ÉTUDES SUR LA PAROLE DE DIEU DEUXIÈME ÉPITRE AUX CORINTHIENS - TopicsExpress



          

ÉTUDES SUR LA PAROLE DE DIEU DEUXIÈME ÉPITRE AUX CORINTHIENS par J.-N. Darby 5a8 5 Chapitre 5 Ce n’est pas seulement qu’il y a des choses invisibles et glorieuses : les chrétiens y ont leur part. Nous savons, dit l’apôtre en leur nom, que si cette maison terrestre — passagère comme elle l’est — est détruite (et peu s’en était fallu qu’il en eût été ainsi pour Paul), nous avons un édifice de la part de Dieu, une maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux. Précieuse certitude! il le savait. Les chrétiens le savent comme étant une partie de leur foi. Nous savons (*) — certitude qui faisait que cette gloire qu’il savait lui appartenir, était par la puissance de l’Esprit Saint, une espérance réelle et pratique dans son coeur, une réalité présente par la foi. Il voyait cette gloire comme une chose qui lui appartenait, et dont il devait être revêtu. C’est pourquoi aussi il gémissait dans sa tente, non pas comme tant de gens le font, parce que les désirs de sa chair ne pouvaient être accomplis, et que la satisfaction du coeur ne se trouve pas pour l’homme lors même que ces désirs sont accomplis, ni parce qu’il était incertain de son acceptation, et ne savait si la gloire était sienne ou non ; mais parce que le corps était une entrave que tendait à affaiblir la vie divine, et à le priver de la pleine jouissance de cette gloire que la vie nouvelle voyait et désirait, et que Paul voyait et admirait comme étant sienne. C’était pour l’apôtre un fardeau que la nature humaine terrestre. Ce n’était pas pour lui une peine de ne pas pouvoir satisfaire aux désirs de cette nature, mais c’en était une de se trouver encore dans cette nature mortelle, parce qu’il voyait quelque chose de meilleur. (*) Ce «nous savons» est en fait une expression technique pour dire ce qu’est la portion des chrétiens. «Nous savons que la loi est spirituelle» ; «nous savons que le Fils de Dieu est venu» ; etc. Ce n’était pas toutefois qu’il désirât d’être dépouillé, car il voyait dans le Christ glorifié une puissance de vie capable d’absorber et d’annuler toute trace de mortalité ; et le fait que Christ était là-haut dans la gloire était le résultat de cette puissance et en même temps la manifestation de la portion céleste qui appartient aux siens. Ainsi l’apôtre désirait, non pas d’être dépouillé, mais d’être revêtu, et que ce qui était mortel en lui fût absorbé par la vie, que la mortalité qui caractérisait sa nature humaine terrestre disparût devant la puissance de vie qu’il voyait en Jésus et qui était sa vie. Cette puissance était telle qu’il n’était pas nécessaire de mourir. Or ce n’était pas une espérance qui n’avait de fondement que celui que le désir, réveillé par la vue de la gloire, pouvait produire : Dieu avait formé les chrétiens pour cela même. Celui qui était chrétien était formé dans ce but et non pour autre chose. C’était Dieu lui-même qui l’avait formé pour cette gloire, dans laquelle Christ, le dernier Adam, était à la droite de Dieu. Précieuse assurance ! Heureuse confiance dans la grâce et dans l’oeuvre puissante de Dieu ! Quelle joie ineffable de pouvoir tout attribuer à Dieu lui-même, d’être ainsi assuré de son amour, de le glorifier comme le Dieu d’amour, notre Bienfaiteur, de savoir que c’est son oeuvre, et que nous reposons sur une oeuvre accomplie, l’oeuvre de Dieu. Ce n’est pas ici se reposer sur une oeuvre faite pour nous ; mais c’est, chose précieuse, la conscience que nous avons que Dieu nous a faits pour cela : «Nous sommes son ouvrage.» Une autre chose cependant était nécessaire pour jouir de cette espérance quand on n’était pas encore glorifié de fait. Dieu nous l’a donnée : ce sont les arrhes de l’Esprit. Ainsi nous avons la gloire devant nous, nous sommes formés pour elle par Dieu lui-même, et nous avons les arrhes de l’Esprit jusqu’à ce que nous soyons dans la gloire, et nous savons que Christ a si complètement vaincu la mort, que si le temps était venu, nous serions transformés en gloire sans passer par la mort. Ce qui est mortel serait absorbé par la vie. Telle est par grâce notre portion dans le dernier Adam, par la puissance de vie dans laquelle Christ a été ressuscité. Mais ensuite l’apôtre traite de l’effet de la vie quant à la portion naturelle du premier homme déchu, la mort et le jugement : car le témoignage ici est complet. Quel est donc l’effet de la possession de la vie en Christ appliqué à la mort et au jugement, les deux objets naturels des craintes de l’homme, le fruit du péché? Si nos corps ne sont pas encore transformés, et si ce qui est mortel n’est pas encore absorbé par la vie, nous sommes également pleins de confiance, parce que, étant formés pour la gloire, et Christ, qui a manifesté la puissance victorieuse qui Lui a ouvert le chemin du ciel, étant notre vie, si nous quittons cette tente et sommes absents du corps avant d’être revêtus de la gloire, cette vie que nous possédons reste intacte ; elle a déjà, en Jésus, triomphé de tous les effets de la puissance de la mort. Ainsi, si nous mourons, nous serons présents avec le Seigneur ; car nous marchons par la foi, non par la vue des choses excellentes que nous espérons. Ainsi nous préférons être absents du corps et être présents avec le Seigneur. C’est pourquoi nous cherchons à Lui être agréables, soit que nous soyons trouvés absents de ce corps, ou présents dans ce corps, lorsque Jésus viendra pour nous prendre à Lui et nous faire partager sa gloire. Et cela nous conduit au second point — le jugement. Car il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive selon ce qu’il aura fait dans le corps, soit bien, soit mal (v. 9, 10). Pensée heureuse et précieuse après tout, quelque solennelle qu’elle soit ; car si nous avons réellement compris la grâce, si nous sommes fondés dans la grâce, si nous savons ce que Dieu est, qu’il est tout amour pour nous, toute lumière pour nous, nous aimerons à être dans la pleine lumière. C’est une délivrance précieuse que de s’y trouver. C’est un fardeau, un poids sur le coeur, que quelque chose de caché ; et quoiqu’il y ait eu en nous beaucoup de péchés que personne ne connaît ; peut-être même des péchés que nous avons commis et qu’il ne serait d’aucun profit à personne de savoir, c’est un soulagement, si nous connaissons l’amour parfait de Dieu, que de savoir que tout est dans la parfaite lumière devant Lui. C’est ce qui arrive par la foi, et pour la foi, dans tous les cas où l’on jouit d’une paix solide ; on est devant Dieu tel qu’il est, et l’on s’y trouve tel que l’on est, c’est-à-dire en soi-même