Carnet de stage d’un médecin résident en Afrique.....Juste - TopicsExpress



          

Carnet de stage d’un médecin résident en Afrique.....Juste pour nous remettre les pieds sur terre......prenez le temps de lire.... L’auteur est médecin-résident en Pédiatrie à l’Hôpital Sainte-Justine, à Montréal. Dans le cadre de sa formation, elle a effectué un stage médical à Nouna, au Burkina Faso, de janvier à mars 2013. À peine descendue de mon vélo, je suis rejointe par Étienne, l’infirmier de garde. Un enfant de 18 mois fébrile vient d’être admis. Il est fort probablement atteint d’un paludisme grave, vue la pâleur palmo-plantaire. Le bilan sanguin révèle peu de temps après une anémie sévère (Hb à 12 g/L). Malheureusement, l’accompagnateur de l’enfant n’est pas compatible pour donner son sang. Il retourne donc au village et revient deux heures plus tard avec une horde de proches. On prélève et teste le sang d’un oncle et on accroche sans perdre un instant la poche de sang si précieuse. L’état de l’enfant s’est malheureusement détérioré entre temps, malgré l’amorce d’un traitement antipaludéen et il décède à midi en cours de transfusion. « Trop peu, trop tard… » Des paroles maintes fois répétées, un sentiment maintes fois éprouvé, tout au long de ces deux mois en Afrique sub-saharienne. Encore sous le choc, on m’avise qu’un nouvel enfant admis nécessite une évaluation immédiate. Il s’agit d’un enfant de 16 mois pesant six kg et souffrant de malnutrition aigue sévère de type kwashiorkor. À l’écoute de son histoire, on note que la mère a cessé d’allaiter l’enfant depuis un mois vu qu’elle est à nouveau enceinte et que l’enfant est le cadet de dix enfants, tous plus affamés les uns que les autres. L’enfant présente un état général moribond : une détresse respiratoire, une mauvaise perfusion périphérique et des œdèmes des membres inférieurs marqués, associés à une desquamation quasi-complète. Le traitement d’urgence de la malnutrition aigue sévère comprend entre autre une réplétion liquidienne prudente vu l’état cardiovasculaire précaire associé. Malheureusement, l’enfant décède après deux heures de réhydratation liquidienne per os… Le constat est cruel : il y a bel et bien des enfants qui meurent de malnutrition encore en 2013 dans ce monde. L’après-midi s’annonce tout aussi chargé. On constate d’abord le décès d’un enfant de deux ans lorsque sa mère le descend de son dos à son arrivée. Il est mort en chemin, alors que la famille voyageait en motocyclette sous la chaleur écrasante. Puis, un bébé prématuré, d’environ 30 semaines d’âge gestationnel, est admis. Le service de pédiatrie du CMA est une unité accueillant 25 à 50 enfants, selon l’occupation simple ou double des lits. Il ne dispose ni d’incubateur ni de matériel nécessaire à la survie de prématurés. On stabilise l’état du patient avec les moyens disponibles en entourant le bébé de poches de soluté réchauffées et en administrant du glucosé via un tube naso-gastrique à défaut d’avoir un accès veineux. Malheureusement, l’unique machine distributrice d’oxygène était utilisée par un patient souffrant de bronchiolite. Le bébé décède en soirée d’insuffisance respiratoire… La soirée et la nuit amènent leur lot de complications à cette journée qui semble s’éterniser. Deux autres décès sont enregistrés, soit celui d’un enfant de 18 mois en mort cérébrale à la suite d’un trauma crânien et finalement, cette adorable Rita, une petite fille de huit ans, atteinte d’une péricardite probablement rhumatismale avec insuffisance cardiaque. Elle aura été retrouvée sans vie dans son lit quelques instants après s’être levée pour faire sa toilette à l’extérieur. Encore une fois, « trop peu, trop tard… » Six décès en 24 heures. Six décès pédiatriques en 24 heures. Six de trop… Canadian Paediatric Society
Posted on: Tue, 17 Sep 2013 12:43:44 +0000

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