faire des courses Ma sœur sonna au parlophone. Elle revenait - TopicsExpress



          

faire des courses Ma sœur sonna au parlophone. Elle revenait de Lidl. Je me détachai péniblement du canapé et allai lui ouvrir. Je pris les sacs de course quelle tenait à bout de bras et les déposai dans la cuisine. Les chats qui se prélassaient à l’ombre dans le jardin, se levèrent brusquement et se mirent à envahir la pièce, se frottant langoureusement contre les sacs de courses, grognant, miaulant, sattaquant à grands coups de griffe. Ils attendaient que ma sœur leur serve une boite de pâté Coshida. Je préparai du café puis rangeai mollement les courses dans les placards et le frigidaire. -Tu peux aller acheter du pain et du Coca ? Me demanda ma sœur. -Oui, pas de soucis, répondis-je agacé. Je navais pas envie de sortir. Vêtu dun bas de pyjama et dun Marcel, javais encore moins envie de me changer. Jenfilai une paire de tongs, ramassai la monnaie sur la table et quittai lappartement. Arrivé dans le hall dentrée, je fus harponné par la voix déformée de ma sœur dans le parlophone. -Deux baguettes, et une bouteille de Coca ! Ok ? cria-t-elle en martelant bien chaque syllabe. -Oui !! Hurlai-je sans marrêter longeant l’allée de notre jardin. Enfin, ce n’était pas vraiment un jardin, plutôt un long couloir, envahi par les mauvaises herbes. La tête vide j’avançai en direction de la boulangerie. Le soleil déclinait doucement mais sûrement, bien que lon fut encore en plein mois d’août. On pouvait croire que la nuit ne viendrait jamais, mais elle sapprochait et finirait pas tout engloutir. Arrivé au porche de limmeuble, je me sentis épié et levai la tête. Un petit africain qui portait le maillot du Réal de Madrid, mobservait de sa fenêtre au premier étage. Je le fusillai du regard. Il ouvrit alors lentement la bouche et se mit à vomir copieusement. Stupéfait, plus qu’horrifié, je ne le quittais pas des yeux, prenant garde de ne pas être éclaboussé par le jet. Il s arrêta un instant puis reprit. Je commençais à m’inquiéter. Il se redressa, sessuya la bouche avant déclater de rire. Jenjambai la flaque de vomi frais comme je pus et méloignai dun pas rapide. Quelques mètres plus loin, juste en face de l’épicerie « Zitouna » un groupe dindividus buvaient de la bière en discutant avec fougue. Ce groupe, composé de toutes sortes de personnes : mère de famille, SDF, immigré, artiste, adolescent, vieillard, handicapé, jeunes et enfants, partageaient tous la même passion pour la bière, spécialement la Heinken de l’épicerie Zitouna vendue pour un euro la pièce. Le fond de lœil rouge et de la canette vide, avachis sur le bitume, ils échangeaient différents points de vue sur l’éducation des enfants. Lun dentre eux, un genre de rastafaria blanc, arborant un t-shirt à leffigie de Bob Marley, exprimait clairement son ressenti : -Si, je fais un enfant, sans le savoir, et que des années plus tard, je le croise par hasard et que cest une fille... je m en fous: je la baise !!!! Les autres s’insurgèrent levant un long moment le coude pour faire glisser lindignation. Je continuai mon chemin jusquà la boulangerie dont les grelots tintèrent quand je poussai la porte. Elle était tenue par des turcs. Je me demandais en faisant la queue quel était le rapport entre un turc et le pain. Quand ce fut mon tour, je ne savais toujours pas. Le type derrière la caisse avait bien la soixantaine passée. Son œil droit était crevé. Je voyais très distinctement la bille de verre qui roulait dans son orbite. Liris n’était pas marron comme celui de son oeil gauche mais vert. Dans un sens, je le comprenais. Moi aussi, j avais les yeux marrons et jaurais bien voulu les avoir verts. Je passai ma commande et lui tendis la monnaie. Il me présenta le creux dune main affublée de quatre doigts dont le majeur n’était plus là. Dès quil vit que je lavais