rien que péché, hélas! sauf en ce que Dieu a opéré lui-même en nous vivifiant ; et Dieu est tout amour dans cette lumière dans laquelle nous sommes placés ; car Dieu est lumière, et il se révèle Lui-même. Sans la connaissance de la grâce, nous craignons la lumière, et il ne peut en être autrement ; mais quand nous connaissons la grâce, quand nous savons que le péché a été ôté pour ce qui regarde la gloire de Dieu, et que l’offense n’est plus sous ses yeux, nous aimons à être dans la lumière. C’est une joie pour nous, c’est ce dont le coeur a besoin ; il ne peut être satisfait s’il n’est pas dans cette lumière, lorsqu’il est animé de la vie du nouvel homme. La nature du nouvel homme est d’aimer la lumière, d’aimer la pureté dans toute cette perfection qui n’admet pas le mal des ténèbres et qui exclut tout ce qui n’est pas elle-même. Or, être ainsi dans la lumière et «être manifesté», c’est une seule et même chose, car la lumière manifeste tout. Nous sommes dans la lumière par la foi quand notre conscience est dans la présence de Dieu ; nous serons selon la perfection de cette lumière quand nous paraîtrons devant le tribunal du Christ. J’ai dit, et il en est ainsi, que c’est une chose solennelle, que tout soit jugé selon cette lumière, mais c’est ce que le coeur aime, parce que, grâces en soient rendues à notre Dieu, nous sommes lumière dans le Seigneur. Mais il y a plus que cela. Quand le chrétien est ainsi manifesté, il est déjà glorifié et parfaitement semblable à Christ, et n’a alors aucun reste de la mauvaise nature dans laquelle il a péché. Il peut regarder en arrière sur tout le chemin par lequel Dieu l’a conduit en grâce, l’a aidé, soutenu, gardé de chute, Lui qui ne retire pas ses yeux de dessus le juste. Il connaît comme il a été connu. Quelle histoire de grâce et de miséricorde! Si maintenant je regarde en arrière, mes péchés ne pèsent pas sur ma conscience, bien que j’en aie horreur : Dieu les a jetés derrière son dos. Je suis la justice de Dieu en Christ ; mais quel sentiment d’amour et de patience, de bonté et de grâce! Combien tout apparaîtra plus parfait alors, quand tout sera devant moi. Assurément il y aura un grand gain quant à la lumière et à l’amour, lorsque nous rendrons compte de nous-mêmes à Dieu, sans qu’il reste une trace de mal en nous. Nous serons semblables à Christ. Si quelqu’un craint de voir tout placé ainsi devant Dieu, je ne pense pas qu’il soit affranchi quant à la justice — quant à être justice de Dieu en Christ ; il n’est pas pleinement dans la lumière. Et nous n’avons pas à être jugés pour quelque chose que ce soit ; Christ a tout ôté. Mais il y a une autre idée dans le passage qui nous occupe, savoir celle de rétribution. L’apôtre ne parle pas d’un jugement sur les personnes, parce que les saints sont compris parmi elles, et que Christ s’est mis à leur place pour ce qui regarde le jugement de leurs personnes. «Il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus» ; ils ne viennent pas en jugement, mais chacun sera manifesté devant le tribunal de Christ, et recevra ce qu’il aura fait dans son corps. Le bien ne mérite rien : il a reçu ce par quoi il a fait ce qui est bien ; la grâce l’a produit en lui ; toutefois il en recevra la récompense : ce qu’il a fait est estimé comme étant de lui. Si, en négligeant la grâce et le témoignage de l’Esprit en lui, les fruits que le chrétien aurait dû produire ont été écartés, il en portera les conséquences. Ce n’est pas que, dans ce cas, Dieu l’ait abandonné, ce n’est pas que le Saint Esprit n’ait pas agi en lui à l’égard de l’état où il se trouve, mais cette action s’exercera dans la conscience du croyant, en jugeant la chair qui l’a empêché de porter le fruit naturel de la présence du Saint Esprit et de son opération dans le nouvel homme. De sorte que le Saint Esprit aura fait tout ce qui était nécessaire en rapport avec l’état du coeur où il demeurait ; et le conseil parfait de Dieu à l’égard de la personne elle-même aura été accompli, sa patience aura été manifestée, aussi bien que sa sagesse, ses voies en gouvernement et les soins qu’il daigne prendre de chaque croyant individuellement dans son amour plein de condescendance. Chacun aura sa place selon qu’elle lui est préparée du Père. Mais le fruit naturel de la présence et de l’opération du Saint Esprit dans une âme, qui a ou qui aurait dû avoir, d’après les avantages dont elle a joui, une certaine mesure de lumière, ce fruit, dis-je, n’aura pas été produit. Ce qui en a empêché la production sera manifesté. Tout ce qui était bien et mal en soi-même sera jugé selon le jugement de Dieu, avec un sentiment solennel de ce que Dieu est, et une fervente adoration à cause de ce qu’il a été pour nous. La parfaite lumière sera appréciée, les voies de Dieu seront connues et comprises dans toute leur perfection, en appliquant la lumière parfaite à toute la suite de notre vie et des voies de Dieu envers nous, dans lesquelles nous reconnaîtrons entièrement que l’amour parfait, souverain, au-dessus de tout, a régné avec une grâce ineffable. Ainsi la majesté de Dieu aura été maintenue par son jugement, en même temps que la perfection et la tendresse de ses voies resteront gravées comme éternel souvenir dans nos âmes. La lumière sans nuages ni ténèbres sera comprise dans sa propre perfection. La comprendre, c’est y être et en jouir. Or, la lumière, c’est Dieu lui-même. Quelle chose que d’être ainsi manifesté ! Quel amour que celui qui, dans sa parfaite sagesse et dans ses voies merveilleuses, dominant tout le mal, a pu amener des êtres tels que nous à jouir de cette lumière sans nuages ! Quel amour que celui qui a pu amener à jouir de cette lumière des êtres ayant la connaissance du bien et du mal, cette prérogative naturelle de ceux-là seuls dont Dieu peut dire «l’un de nous» ; des êtres sous le joug du mal qu’ils connaissaient, et chassés par une mauvaise conscience loin, de la présence de Dieu à qui cette connaissance appartenait ! Oui, quel amour que celui qui a introduit dans la pure lumière des êtres ayant dans leur conscience un témoignage assez puissant de ce qu’était le jugement de Dieu, pour leur faire éviter sa présence et pour être misérables, mais rien pour les attirer vers Lui qui seul pouvait porter remède à cette misère ! Quel amour et quelle sainte sagesse se trouvaient en Dieu pour amener de tels êtres à la source du bien, du pur bonheur, où la puissance du bien repousse absolument le mal que le bien juge. Pour ce qui est des injustes, ils auront, au jour du jugement, à répondre personnellement pour leurs péchés, sous une responsabilité qui pèse tout entière sur eux-mêmes. Quel