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Affreux Jojos jamais content Du pape aux couacs : jamais contents Par Daniel Schneidermann Jamais contents. Ce besoin des journalistes de toujours critiquer. Prenez le pape. Sous l’ancien pape, les correspondants au Vatican n’avaient pas de mots assez sévères (à qui savait décrypter leur langage codé) pour fustiger sa timidité, ses silences, ses bafouillements monocordes, sa communication indigente. Arrive le nouveau pape, qui multiplie les interviews (à ce rythme, il va bientôt aller danser le tango dans les émissions de variétés). Du coup, après quelques mois d’ébahissement (admirez sa petite chambrette, sa petite voiturette) la question ne tarde pas à devenir : «En fait-il trop ?» C’est une question sérieuse, posée sur son blog par la spécialiste des religions du Monde, à l’heure où cette chronique est écrite. Notre consœur cite des spécialistes du Vatican, les célèbres vaticanologues (à ne pas confondre avec les vaticanistes), qui s’interrogent gravement : tout de même, François pourrait prendre davantage de gants avec la Curie. Oui, la Curie, vous vous souvenez ? Cette même Curie qui avait, selon les mêmes vaticanologues, «emprisonné» Benoît XVI, l’avait «pris en otage», etc. Et les enfants, donc. Avant la réforme Peillon des rythmes scolaires, ce n’étaient que lamentations sur les emplois du temps insensés, qui faisaient aux écoliers français les journées les plus longues du monde. Dans la page voisine de celle qui recueillait les critiques des vaticanologues, les pontes de l’Académie de médecine pontifiaient. Il faudrait tout remettre à plat, réformer radicalement les rythmes scolaires, ne pas avoir peur de son ombre. Arrive Peillon, qui accouche de la réforme que la France réclamait. Et que se passe-t-il ? Un mois après la mise en place de la réforme, les ondes retentissent de lamentations sur les enfants «déboussolés» par les nouveaux rythmes. L’exemple le plus frappant de «jamaiscontentisme», ce sont les couacs politiques. Les couacs sont la friandise du journaliste politique. Que deux ministres se contredisent et la pitance de la journée est assurée. Il faut aligner les confirmations, ranger tous les collègues dans un camp ou l’autre, gourmander les indécis. Exemple type, avec les Roms, et le clash Valls-Duflot. Une semaine entière de cacophonie, que du bonheur, toute la panoplie se déploie, des interviews (êtes-vous plutôt Valls ou plutôt Duflot ?) aux «confidentiels» (il paraîtrait que Hollande soutiendrait Valls en sous-main), en passant par l’admonestation (si Duflot n’est pas virée demain, Hollande n’a plus aucune autorité). Rebondissement : le «coup d’arrêt» de Hollande. Attention, il a fait les gros yeux, et prévenu que c’était «la dernière fois». En détachant les syllabes. (Quelle dernière fois ? La dernière fois que Valls a le droit de parler des Roms ? Qu’un collègue a le droit de critiquer Valls ?) Consigne de Matignon : les ministres seront obligés de demander l’autorisation avant d’accorder des interviews. Evidemment, la consigne fuite immédiatement. Et dès le lendemain, tout le monde s’amuse. «Avez-vous demandé la permission avant de venir ?», demandent à Vincent Peillon les journalistes de France Info. «J’ai même demandé qu’on contrôle vos questions avant», répond le ministre. «Allo, est-ce que je peux parler ?», lance Valls, oreille collée à son portable, tandis que les journalistes l’assaillent. Soyons justes : la colère de Hollande fait une vraie victime, Xavier Cantat, le compagnon de Cécile Duflot, qui doit saborder son turbulent compte Twitter, après un tweet anti-Valls. La cinquième puissance mondiale respire. L’honneur est sauf. Bref, quand ça couaque, les journalistes politiques blâment gravement les couacs. Quand ça se calme, ils se lamentent sur le caporalisme et la langue de bois. On aimerait leur chuchoter : certes camarades, la critique est votre rôle. Mais attention : ce ne sont pas vraiment des couacs. Ou alors, le couac est dans le patrimoine génétique de ce gouvernement. Un gouvernement qui réunit Valls et Duflot, Montebourg et Moscovici, est un gouvernement qui a le couac dans les gènes. C’est une usine à couacs. C’est imaginé pour ça, construit pour ça. Il faut garder la tête haute face aux ouvriers de Florange, mais sans effaroucher Mittal. Caresser l’électeur de 2012, celui qui a voté contre la finance, cet ennemi sans visage, et pour en finir avec les expulsions de Roms à la Sarkozy, mais sans épouvanter BNP Paribas, ni les braves riverains des Roms. En un mot, le couac commence quand on s’imagine que Marine Le Pen est l’incarnation de l’enfer sur terre, tout en souhaitant récupérer ses électeurs. En un mot, les journalistes politiques n’ont pas fini de recenser les couacs, tout en déplorant les couacs.
Posted on: Mon, 07 Oct 2013 04:10:46 +0000

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