A première vue, il ne serait pas aberrant de croire que, dans le - TopicsExpress



          

A première vue, il ne serait pas aberrant de croire que, dans le cadre des négociations du groupe 5+1 [Etats-Unis, France, Chine, Royaume-Uni, Russie et Allemagne], les Iraniens ne sont pas en position de force. Après tout, c’est bien Téhéran qui n’a pas respecté ses engagements internationaux en poursuivant le développement de son programme nucléaire militaire, suscitant une longue liste de sanctions économiques et financières (essentiellement européennes et américaines). Avec le groupe 5+1, l’Iran se retrouve en outre face à des pays dont la puissance politique, militaire et économique cumulée est nettement supérieure à la sienne. Ce n’est toutefois un secret pour personne : pour diverses raisons tenant à la structure de ces discussions, la position de l’Iran s’est curieusement révélée beaucoup plus solide. Une des tactiques qu’utilise l’Iran pour renforcer sa position face à la communauté internationale consiste à reformuler les problèmes et les sujets de négociation de manière à les aligner sur les positions de la république islamique dans l’espoir d’arriver progressivement à les faire accepter par tous comme base d’interprétation. On peut citer plusieurs exemples de cette stratégie de la répétition qui consiste à inlassablement répéter un certain nombre de messages, à tout moment et quel que soit le contexte, jusqu’à ce qu’ils commencent à ressembler à des évidences unanimement acceptées. C’est cette tactique que le pouvoir iranien met en œuvre lorsqu’il déclare posséder un “droit inaliénable” à produire de l’uranium enrichi, lorsqu’il souligne que la communauté internationale lui reproche de développer un programme militaire sans jamais en avoir apporté la preuve, lorsqu’il dit avoir satisfait à toutes les demandes de l’AIEA ou quand il assure ne pas avoir l’intention de fabriquer d’armes nucléaires. Ces déclarations sont soit fausses, soit seulement en partie vraies. En les répétant en permanence, l’Iran espère les faire passer pour des vérités absolues. L’un des principaux problèmes de l’Iran dans ces négociations est qu’elles sont fondamentalement asymétriques. L’Iran ne respecte plus les engagements qu’il avait pris en signant le traité de non-prolifération nucléaire. Tout le problème consiste donc à obliger l’Iran à respecter ses engagements. Il ne s’agit pas d’un accord donnant donnant. C’est là qu’intervient l’arme rhétorique : l’Iran tente de présenter les négociations comme un dialogue plus symétrique qu’il ne l’est en réalité, cela pour pouvoir exiger quelque chose en retour. Cette fausse symétrie entre les deux parties peut être redoutable dans le cadre des négociations : si les deux parties apparaissent aussi fautives l’une que l’autre, elles ont la même responsabilité dans la recherche d’une solution, ce qui donne à l’Iran des moyens de pression supplémentaires. Position de force. Une autre tactique de l’Iran consiste à inverser les rôles. Lorsque ses interlocuteurs formulent des exigences, Téhéran se contente de s’en emparer pour les leur renvoyer. Par exemple, si la communauté internationale dit qu’elle a besoin d’avoir confiance en l’Iran, le gouvernement iranien rétorque qu’il a besoin d’avoir confiance en la communauté internationale ! Si l’Iran doit démontrer son sérieux dans la négociation, de toute évidence la communauté internationale doit elle aussi donner la preuve de sa sincérité. Le fait que les négociations entre l’Iran et le groupe 5+1 apparaissent comme une discussion où les deux parties doivent faire des concessions témoigne de l’efficacité de cette stratégie. L’Iran doit céder dans le domaine du nucléaire, mais nombreux sont ceux qui estiment que la communauté internationale doit en retour lever progressivement les sanctions. Parallèlement, le régime iranien enfonce le clou en continuant de répéter que ces sanctions sont illégales, immorales et injustes. L’Iran considère l’élargissement des termes de la négociation comme l’expression d’une position de force. Il s’agit de savoir qui doit répondre à la proposition de qui, qui définit les lieux de rendez-vous, etc. Téhéran s’est récemment mis en devoir de modifier le cadre global des discussions. Le sujet ne serait plus seulement le nucléaire mais les relations irano-américaines, l’objectif étant de créer un contexte dans lequel la communauté internationale se montrerait encore plus favorable à davantage de tolérance à l’égard de l’Iran dans le domaine nucléaire. —Emily Landau
Posted on: Mon, 25 Nov 2013 13:04:27 +0000

Recently Viewed Topics




© 2015