que soit le bonheur de se trouver dans la parfaite lumière, et ce bonheur est complet et divin dans son caractère, c’est du côté de la conscience que ce sujet est présenté ici. Dieu maintient sa majesté par le jugement qu’il exécute, comme il est écrit : «L’Éternel s’est fait connaître par le jugement qu’il a exécuté» (Ps. 9: 16) ; là, dans son gouvernement du monde, ici, dans son jugement éternel, final et personnel ; et, pour ma part, je crois qu’il est d’un grand profit pour notre âme que nous ayons le jugement de Dieu présent à nos pensées, et que le sentiment de l’immuable majesté de Dieu soit maintenu dans notre conscience par ce moyen. Si l’on n’était pas sous la grâce, ce serait et devrait être insupportable ; mais le maintien du sentiment de la majesté d’un Dieu juge, ne contredit pas la grâce ; au contraire, c’est sous la grâce seule qu’il peut exister dans sa vérité ; car qui autrement, si ce n’est un homme complètement aveugle, supporterait un instant la pensée de «recevoir ce qu’il a fait dans le corps» ? Mais l’autorité, la sainte autorité de Dieu, qui s’affirme elle-même dans le jugement, est une partie de nos relations avec Lui, et le maintien de ce sentiment dont nous parlons, associé à la pleine jouissance de la grâce, une partie de nos saintes affections spirituelles. C’est la crainte du Seigneur ; elle l’est dans ce sens que «bienheureux l’homme qui craint continuellement» (Prov. 28: 14). Si la pensée du jugement affaiblit le sentiment que l’amour de Dieu repose pleinement, éternellement sur nous, alors nous quittons le seul terrain possible d’une relation quelconque avec Dieu, à moins qu’on n’appelle la perdition une relation. Mais dans la douce et paisible atmosphère de la grâce, la conscience maintient ses droits et son autorité contre les empiètements subtils de la chair, et elle le fait par le sentiment du jugement de Dieu en vertu d’une sainteté qui ne saurait être séparée du caractère de Dieu sans nier qu’il y a un Dieu : car s’il y a un Dieu, il est saint. La conscience que nous devons tous être manifestés devant le tribunal de Christ engage le coeur du croyant accepté de Dieu à chercher à plaire au Seigneur à tous égards ; et, dans le sentiment de tout ce qu’il y a de solennel pour un pécheur de paraître devant Dieu, l’amour qui accompagne nécessairement ce sentiment dans le coeur du croyant, pousse celui-ci à persuader les hommes en vue de leur salut, tandis qu’il maintient sa propre conscience dans la lumière. Or celui qui maintenant marche dans la lumière, celui dont la conscience réfléchit cette lumière, ne la craindra pas au jour où elle paraîtra dans sa gloire. Il nous faut être manifestés ; mais marchant dans la lumière dans le sentiment de la crainte de Dieu, réalisant son jugement du mal, nous sommes déjà manifestés à Dieu : rien n’empêche le doux et assuré courant de son amour. En conséquence la marche de celui qui lui-même est manifesté à Dieu se légitime à la longue dans la conscience des autres ; il est manifesté comme marchant dans la lumière. Nous trouvons donc ici les deux grands principes pratiques du ministère : 1° marcher dans la lumière, dans le sentiment du jugement solennel de Dieu à l’égard de chacun ; 2° la conscience étant ainsi pure dans la lumière, ce sentiment du jugement (qui ne peut troubler pour elle-même l’âme, ni obscurcir la vue qu’elle a de l’amour de Dieu) pousse le coeur à chercher, par amour, les âmes en danger de ce jugement. Cela se rattache à la doctrine de Christ, le Sauveur, par sa mort sur la croix, et l’amour du Christ nous étreint, parce que nous voyons que si un est mort pour tous, c’est que tous étaient morts. Tel était l’état universel des âmes : l’apôtre cherche ces âmes afin qu’elles vivent par Christ à Dieu. Mais cela va plus loin. Premièrement, par rapport à ce qui était le lot de l’homme déchu, la mort, elle est un gain pour le croyant. S’il est absent du corps, il est présent avec le Seigneur. Quant au jugement, il en reconnaît la solennité, mais cela ne le fait pas trembler. Il est en Christ — il sera semblable à Christ, et Christ, devant qui il doit être manifesté, a ôté tous les péchés pour lesquels il devait être jugé. L’effet produit, en l’amenant pleinement manifesté en la présence de Dieu maintenant, est un effet sanctifiant. Mais cela stimule son amour envers les autres. Ce n’est pas seulement par la crainte du jugement à venir pour eux ; l’amour de Christ l’étreint — l’amour manifesté dans la mort. Et cela prouve plus que les actes de péché qui amènent le jugement ; Christ est mort, parce que tous étaient morts. L’Esprit de Dieu va à la source et à la racine de leur condition tout entière, de leur état, et ne considère pas seulement les fruits d’une mauvaise nature — tous étaient morts. Nous avons le même enseignement important en Jean 5: 24 : «Celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement (celui qui s’applique aux péchés) ; mais il est passé de la mort à la vie» ; il est sorti, comme un être déjà perdu, de tout cet état et de cette condition, et a passé dans un autre état et une autre condition en Christ. Cela est un aspect très important de la vérité. Et la distinction entre ces deux états, largement développée en Romains, se trouve en plusieurs passages. L’oeuvre de la manifestation devant Dieu dans la lumière est déjà vraie, pour autant que nous avons réalisé la lumière. Ne puis-je pas, étant maintenant en paix, regarder en arrière à ce que j’étais avant ma conversion, et à tous mes manquements depuis ma conversion, humilié, mais adorant la grâce de Dieu dans tout ce qu’il a fait pour moi, mais sans une pensée de crainte ou d’imputation de péché? Cela n’éveille-t-il pas un très profond sentiment de tout ce qu’est Dieu en sainte grâce et en amour, en patience illimitée envers moi, me gardant, m’aidant et me restaurant? Tel sera le cas d’une manière parfaite quand nous serons manifestés, quand nous connaîtrons comme nous avons été connus. Afin que ce point soit rendu encore plus clair — car il est important — j’ajouterai ici quelques observations de plus. Ce que nous trouvons dans ce passage, c’est la parfaite manifestation de tout ce qu’une personne est et a été devant un trône caractérisé par le jugement, sans que la personne en question soit jugée comme coupable. Sans doute que, quand le méchant reçoit les choses faites dans le corps, il est condamné. Mais il n’est pas dit ici «jugé», car alors tous doivent être condamnés. Mais cette manifestation est précisément ce qui amène moralement tout devant le coeur, lorsqu’il est capable de juger le mal pour lui-même : s’il était sous le jugement, il