remarqué, il plaça sa pogne à la hauteur de mon visage. Je me reculai instinctivement et posai largent sur le comptoir. Il ramassa les pièces tout en minsultant en turc. Enfin, je présume quil minsultait. Je navais aucun moyen de le vérifier. Il me tendit les deux baguettes et la bouteille de coca, puis hurla : Suivant !!. Quand je franchis à nouveau la porte du magasin pour sortir, je me retrouvai nez-à-nez avec une roumaine, ou plutôt, pine-à-nez avec une roumaine ! Elle s’était installée juste là, parterre, un gobelet à ses pieds posé bien en évidence. Immédiatement, elle se mit au boulot et m’accrocha de son beau regard bleu en marmonnant sa complainte à toute vitesse. Il ne me restait quun euro cinquante. De quoi boire un café dans un bistrot. Elle pénétra mon âme de tout son bleu. Sa tête penchée en arrière semblait sur le point de se décrocher de son cou. Pitié! me dis-je. Je ne pouvais m’empêcher de me demander jusqu’où elle irait pour ces quelques pièces. Son attitude donnait limpression quelle était prête à tout. Je me passai la langue sur les lèvres, attrapai sa main et lentraînai plus loin. Elle piaillait toujours. Son visage tout rond affichait de l incompréhension. Je la tirai jusquà une entrée dimmeuble à l’abri des regards. Je posai le pain et le coca parterre puis lui tendis les pièces essayant de lui faire comprendre que je voulais au moins une pipe en échange de ma ferraille. Elle secoua la tête de gauche à droite. Je lui touchai les seins. Ils étaient petits. Elle grimaça et repoussa mes mains. Jinsistai, lui touchai la chatte. Elle me repoussa de nouveau. Je lattirai contre moi et l’agrippai fermement par le cul. Il était gros et dodu. Elle sentait ce savon quon trouve au bord des lavabos dans les toilettes publiques. Tout en lui palpant le cul, je lui dis : -Tu veux de largent...jai plein dargent....cest bien....hum....cest bien....hum....beaucoup dargent....je suis milliardaire....laisse toi faire....voilà.... Elle se mit à genoux pendant que je débraillai lestement mon bordel. Pratique de sortir en pyjama! Je lui glissai les un euro cinquante dans une main et guidai lautre sur ma bite... elle jeta les pièces et se releva brusquement. À son regard, je compris. Je me retournai, me frayai un passage, bousculant les deux types qui s’apprêtaient à mattaquer, barres de métal en lair, et menfuis à toutes jambes. Je courus à men faire exploser les poumons. Dans ma course, j’éclaboussai la flaque de vomi du petit africain, perdant mes claquettes en route. Je ne pris pas la peine de passer par la porte de chez moi. Jescaladai le grillage de mon jardin, entrai dans ma chambre par la fenêtre, et fermai les volets de fer. Mes mains et mes pieds étaient en sang. Le grillage m avait perforé la peau, mais je ne sentais pas la douleur. Je repris mon souffle puis me rendis dans la salle de bain pour nettoyer mes plaies et boire de leau. Ma sœur qui passait la serpillière, se figea sur place : -Mais quest-ce que tu fais là ? Tu nes pas sorti faire les courses ? -Non, non, répondis-je, je ny suis pas encore allé. -Tu y vas ou pas ? -Oui, jy vais.... Je pris de largent dans mon portefeuille et sortis de nouveau. Par la porte de lentrée cette fois, en regardant longuement à l’extérieur. Javais peur de sortir. Jobservais. Les gens allaient, venaient. La nuit avait fini par tomber et la boulangerie allait fermer. Je me décidai finalement. J’appuyai sur le bouton pour débloquer la porte et me retrouvai dehors à reprendre le même chemin. Au bord de la route national 202, installés dans un arrêt bus, japerçus au loin la jolie roumaine et ses deux compères qui festoyaient, mordant à pleines dents dans mes baguettes, buvant au goulot de ma bouteille. Les bâtards...me-dis-je, en reprenant ma route.
Posted on: Wed, 30 Oct 2013 08:52:42 +0000

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