Si Haïti m’était conté… par Claudie Caufour, présidente de - TopicsExpress



          

Si Haïti m’était conté… par Claudie Caufour, présidente de Energies Psy sans Frontières Haïti, finalement, c’est l’histoire d’une succession d’émotions douloureuses. Lorsque Sœur Fenna en parle, elle finit par sourire entre deux larmes qui lui échappent pudiquement « Vous me rappeler des choses tellement lointaines » Cette femme de 76 ans, dont la beauté éblouit tout l’espace, le regard bleu clair aussi lumineux que toute sa personne raconte son pays, son histoire, son évolution, son déclin et pourtant son regard plein d’espoir « Les Haîtiens, on n’est pas des gens qui pensent à se suicider. On aime la vie, on a la danse, la musique, l’art … ce n’est pas les microbes qui vont tuer le haïtiens ». Il y aurait eu une époque où le climat était assez sécure. Dans un éclat de rire, elle précise que ça devait être du temps où elle était trop petite pour s’en souvenir. Son père racontait qu’il montait les mornes à cheval. Lorsque la nuit tombait, il désellait son cheval pour se servir de cette assise comme oreiller. Il s’endormait paisiblement dans la nature. Inimaginable maintenant. Pas plus tard qu’hier, un homme a été attaqué dans ce quartier résidentiel. Une bande de jeunes l’ont complétement dépouillé. « Il a eu de la chance, il a eu la vie sauve », ce qui ne semble pas couler de source, même lorsque l’on donne tout ce qu’on a. Une sorte de roulette russe, ou c’est l’autre qui appuie sur la gâchette, le pile ou face d’un peuple multi-traumatisé dont une grande partie de la population reste dissociée, coupée entièrement de ses émotions. De ce point de vue, la mort n’est qu’un état qui s’oppose à l’état du vivant. Mais dans ces conditions où chaque jour est une interrogation, une lutte pour la survie, finalement la mort peut sembler une alternative reposante. La santé. Ce serait donc la clé de tout, ici en Haïti, comme ailleurs. La santé physique mais aussi la santé psychique nous précise-t-elle. Ici, vous avez beaucoup de travail à faire. Un travail de transmission mais surtout de pérennisation, un moyen de donner véritablement, sans promesse superflue, donner les moyens d’aller mieux, de ramener un petit peu d’humanité dans ce pays marqué aussi bien par les épisodes politiques successifs qui ont ravagé économiquement Haïti et les catastrophes naturelles qui viennent tacler le pays dès lors qu’il tente une fragile ébauche pour se relever. Modestement, il me vient à penser en l’écoutant : et si nous étions dans le vrai transmettre, L’EFT, le Remap… Juste transmettre et laisser faire. Car le précise-t-elle, « nous nous rendrions coupables de penser détenir les solutions pour Haïti ». Elles ne pourraient être qu’inadaptées dévalorisantes et déresponsabilisantes.
Posted on: Fri, 28 Jun 2013 20:38:15 +0000

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