ne le pourrait pas. Affranchi de toute crainte, dans la parfaite lumière et avec la consolation de l’amour parfait — car là où nous avons la conscience du péché, sans qu’il nous soit imputé, nous avons le sentiment, quoique d’une manière qui humilie, de l’amour parfait — et en même temps avec le sentiment de l’autorité et du gouvernement divin pleinement démontré dans l’âme, tout est jugé par l’âme elle-même comme Dieu le juge, et en communion avec Lui. Cela est extrêmement précieux. Il faut nous rappeler que, quand nous paraissons devant le tribunal du Christ, nous sommes déjà glorifiés. Christ est venu lui-même dans son grand amour, nous chercher, et a changé notre corps d’humiliation en la conformité du corps de sa gloire. Nous sommes glorifiés et semblables à Christ avant que le jugement ait lieu. Et remarquez l’effet produit sur Paul. Est-ce que la pensée d’être manifesté éveille en lui l’anxiété ou la crainte? Nullement. Il réalise toute la solennité d’un tel moment. Il sait combien le Seigneur doit être craint ; il l’a devant les yeux, et quelle est la conséquence? Il se met à persuader d’autres qui ont besoin de cette crainte. Il y a, pour ainsi dire, deux parties dans la nature et dans le caractère de Dieu : sa justice qui juge tous, et son amour parfait. Les deux sont unis pour nous en Christ, et sont à nous en Lui. Si vraiment nous réalisons ce que Dieu est, tous deux auront leur place ; or le croyant est en Christ la justice que Dieu, sur son trône, d’après sa nature même, doit avoir devant Lui, si nous devons être avec Lui et jouir de Lui. Mais le Christ, sur le tribunal devant lequel nous sommes, est notre justice. Il juge par la justice laquelle il est, et nous sommes cette justice, la justice de Dieu en Lui. C’est pourquoi ce point (d’être devant le tribunal) ne peut soulever aucune question dans l’âme ; nous adorons une telle grâce, mais aucune question n’est soulevée. Cela ne fait qu’exalter le sentiment que nous avons nous-mêmes de la grâce, nous la fait comprendre comme appropriée à l’homme tel qu’il est, et nous fait sentir les conséquences solennelles et terribles de n’y avoir point de part, puisqu’il y a un tel jugement. C’est pourquoi cette autre et essentielle partie de la nature divine — l’amour — agira en nous envers les autres ; et sachant combien le Seigneur doit être craint, nous persuaderons les hommes. Ainsi Paul (c’est la conscience en vue de ce moment très solennel) possédait la justice qu’il voyait dans le Juge, car ce qui jugeait était sa justice ; mais alors et en conséquence il cherchait sérieusement et avec ardeur d’autres afin qu’ils fussent sauvés selon l’oeuvre qui l’avait ainsi amené près de Dieu, et c’est vers cette oeuvre qu’il se tourne (v. 13, etc.). Mais cette vue du jugement et de notre complète manifestation dans ce jour, a sur le saint un effet actuel selon la propre nature du jugement. Il le réalise par la foi. Il est manifesté. Il ne craint pas de l’être. Toutes les voies passées de Dieu envers lui se déploieront devant lui quand il sera dans la gloire ; mais il est manifesté à Dieu maintenant, sa conscience est exercée dans la lumière. Ainsi la pensée du tribunal a une puissance actuelle sanctifiante. Remarquez l’assemblage de puissants motifs, de principes d’une importance prééminente, que nous trouvons ici : principes en apparence contradictoires, mais qui, pour une âme marchant dans la lumière, au lieu de se heurter et de s’entre-détruire, se réunissent pour donner son caractère complet au ministre et au ministère chrétiens. Premièrement se trouve la gloire, dans une telle puissance de vie que celui qui la réalise, ne désire pas la mort, parce qu’il voit dans la puissance de vie en Christ ce qui peut absorber tout ce qui est mortel en lui ; et il la voit avec la certitude qu’il en jouira. Le chrétien a tellement la conscience qu’il possède cette vie (Dieu l’ayant formé pour cela et lui ayant donné les arrhes de l’Esprit) que la mort, si elle survient pour lui, n’est qu’une heureuse absence du corps pour être présent avec le Seigneur. Or la pensée de monter vers Christ donne le désir de Lui être agréable et présente Christ — second motif ou principe qui forme ce ministère — comme le Juge qui rendra à chacun ce qu’il a fait. Ici, la pensée solennelle de la crainte qu’on doit avoir d’un tel jugement, prend possession du coeur de l’apôtre. Quelle différence entre cette pensée et celle de «l’édifice de la part de Dieu», que l’apôtre attendait avec assurance! Cependant, cette pensée ne l’alarmait pas mais, dans le sentiment solennel de la réalité de ce jugement, elle le poussait à persuader les autres. Mais ici est introduit un troisième principe, savoir, l’amour de Christ en rapport avec l’état de ceux que Paul cherchait à persuader. Puisque cet amour de Christ se montrait dans sa mort, elle est le témoignage que tous étaient déjà morts et perdus. Ainsi nous trouvons dans ce passage la gloire avec la certitude personnelle d’en jouir, et la mort, devenant le moyen d’être présent avec le Seigneur ; puis le tribunal de Christ et la nécessité d’y être manifesté ; enfin l’amour de Christ dans sa mort, tous étant déjà morts. Comment concilier, coordonner dans le coeur ces principes si divers ? C’est que l’apôtre était manifesté à Dieu ; c’est pourquoi la pensée d’être manifesté devant le tribunal ne produisait, en même temps que la sanctification actuelle, d’autre effet sur lui que celui de la solennité, car il ne venait pas en jugement ; mais c’était pour lui un motif pressant de prêcher aux autres selon l’amour que Christ avait manifesté dans sa mort. L’idée du tribunal n’affaiblissait en aucune manière la certitude qu’il avait de posséder la gloire (*). Son âme dans la pleine lumière de Dieu, reflétait ce qui se trouvait dans cette lumière, savoir, la gloire du Christ monté en haut comme homme ; et l’amour de ce même Jésus était fortifié dans son active opération en lui par la vue du tribunal qui attendait tous les hommes. (*) La vérité est que le tribunal est ce qui fait ressortir le plus notre assurance devant Dieu ; car «comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde», et quand Christ apparaîtra, nous Lui serons semblables. Quelle merveilleuse combinaison de motifs nous trouvons dans ce passage pour la formation d’un ministère que caractérisait le déploiement de tout ce en quoi Dieu se révèle lui-même, et par quoi il agit sur le coeur et sur la conscience de l’homme ! C’est dans une conscience pure que ces choses peuvent avoir toutes ensemble leur force. Si la conscience n’était pas pure, le tribunal obscurcirait la gloire, au moins en tant