Alain Carignon : vous avez dit « génération morale » - TopicsExpress



          

Alain Carignon : vous avez dit « génération morale » ? alain-carignon Le 19 octobre 2013 Nicolas Gauthier Journaliste, écrivain. Nicolas Gauthier est auteur avec Philippe Randa des Acteurs de la comédie politique. 29 € À commander en ligne sur francephi. Alain Carignon revient en politique. Lui qui, maire de Grenoble (RPR) tombé en 1996, pour « corruption et abus de biens sociaux », tente de se refaire une beauté ; on n’évoquera jamais assez les beautés du Botox humaniste. Car passé par la case prison après avoir touché largement plus de 20.000 francs ; comme naguère souvent, au Chiracopoly, l’un des meilleurs d’entre eux de l’époque était, comment dire, un brin démonétisé. Bref, l’homme revient ; ou tente de revenir. Pourquoi pas, ayant payé sa dette à la société. Un peu comme si un jour, le plus lointain possible qu’à Dieu ne plaise, un Marc Dutroux enfin élargi se recyclait en ouvrant un centre aéré pour enfants. Mais si l’homme en question tente son come-back, ce n’est néanmoins pas sans bruit. Propulsé en troisième place sur la liste grenobloise des élections municipales de l’année prochaine, le voilà rétrogradé en quinzième position. Raison invoquée par sa tête de liste, le conseiller municipal UMP Matthieu Chamussy ? Son « parcours », manière élégante de dire les choses… Résultat, Jean-Claude Peyrin, président de la fédération UMP de l’Isère, vient de retirer l’investiture de Matthieu Chamussy. À ce psychodrame comparé, la crise des missiles de 1962, c’était une partie de 421. En attendant que la France continue de retenir son souffle, que nos lecteurs sachent qu’il n’y a pas, pour le moment, de candidat UMP à la mairie de Grenoble et de ses proches environs. Ce non-événement demeure pourtant emblématique, ne serait-ce que par la personnalité de l’homme par lequel le scandale arrive. Alain Carignon, jeune espoir de la droite des années 80 du siècle dernier. Au même titre qu’un Michel Noir, qu’un Charles Millon, qu’un Bernard Bosson, qu’un François Fillon, qu’un Philippe de Villiers. Soit cette douzaine de louveteaux aux crocs acérés qui voulaient faire la peau de la vieille droite d’alors, Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing, et qui finirent tous, peu ou prou, dans les limbes. Triangle des Bermudes électoral pour les uns, scandales financiers, usure d’un pouvoir jamais exercé pour les autres. C’était ce qu’on appelait alors « la génération morale », réplique sismique de son presque homonyme de gauche, menée par un Julien Dray pour ne citer que lui, qui devait ensuite sombrer, de manière concomitante, dans d’aussi vilaines affaires. Ces gens pensaient réinventer la politique. À base de sondages d’opinion et de conseillers en communication. Bien avant les conclusions de Terra Nova, le think-tank socialiste, ils avaient anticipé le fait qu’en démocratie, le peuple des électeurs n’était qu’une simple variable d’ajustement. Un passage chez Anne Sinclair à 7 sur 7, sur TF1, ou un article pas trop antipathique dans Libération suffisaient à leur bonheur, leur faisaient office de viatique. Pas de chance, le cochon de votant en aura décidé autrement. Et la plupart de ces gens ont fini par raccrocher leurs pistolets à bouchon au râtelier. Même François Léotard – figure emblématique de l’époque — n’en finit plus de se faire pardonner, expliquant à qui le veut que son défunt frère Philippe, royaliste invétéré et pochard de compétition, avait finalement tout mieux compris à la vie que lui. Alain Carignon, pour en revenir à lui, fut de longue date soutenu par Nicolas Sarkozy, surtout lors de sa sortie de prison — entre eux, les voyous peuvent aussi avoir leurs élégances. Mais cette mode, à l’instar des pantalons à pattes d’éléphants, n’est plus. Et c’est ainsi que les faux jeunes d’autrefois font les authentiques tocards d’aujourd’hui. Et qu’au bout du compte, tout le monde se fout de l’éventuel retour de ce gugusse. Quitte à donner dans la nostalgie eighties, mieux vaut encore réécouter les antiques tubes de Caroline Loeb ou de Duran Duran. Eux qui, au moins, vendaient des disques, tandis qu’Alain Carignon se contentait d’acheter des voix. Faire le maquereau ou le maquignon, ça n’a qu’un temps. Ce dernier paraît révolu. Plus belle la vie ! SV
Posted on: Sat, 19 Oct 2013 07:55:59 +0000

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