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" ... Vu de France, leur succès est une énigme. Leur logo ressemble à s’y méprendre à une croix gammée. Ils traquent, tabassent ou défigurent jeunes, vieux et femmes sous prétexte qu’ils sont immigrés, musulmans ou « rouges ». Africains, Albanais, Afghans ou Pakistanais ? « Des espèces de sous-hommes qui ont envahi notre patrie en nous ramenant toutes sortes de maladies », explique l’une de leur députée, Eleni Zaroulia, au Parlement grec. Leurs élus exhibent des armes à feu, intimident d’autres députés ou font le salut nazi en plein hémicycle. Mi-mai, l’un de leur député pénètre au sein du Parlement avec un revolver. Il aurait déclaré au policier en faction : « Je préfère avoir quelqu’un en premier, avant qu’ils me choppent. » Des lettres de menaces de mort, arborant leur logo, sont adressées à des journalistes ou à l’Association des musulmans de Grèce. Des images montrent leurs militants aux côtés de la police anti-émeute, participant à la répression des manifestations de gauche anti-austérité… ... « Pour eux, pas de distinction, toute la gauche doit aller dans des chambres à gaz », commente Moisis Litsis, l’un des fondateurs du Comité grec contre la dette et responsable syndical, lui-même est pointé du doigt par la presse d’extrême droite comme « trésorier [de son syndicat] et juif ». ... Qui sont les électeurs de l’Aube dorée ? « La répartition des votes est à peu près égale dans toute la Grèce, y compris dans les petites villes et les villages où il n’y a pas de présence de migrants », explique Dimitris Psarras. Le parti a obtenu son premier succès électoral dans le centre d’Athènes, en faisant élire son chef Nikólaos Michaloliákos comme conseiller municipal. ... « Ceux qui ont encore un espoir votent pour Syriza (la nouvelle coalition de gauche, passée en 3 ans de 4,5% à 17% et créditée de 25% à 30% dans les sondages, ndlr). Ceux qui sont désespérés votent pour Aube Dorée », avance le spécialiste de l’extrême droite. L’électeur type du parti néo-nazi est « un homme plutôt jeune avec un niveau d’éducation plutôt bas ». Ses candidats remportent un certain succès chez les travailleurs non qualifiés, les chômeurs de longue durée – le taux de chômage est officiellement de 27% – et les petits patrons. Le parti à la croix gammée stylisée plaît aussi chez les policiers : 40% des agents des « forces spéciales » employées pour le maintien de l’ordre auraient voté Aube dorée aux dernières législatives. Un implantation beaucoup plus inquiétante que dans l’armée où l’organisation plafonne, pour l’instant, aux alentours de 10%. Rappelons que c’est la police qui est chargée d’enquêter sur les crimes racistes et les agressions anti-immigrés. « Il y a aussi des gens qui ont bénéficié des réseaux clientélistes du Pasok (qui a gouverné la Grèce pendant quasiment deux décennies, ndlr), qui n’en profitent plus, se sentent trahis et veulent aujourd’hui prendre leur revanche sur les politiciens », complète Panagiotis Grigoriou. ... Outre l’antisémitisme, le racisme et les références au nazisme, les influences des année 30 sont très présentes dans son programme. Il revendique une « Grande Grèce », s’étendant de l’Albanie à Chypre, en passant par des territoires bulgares ou turques. Si l’Allemagne impose une austérité drastique à l’Europe méditerranéenne, c’est la faute « des juifs qui ont persuadé Angela Merkel de mener cette politique », décrit Dimitris Psarras. Les théoriciens du parti rêvent d’un nouvel axe privilégié entre la Grèce et la Russie, le nouveau régime autoritaire à la mode chez l’extrême droite européenne, y compris pour Marine Le Pen. ... La menace Aube dorée peut-elle être jugulée ? Pas par le gouvernement actuel qui se contente de mettre sur le même pied l’organisation néo-nazie et la gauche radicale de Syriza. Et reprend à son compte certaines propositions des sulfureux députés, comme le recensement des enfants d’immigrés inscrits en crèche, sous prétexte qu’il n’y aurait pas assez de places pour les Grecs, ou la multiplication des rafles contre les sans-papiers. Sur le terrain, des actions de solidarité dans les quartiers et de résistances face aux « patrouilles » d’Aube dorée se multiplient, à l’initiative notamment des mouvements anarchistes et antifascistes. Sur l’échiquier électoral, la gauche demeure très divisée et éparpillée. Le très orthodoxe Parti communiste grec (KKE, 8,5% des voix en 2012) fait cavalier seul. Le centre-gauche (Dimar, 6%) a choisi de participer à la coalition gouvernementale, rendant difficile une future alliance avec Syriza (17%), elle-même de plus en plus critiquée par les formations d’extrême gauche pour son « institutionnalisation ». Si tant est que la gauche accède au pouvoir, encore faut-il qu’elle se donne les marges de manœuvres nécessaires pour sortir la Grèce de la spirale infernale. « Comparé à d’autres périodes difficiles, cette fois, on ne voit pas d’avenir, même lointain. C’est cela qui est grave. Dans cette situation, Aube dorée peut soit stagner, soit progresser, mais la déloger va être compliqué », estime Panagiotis Grigoriou. La nuit brune de l’Aube dorée recouvrira-t-elle la #Grèce ? "
Posted on: Tue, 23 Jul 2013 09:48:42 +0000

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