qu’il s’agirait de soi, et affaiblirait le sentiment de l’amour de Christ. En tout cas, on serait occupé de soi-même en rapport avec ces choses, et on devrait l’être. Mais quand la conscience est pure devant Dieu, elle voit seulement un tribunal qui n’excite aucun sentiment de malaise personnel et qui, par conséquent, a tout son effet moral, comme un motif de plus pour une marche sérieuse, et qui prête une énergie solennelle à l’appel que l’amour connu de Jésus pousse le serviteur de Dieu à adresser aux hommes. Quant à la mesure dans laquelle nos propres relations avec Dieu entrent dans le service que nous avons à rendre aux autres, pour le montrer, l’apôtre ajoute une autre chose qui caractérisait sa marche, et qui était le résultat de la mort et de la résurrection de Christ. Il vivait dans une sphère complètement nouvelle, dans une nouvelle création qui avait laissé en arrière, comme dans un autre monde, tout ce qui appartenait à une existence naturelle dans la chair ici-bas. La vérité que Christ était mort pour tous, démontrait que tous étaient morts, et qu’il était mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité (v. 14, 15). Ils sont en relation avec ce nouvel ordre de choses dans lequel Christ existe en tant que ressuscité. La mort est prononcée sur tout le reste ; tout est renfermé sous la mort. Si je vis, je vis dans un nouvel ordre de choses, dans une nouvelle création, dont Christ est le type et le chef. Christ, pour autant qu’en relation avec le monde d’ici-bas, est mort. On avait pu le connaître comme le Messie vivant sur la terre, et en rapport avec des promesses faites à des hommes vivant dans la chair sur la terre ; l’apôtre ne le connaissait plus ainsi. En effet, Christ, en tant que portant ce caractère de Messie, était mort ; et maintenant, étant ressuscité, il a pris un caractère nouveau et céleste. Par conséquent, si quelqu’un est en Christ, il appartient à cette nouvelle création : il est de la nouvelle création. Il n’appartient plus du tout à l’ancienne ; les choses vieilles sont passées, toutes choses sont faites nouvelles (v., 16, 17). Le système auquel il appartient, n’est pas le fruit de la nature humaine et du péché, comme tout ce qui nous entoure ici-bas selon la chair. Déjà envisagé comme un système existant moralement devant Dieu, dans cette nouvelle création, toutes choses sont de Dieu. Tout ce qui s’y trouve est de Dieu, de Celui qui nous a réconciliés avec Lui-même par Jésus Christ. Nous vivons dans un ordre de choses, dans un monde, dans une nouvelle création, entièrement de Dieu. Nous y sommes en paix, parce que Dieu, qui en est le centre et la source, nous a réconciliés avec Lui-même. Nous en jouissons, parce que nous sommes de nouvelles créatures en Christ, et que tout, dans ce monde nouveau, est de Lui et correspond avec cette nouvelle nature. Aussi Dieu avait-il confié à l’apôtre un ministère de réconciliation selon l’ordre de choses dans lequel Paul avait été introduit lui-même. Étant réconcilié, et le sachant par la révélation de Dieu qui l’avait accomplie pour lui, Paul annonçait une réconciliation de l’effet de laquelle il jouissait. Tout cela découlait d’une immense et toute puissante vérité, savoir que Dieu était en Christ. Mais alors, pour que d’autres eussent une part avec Lui, et que l’apôtre fût le ministre de la réconciliation, il fallait aussi que Christ fût fait péché pour nous ; et de ces deux vérités, l’une présente le caractère sous lequel Dieu s’approche de nous ; l’autre, l’efficacité de ce qui a été opéré pour le croyant. La première vérité présentée ici, en rapport avec le ministère de l’apôtre, qui fait le sujet de ces chapitres, c’est que Dieu était en Christ, lorsque Christ était ici-bas. Ce n’avait pas été pour le jugement. Dieu était descendu en amour vers le monde éloigné de Lui. Tel avait été Christ ; Dieu était en Lui. Trois choses se rattachaient à cette grande et essentielle vérité et la caractérisaient. Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes, et mettant dans l’apôtre la parole de la réconciliation. Comme résultat de cette troisième conséquence de l’incarnation, l’apôtre prend le caractère d’ambassadeur pour Christ ; comme si Dieu exhortait par son moyen, Paul suppliait les hommes, au nom de Christ, d’être réconciliés avec Dieu. Mais cette ambassade de l’apôtre supposait l’absence de Christ ; son ambassadeur agissait à sa place. Le message était de fait fondé sur une autre vérité d’une importance incommensurable, savoir, que Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui (v. 21). C’était là le vrai moyen de nous réconcilier pleinement et entièrement avec Dieu, selon la perfection de Dieu pleinement révélée. En effet Dieu nous avait aimés là où nous étions, donnant son Fils, qui était sans tache et dans lequel il n’y avait aucun mouvement ou principe de péché ; et l’a fait (car le Fils s’est offert pour accomplir la volonté de Dieu) péché pour nous, afin que nous devinssions en Lui — qui, dans cette condition, l’avait parfaitement glorifié — l’expression de la justice divine devant les principautés célestes, dans toute l’éternité ; pour faire de nous ses délices pour ce qui regarde la justice, «afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui». L’homme n’a pas de justice pour Dieu, Dieu a fait les saints, en Jésus, sa justice. C’est en nous que cette justice divine est vue pleinement établie, naturellement en Christ d’abord, en le plaçant à sa droite, et en nous comme étant en Lui. Merveilleuse vérité qui, dans son résultat en nous, produit les actions de grâces et les louanges quand nous regardons à Jésus, vérité devant laquelle le coeur se tait et s’incline en adorant, rempli d’étonnement à la vue de ces merveilles de grâce (*). (*) On doit remarquer que, dans le verset 20, il faut omettre les «Vous» ce verset nous expose la manière dont l’apôtre accomplissait son ministère envers le monde. 