fois par jour à 1 mois et faisait ses nuits.. » euhhhh Tout cela pour dire que finalement j’en veux à beaucoup de monde. Je pensais que les sages-femmes allaient me guider dans mon allaitement, que les pédiatres savaient quand un enfant est malade, que les allaitantes étaient de bons conseils même sur le sevrage et que les gens de ma famille m’écouteraient et me soutiendraient. En fait, j’en veux aussi beaucoup à moi, de ne pas être arrivée à me faire confiance et à suivre mon instinct, de ne pas être sure de mes choix. Je m’en veux d’avoir pensé être une « mauvaise mère » alors que j’ai tout donné à mes filles. Avec du recul, je suis aujourd’hui très fière d’avoir pu les calmer, les choyer, les nourrir, aussi difficile que cela a été par certains moments. M"
Posted on: Thu, 19 Sep 2013 12:36:37 +0000
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