De même que la ou les raisons invoquées à l’origine pour - TopicsExpress



          

De même que la ou les raisons invoquées à l’origine pour cesser d’employer le nom divin sont obscures, de même on ne sait pas trop quand cette superstition s’imposa vraiment. Certains prétendent que ce fut après l’exil à Babylone (607-537 av. n. è.). Cette théorie, toutefois, s’appuie sur l’emploi prétendument restreint du nom par les derniers rédacteurs des Écritures hébraïques, une opinion qui ne résiste pas à l’analyse. Malaki, par exemple, fut sans doute un des livres des Écritures hébraïques écrits les derniers (dans la deuxième moitié du Ve siècle av. n. è.), et il accorde une place de choix au nom divin. De nombreux ouvrages de référence ont émis l’avis que le nom tomba en désuétude vers 300 av. n. è. On a invoqué à l’appui de cette date l’absence du Tétragramme (ou de sa transcription) dans la traduction grecque des Écritures hébraïques appelée Septante, entreprise aux environs de 280 av. n. è. Il est vrai que les copies manuscrites de la Septante les plus complètes connues aujourd’hui substituent systématiquement les mots grecs Kurios (Seigneur) ou Théos (Dieu) au Tétragramme. Mais ces manuscrits principaux ne remontent qu’aux IVe et Ve siècles de n. è. On a retrouvé des copies antérieures qui, bien que fragmentaires, prouvent que les copies les plus anciennes de la Septante portaient bien le nom divin. L’une de ces copies est constituée des fragments d’un rouleau de papyrus d’une partie du Deutéronome, catalogués P. Fouad Inventaire 266 (PHOTO, vol. 1, p. 326). Le Tétragramme y figure régulièrement, en caractères hébreux carrés à chacune de ses occurrences dans le texte hébreu traduit. Ce papyrus est daté du Ier siècle av. n. è. par les spécialistes et a donc été écrit quatre ou cinq siècles avant les manuscrits mentionnés précédemment. Quand les Juifs en général cessèrent-ils effectivement de prononcer le nom personnel de Dieu ? Ainsi, du moins sous forme écrite, rien n’indique vraiment que le nom divin ait disparu ou que son usage se soit perdu avant notre ère. Ce n’est qu’au Ier siècle de n. è. qu’on trouve des indices d’une attitude superstitieuse envers le nom. Josèphe, historien juif issu d’une famille sacerdotale, racontant comment Dieu se révéla à Moïse à l’emplacement du buisson embrasé, déclare : “ Alors Dieu lui révèle son nom qui n’était pas encore parvenu aux hommes, et dont je n’ai pas le droit de parler. ” (Antiquités judaïques, II, 276 [XII, 4]). Toutefois, cette déclaration de Josèphe, par ailleurs inexacte à propos de la connaissance du nom divin avant Moïse, est vague et ne révèle pas précisément quelle était la ligne de conduite générale au Ier siècle quant à la prononciation ou à l’usage du nom divin. La Mishna, compilation des enseignements et des traditions rabbiniques, est un peu plus explicite. Sa compilation est attribuée à un rabbin appelé Juda le Prince, qui vécut aux IIe et IIIe siècles de n. è. Certaines parties de la Mishna se rapportent incontestablement aux conditions antérieures à la destruction de Jérusalem et de son temple en 70 de n. è. Un spécialiste dit toutefois à propos de la Mishna : “ Il est extrêmement difficile d’apprécier la valeur historique qu’il faut attacher à une quelconque tradition rapportée dans la Mishna. Le temps écoulé, qui contribua peut-être à obscurcir ou à fausser le souvenir d’époques très différentes : les soulèvements, les changements et la confusion politiques hérités de deux rébellions et de deux conquêtes romaines ; les valeurs à l’honneur dans le parti pharisien (dont la Mishna véhicule les opinions) que ne partageait pas le parti sadducéen [...] — ce sont des facteurs qui doivent être pris en compte pour jauger la nature des déclarations de la Mishna. De plus, une grande partie du contenu de la Mishna se situe dans le contexte d’un débat d’idées mené gratuitement, sans grande intention (semble-t-il) de transmettre l’usage historique. ” (The Mishnah, par H. Danby, Londres, 1954, p. xiv, xv). Voici quelques traditions de la Mishna relatives à la prononciation du nom divin. On y lit à propos de la célébration annuelle du jour des Propitiations : “ Les prêtres et le peuple qui se tenaient dans l’enceinte, entendant le Nom Ineffable prononcé par le Grand-Prêtre, s’agenouillaient, se prosternaient et tombaient face à terre et s’écriaient : ‘ Loué soit à jamais le Nom de Son règne glorieux. ’ ” (Yoma VI, 2, par les Membres du Rabbinat français). Concernant les bénédictions prononcées chaque jour par les prêtres, Sota VII, 6 déclare : “ Dans le Temple le Nom était prononcé comme il s’écrivait, mais dans les provinces on lui en substituait un autre. ” D’après Sanhédrin VII, 5 (par les Membres du Rabbinat français), un blasphémateur n’était coupable ‘ que s’il prononçait distinctement le Nom ’, et lors d’un procès pour blasphème, on recourait à un nom de substitution jusqu’à ce que tous les témoignages aient été entendus ; puis on invitait en privé le témoin principal à ‘ dire distinctement ce qu’il avait entendu ’, vraisemblablement en employant le nom divin. Dans l’énumération de ceux “ qui n’ont pas part au monde futur ” faite en Sanhédrin X, 1, on lit : “ Abba Chaoul dit : même celui qui prononce le nom divin selon les lettres qui le composent. ” Cependant, à côté de ces opinions négatives, on trouve dans la première section de la Mishna l’invitation selon laquelle “ il convenait de saluer son prochain avec le nom de Dieu ”. Puis est cité l’exemple de Boaz (Ru 2:4). — Berachot IX, 5, par les Membres du Rabbinat français.
Posted on: Sun, 09 Jun 2013 13:16:53 +0000

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