6 Chapitre 6 Paul avait dit que Dieu exhortait par son moyen. Dans ce chapitre nous voyons l’affection de l’apôtre poursuivre par l’Esprit cette oeuvre divine en suppliant les Corinthiens que ce ne fût pas en vain que, dans leur cas, cette grâce leur eût été apportée ; car «c’était maintenant le temps agréable, le jour du salut» (*). L’apôtre avait parlé des grands principes et de l’origine de son ministère. Il rappelle maintenant aux Corinthiens la manière dont il l’avait exercé dans les circonstances variées par lesquelles il avait été conduit. Le point capital de son service, c’est qu’il était ministre de Dieu, qu’il représentait Dieu dans son service. Ce fait rendait nécessaires deux choses, d’abord que Paul fût en toutes choses sans reproche ; ensuite, qu’il maintînt ce caractère de ministre de Dieu et l’exercice de son service à travers toute l’opposition et dans toutes les circonstances par lesquelles l’inimitié du coeur de l’homme et les ruses mêmes de Satan pouvaient le faire passer. En tout et partout, l’apôtre écartait par sa conduite toute occasion réelle de lui adresser un reproche — afin que personne n’eût lieu de blâmer le ministère. Son ministère se légitimait en tout comme celui d’un ministre de Dieu ; il représentait dignement Celui au nom duquel il s’adressait aux hommes ; et il faisait cela, au milieu de la persécution et de la contradiction des pécheurs, avec une patience qui montrait une énergie intérieure, un sentiment d’obligation vis-à-vis de Dieu et une dépendance de Lui, que la réalisation de la présence de Dieu et de notre devoir envers Lui, peuvent seuls maintenir. La conscience de sa position se conservait chez l’apôtre à travers toutes les circonstances dont il parle, et les dominait. Aussi se montrait-il ministre de Dieu dans tout ce qui pouvait le mettre à l’épreuve, en pureté, en bonté et en amour, comme vase de puissance — honni ou applaudi — ignoré du monde, ou connu et occupant une grande place aux yeux des hommes — extérieurement foulé aux pieds des hommes et châtié — intérieurement victorieux, joyeux, enrichissant les autres, et en possession de tout ! Ici se termine la description que nous donne l’apôtre, des sources et du caractère d’un ministère qui triomphait des circonstances, et où se déployait la puissance de Dieu dans un vase de faiblesse dont le meilleur partage était la mort. (*) Ce passage est une citation d’És. 49: 8, qui parle de la bénédiction qui devait être apportée aux gentils lorsque Christ serait rejeté par les Juifs, mais par l’oeuvre de Christ et par la résurrection. Le rétablissement des Corinthiens dans un état moral qui convenait à l’Évangile, se rencontrant avec les circonstances par lesquelles l’apôtre venait de passer, avait permis à celui-ci d’ouvrir son coeur aux Corinthiens. Préoccupé jusqu’ici de son sujet, du Christ glorieux qui, ayant accompli la rédemption, l’envoyait comme messager de la grâce à laquelle cette rédemption avait donné libre cours, et ayant parlé, avec le coeur au large, de tout ce qui était compris dans son ministère, Paul revient maintenant avec affection à ses bien-aimés Corinthiens en leur montrant que c’était avec eux qu’il avait toute cette ouverture et cet élargissement de coeur. «Notre bouche est ouverte pour vous, ô Corinthiens !», dit-il, «notre coeur s’est élargi : vous n’êtes pas à l’étroit en nous», mais vous l’êtes dans vos propres affections (v. 11, 12). En récompense des affections qui débordaient de son coeur envers eux, l’apôtre ne demande que l’élargissement de leurs propres coeurs. Il leur parlait comme à ses enfants ; mais il se sert de cette tendre relation de père, pour exhorter les Corinthiens à se maintenir dans la position où Dieu les avait placés. «Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules.» Ayant prise sur leurs affections, et se réjouissant profondément devant Dieu dans la grâce qui les avait ramenés à de justes sentiments, son coeur, comme hors de lui, est libre de se livrer à la joie qui lui appartenait en Christ glorifié ; mais de sens rassis après tout, quand il s’agissait de ses chers enfants dans la foi (*), il cherche à les détacher de tout ce qui reconnaissait la chair ou qui impliquait qu’une relation qui la reconnaissait était possible pour un chrétien ; — il cherche à les détacher de tout ce qui reniait la position d’un homme qui a sa vie et ses intérêts dans la nouvelle création dont Christ est le chef dans la gloire. Un ange peut servir Dieu dans ce monde, peu lui importe de quelle manière, pourvu que ce soit selon Dieu ; mais s’associer aux intérêts du monde comme en en faisant partie, s’allier à ceux qui sont gouvernés par les motifs qui influencent les hommes de ce monde, et ainsi par une conduite commune montrer les chrétiens et le monde agissant ensemble d’après les principes qùi forment le caractère du monde — ce serait pour des êtres célestes perdre leur position et leur caractère. Le chrétien qui a en partage la gloire de Christ, le chrétien qui a son monde, sa vie, ses vraies associations là où Christ est entré, ne doit pas non plus, et ne peut pas comme chrétien, se mettre sous le même joug avec ceux qui ne peuvent avoir que des motifs mondains ; il ne peut pas traîner le char de la vie dans une marche commune. (*) Quelle position bénie que celle d’un homme qui, lorsqu’il est ravi hors de lui-même et hors d’un état de calme réflexion, est entièrement absorbé en Dieu ou tourné vers Lui, et qui, lorsqu’il est de sens rassis, est occupé avec amour à chercher le bien de ses frères, les membres de Christ! D’un homme qui, ou bien est ravi dans la contemplation de Dieu et en communion avec Lui, ou bien qui est rempli de Dieu, de telle sorte qu’il pense seulement aux autres en amour. Quelle communion y a-t-il entre Christ et Bélial, entre la lumière et les ténèbres, entre la foi et l’incrédulité ; quel accord entre un temple de Dieu et des idoles? Les chrétiens sont le temple du Dieu vivant qui demeure et marche au milieu d’eux. Il est un Dieu pour eux, ils sont un peuple pour Lui. Par conséquent ils doivent se retirer de toute association avec les mondains et se séparer d’eux. Comme chrétiens, ils doivent se tenir à part, car ils sont le temple de Dieu. Dieu habite au milieu d’eux et y marche, et il est leur Dieu. Ils ont donc à sortir du monde et à être séparés, et Dieu les reconnaîtra, et sera avec eux dans la relation d’un Père avec ses fils et ses filles qui Lui sont chers. C’est ici, remarquez-le, la relation spéciale dans laquelle Dieu se place avec nous. Les deux relations précédentes avec les hommes sous lesquelles Dieu se révèle sont nommées ici, et il entre dans une troisième. À Abraham, Dieu s’est révélé comme le Tout-Puissant ; à Israël, comme Jéhovah ou Seigneur ; ici, le Seigneur Tout-Puissant déclare qu’il sera pour «Père» aux siens, à ses fils et à ses filles. Nous sortons du milieu des mondains, car c’est précisément cela : non pas qu’on sorte du monde physiquement, mais on sort du milieu des mondains pendant qu’on est dans ce monde, pour entrer dans la relation de fils et de filles avec le Dieu tout-puissant. On ne réalise pas en pratique cette relation sans sortir ainsi du milieu du monde. Dieu ne veut pas que des mondains soient en relation avec Lui comme ses fils et ses filles : ils ne sont pas entrés dans cette position vis-à-vis de Lui. Dieu ne veut pas reconnaître comme étant dans cette position, ceux qui restent identifiés avec le monde : car le monde a rejeté son Fils, et l’amitié du monde est inimitié contre Dieu ; et celui qui est l’ami du monde est ennemi de Dieu. Rester mondain, ce n’est pas être son enfant dans le sens pratique. Dieu dit donc : «Sortez du milieu d’eux et soyez séparés, ... et... vous me serez pour fils et pour filles.» Remarquez qu’il ne s’agit pas de sortir du monde (c’est pendant que nous sommes dans le monde que nous entrons en relation avec Dieu), mais de sortir du milieu des mondains pour entrer dans la relation de fils et de filles, afin d’être pour Dieu des fils et des filles, afin d’être reconnus de Lui dans cette relation (*). (*) On remarquera que le passage nous présente deux choses : 1° Dieu est présent dans l’assemblée de ceux qui sont séparés d’avec le monde, et il marche au milieu d’eux comme il l’a fait avec Israël dans le désert, après la sortie d’Egypte ; 2° les individus qui composent l’assemblée entrent dans la relation de fils et de filles. 7 Chapitre 7 Mais ce n’est pas seulement ce dont on est séparé pour être dans la position de fils et de filles, qui engage l’attention de l’apôtre, mais les conséquences légitimes de pareilles promesses. Étant fils et filles du Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, la sainteté nous est convenable. Ce n’est pas seulement que nous ayons à nous séparer du monde, mais, étant en relation avec Dieu, nous devons nous purifier de toute souillure de chair et d’esprit : la sainteté dans la marche extérieure, et, ce qui est tout aussi important, quant à nos relations avec Dieu, la pureté dans les pensées ; car quoique les hommes ne voient pas ces pensées, le courant de l’Esprit est arrêté dans le coeur, il n’y a pas élargissement du coeur dans la communion de Dieu. C’est beaucoup si la présence de Dieu est sentie, si sa relation avec nous est réalisée : la grâce est connue, mais Dieu ne l’est guère comme il se fait connaître graduellement dans sa communion. L’apôtre revient maintenant à ses relations avec les Corinthiens, relations formées par la parole de son ministère. Ayant développé ce qu’était réellement ce ministère, il cherche à empêcher que les liens qui avaient été formés par ce ministère entre les Corinthiens et lui-même, par la puissance du Saint Esprit, ne soient rompus. «Recevez-nous ; nous n’avons fait tort à personne», dit-il (v. 2). Il tient à ne pas froisser les sentiments de ceux qui sont restaurés, qui se retrouvent dans leurs anciennes affections à son égard, et ainsi dans leur vraie relation avec Dieu. «Je ne dis pas ceci pour vous condamner», ajoute-t-il ; «j’ai déjà dit que vous êtes dans mon coeur pour mourir et pour vivre ensemble. Ma franchise est grande envers vous ; je me glorifie grandement de vous ; je suis rempli de consolation ; ma joie surabonde au milieu de toute notre affliction». L’apôtre ne développe pas maintenant les principes du ministère, mais il montre le coeur d’un ministre, tout ce qu’il avait senti à l’égard de l’état des Corinthiens. On se rappelle qu’après avoir quitté Troas, parce qu’il n’y avait pas trouvé Tite qui devait lui apporter la réponse à sa première lettre aux Corinthiens, il s’était rendu en Macédoine, sans passer par Corinthe. Mais là non plus sa chair n’a pas eu de repos : il y a été affligé de toute manière ; au dehors, des combats, au dedans, des craintes. Cependant Dieu qui console ceux qui sont abattus, l’a consolé par l’arrivée de Tite qu’il avait attendu avec tant d’anxiété ; et non seulement par l’arrivée de Tite, mais par les bonnes nouvelles que celui-ci a apportées de Corinthe. La joie de l’apôtre a dissipé toute son affliction, car son coeur était à vivre et à mourir avec eux. Il a vu les fruits moraux de l’opération de l’Esprit dans les fidèles de Corinthe, leur désir, leurs larmes, leur affection envers lui ; et son coeur revient à eux pour panser, par l’expression de son amour, toutes les blessures que sa première lettre avait pu faire dans leurs coeurs, quelque nécessaires qu’elles fussent. Rien de plus touchant que le conflit qu’il y a eu dans le coeur de Paul entre la nécessité qu’il avait sentie, à cause de leur état précédent, d’écrire sévèrement aux Corinthiens, et en quelque sorte avec une froide autorité, et les affections qui, maintenant que l’effet avait été produit, lui dictaient presque une apologie pour la peine qu’il avait pu leur causer. «Si», dit-il, «je vous ai attristés par ma lettre, je n’en ai pas de regret», lors même qu’il en eût eu et en avait eu en effet un moment, car il voyait que la lettre les avait attristés, ne fût-ce que pour un temps ; mais maintenant il se réjouissait non pas de ce qu’ils avaient été attristés, mais de ce qu’ils l’avaient été à repentance. Quelle sollicitude! Quel coeur pour le bien des saints! Si les Corinthiens avaient du zèle à son égard, certes il leur en avait donné l’occasion et le motif. Il n’a point de repos jusqu’à ce qu’il ait de leurs nouvelles ; rien n’arrête son anxiété, ni portes ouvertes pour annoncer la parole, ni détresse. Il a peut-être du regret d’avoir écrit la lettre, craignant de s’être aliéné le coeur des Corinthiens, et maintenant encore peiné à la pensée de les avoir attristés, il se réjouit, non de ce qu’il leur a causé de la peine, mais de ce que leur tristesse selon Dieu a opéré en eux la repentance. Il leur écrit une lettre selon l’énergie du Saint Esprit. Laissé aux affections de son coeur, nous le voyons, à cet égard, au-dessous du niveau de l’énergie de l’inspiration qui avait dicté la lettre que l’homme spirituel devait reconnaître comme les commandements du Seigneur ; son coeur tremble à la pensée des conséquences, quand il n’a pas de nouvelles. Il est très intéressant de voir la différence qu’il y a entre l’individualité de l’apôtre et l’inspiration. Dans la première épître aux Corinthiens, nous avons remarqué la distinction que fait Paul entre ce qu’il dit comme résultat de son expérience, et les commandements du Seigneur communiqués par son moyen. Ici, nous trouvons la différence dans l’expérience elle-même. Paul oublie pour un moment le caractère de son épître, et tout à ses affections, il craint d’avoir détruit le lien qui l’unissait aux Corinthiens, par l’effort qu’il a fait pour les ramener de leur égarement. La forme de l’expression même dont l’apôtre se sert, montre que ce n’est que pour un moment que ce sentiment s’est emparé de son coeur ; mais le fait qu’il l’a eu, fait voir clairement la différence qu’il y a entre Paul l’individu et Paul l’écrivain inspiré. Maintenant l’apôtre est satisfait. L’expression de cet intérêt profond qu’il porte aux Corinthiens est une partie de son ministère, un enseignement précieux pour nous montrer de quelle manière le coeur entre dans l’exercice de ce ministère ; on y voit combien la souplesse de cette puissante énergie de l’amour est grande pour gagner et fléchir les coeurs par l’expression opportune de ce qui se passe dans le nôtre. Cette expression ne manquera certainement pas lorsque l’occasion la rendra juste et naturelle, si le coeur est pénétré d’affection ; car une profonde affection aime à se faire connaître de celui qui en est l’objet, si cela se peut selon la vérité de cette affection. Il y a une douleur qui ronge le coeur ; mais un coeur attristé selon Dieu est dans le chemin de la repentance (*). (*) La grandeur de coeur ne parle pas volontiers de sentiments, parce qu’elle pense aux autres, non à elle-même. Mais elle ne craint pas de le faire quand l’occasion se présente, parce qu’elle pense aux autres et qu’il y a dans ses affections une profondeur de dessein qui les fait agir. Le christianisme donne la grandeur de coeur. En outre, de sa nature, elle est confiante, et c’est ce qui gagne, et donne sans le savoir l’influence que cette grandeur de coeur ne cherche pas, car elle n’est pas égoïste. L’apôtre maintenait pour leur bien sa véritable relation avec les Corinthiens. Paul expose donc les fruits de cette douleur selon Dieu ; il montre quel zèle contre le péché elle avait produit, et comme les coeurs repoussaient saintement toute association avec le péché. L’apôtre, maintenant qu’ils s’étaient séparés moralement, sépare aussi ceux qui n’étaient pas coupables d’avec ceux qui l’étaient : il ne veut plus confondre les uns avec les autres. Ils s’étaient confondus moralement en cheminant à leur aise avec ceux qui étaient dans le péché : en ôtant le péché, ils étaient en dehors du mal, et l’apôtre montre que c’était précisément en vue de leur bien et parce qu’il s’occupait d’eux avec dévouement, qu’il avait écrit sa première lettre afin de témoigner de sa préoccupation pleine d’amour pour eux, et de mettre à l’épreuve leur amour pour lui devant Dieu. Quelque triste qu’eût été la marche des Corinthiens, Paul avait assuré à Tite, en l’encourageant à aller à Corinthe, que certainement il trouverait des coeurs qui répondraient à cet appel d’affection apostolique. Il n’avait pas été désappointé, et comme il avait annoncé la vérité au milieu d’eux, ce qu’il avait dit d’eux à Tite, s’était trouvé vrai aussi, et les affections de Tite lui-même avaient été puissamment réveillées lorsqu’il avait vu ces fruits de la grâce dans les Corinthiens. 8 Chapitres 8 et 9 Dans le chap.8, l’apôtre, en route pour la Judée, engage les Corinthiens à préparer des secours pour les pauvres d’Israël, leur envoyant Tite afin que tout fût prêt comme fruit de bonne volonté. Dans son voyage, il avait parlé de cette disposition comme existant chez les chrétiens de Corinthe, de sorte que d’autres avaient été excités à donner, et maintenant, tout en comptant sur le bon vouloir des Corinthiens, et sachant qu’ils avaient commencé une année auparavant, il ne voulait courir aucun risque de voir, démenti par les faits, ce qu’il avait dit d’eux. Ce n’est pas qu’il voulût que les Corinthiens fussent surchargés afin que ceux de Judée fussent à leur aise, mais il voulait que les riches vinssent au devant des besoins des frères pauvres, afin que personne ne fût dans le besoin. Si la volonté est là, chacun sera accepté de Dieu selon ce qu’il a pu faire. Dieu aime qu’on donne joyeusement, mais chacun moissonnera selon ce qu’il a semé. Ensuite l’apôtre dit que Tite, heureux du résultat de sa première visite et attaché aux Corinthiens, était tout disposé à aller auprès d’eux pour recueillir cet autre fruit pour leur propre bénédiction. Avec lui étaient allés les messagers des autres assemblées, chargés de la collecte faite parmi elles dans le même but, savoir un frère connu de toutes les assemblées, et un autre frère d’une diligence éprouvée et qui était encouragé par la confiance qu’il avait dans les Corinthiens. L’apôtre ne voulait pas se charger de l’argent collecté, sans avoir des compagnons qui en fussent chargés avec lui, évitant ainsi toute possibilité de reproches dans des affaires de ce genre, et prenant soin que tout fût honnête devant les hommes aussi bien que devant Dieu. Au reste, il ne disait pas tout cela comme un commandement, mais à cause du zèle d’autres assemblées, et pour démontrer la sincérité de l’amour des Corinthiens. On se souviendra que c’est cette collecte qui a été l’occasion de tout ce qui est arrivé à Paul à Jérusalem, de ce qui a mis fin à son ministère, et l’a arrêté dans son chemin vers l’Espagne et peut-être d’autres endroits ; et que, d’un autre côté, c’est ce qui a fourni l’occasion d’écrire les épîtres aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, à Philémon, peut-être encore celle aux Hébreux. Combien peu nous savons la portée des circonstances dans lesquelles nous nous engageons! Heureux sommes-nous d’être conduits par Celui qui connaît la fin depuis le commencement, et qui fait travailler toutes choses pour le bien de ceux qui l’aiment. En terminant ces exhortations à donner selon leur pouvoir, l’apôtre recommande les Corinthiens à la riche bonté de Dieu qui pouvait les faire abonder en toutes choses, en sorte qu’ils fussent à même de multiplier leurs bonnes oeuvres, étant enrichis pour toute libéralité, de manière à produire en d’autres, par le moyen des services de l’apôtre sous ce rapport, des actions de grâce envers Dieu. Car, ajoute-t-il, l’heureux effet de votre charité pratique, exercée au nom de Christ, non seulement supplée aux besoins des saints, par mon administration de la collecte faite à Corinthe, mais abonde aussi en actions de grâces envers Dieu : car ceux qui jouissaient de cette offrande, bénissaient Dieu de ce que leurs bienfaiteurs avaient été amenés à confesser le nom de Christ et à agir avec cette libéralité pratique envers eux et envers tous. Cette pensée les stimulait à prier avec un ardent désir pour ceux qui pourvoyaient à leurs besoins, à cause de la grâce de Dieu manifestée en eux. Ainsi les liens de l’éternelle charité étaient fortifiés des deux côtés, et la gloire en revenait à Dieu. Grâces soient rendues à Dieu, dit l’apôtre, pour son don ineffable! Car quels que soient les fruits de la grâce, c’est dans ce que Dieu a donné que nous avons la preuve et la puissance de cette grâce. Ici se termine le sujet proprement dit de l’épître.
Posted on: Tue, 19 Nov 2013 19:01:24 +0000

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