LA RENAISSANCE AFRICAINE: Depuis quelques temps, nous entendons les élites africaines parler de la nécessité d’une renaissance africaine. Il y a quelques années c’est le Président sénégalais qui avait inauguré un Monument de la Renaissance Africaine à Dakar, signe de l’opportunité de cet élan. Mais au fond, qu’entend on par « renaissance africaine » ? Pourquoi est-ce vital pour l’Afrique ? Et enfin comment donner vie à ce mouvement ? Pour y répondre il serait d’abord judicieux de se demander comment en est-on arrivé là. En effet, la renaissance signifie « naitre une seconde fois », cest-à-dire mourir avant de renaitre. L’on serait donc tenté de se demander quand est ce que l’Afrique est morte. Pour y répondre, nous allons parcourir un peu l’histoire de l’Afrique. MORT DE L’AFRIQUE SUITE A L’ESCLAVAGE : Pour comprendre la situation actuelle du continent africain, il faut rentrer dans son histoire. Au VIIIe siècle l’Afrique est dominée par les arabes dans sa partie nord, ces derniers imposent alors l’islam comme religion dans les régions soumises et imposent aussi un commerce d’esclaves noirs via la région du Sahara, ce qui a valu à ce mouvement le nom de « traite transsaharienne ». Cette traite qui a duré près de 1000 ans a présenté néanmoins un point positif : il n’a pas désorganisé toutes les structures traditionnelles de l’Afrique et tout au contraire, des écrits montrent que les arabes venaient en Afrique chercher du travail dans les industries présentes et admiraient le savoir technologique des africains. Au XIVe siècle, plus précisément en 1441, débutent les razzias négrières transatlantiques appelées abusivement « traite négrière ou commerce triangulaire ». Lorsque les européens arrivent en Afrique, économiquement l’Afrique est en avance sur l’Europe, mais les africains ont un défaut : leur hospitalité. Les européens vont donc s’en servir pour envoyer des navigateurs explorer le continent afin de préparer la venue des forces armées. Les razzias qui consistaient à capturer des africains, pour les mettre dans les bateaux en direction des Amériques, ont été les plus violentes et les plus intenses comparativement à la « traite transsaharienne ». Comme le dit si bien le Pr BWEMBA BONG, à partir de ce moment l’africain est devenu « l’or noir » de l’Europe. Cest-à-dire que les africains servaient de monnaie, et de marchandise, ils n’avaient plus aucun droit et de surcroît tout le tissu productif du continent a été complètement démoli par des hordes de brigands se faisant appeler abusivement « princes marchands ». Ces derniers ont aussi détruit le socle traditionnel africain, empêchant même aux africains de cultiver la terre pour se nourrir, ils ont tué les chefs traditionnels et se sont autoproclamés chefs traditionnels. Ces razzias qui ont duré 400 ans ont détruit complètement l’Afrique qui était déjà affaiblie par la traite transsaharienne. Lorsqu’elle s’achève en 1840, c’est une Afrique totalement meurtrie, détruite qu’on laisse. En 1885, les mêmes nations esclavagistes se réunissent à Berlin dans l’optique de se partager l’Afrique : c’est le début de la colonisation. Ils vont encore se déferler en Afrique, détruire ce que nous avions, sous le prétexte fallacieux de nous apporter la civilisation. A ce moment, c’est le coup de grâce pour l’Afrique, son histoire sera réécrite par ces colons, ses héros d’hier deviendront des barbares aujourd’hui dans les manuels scolaires ( rédigés par leurs soins), ses exploits et réalisations d’hier seront effacés (combien d’africains savent par exemple que la première université au monde a été créée en Afrique au XIIIe siècle ?) et cèderont la place à des propos tels que ceux de l’ancien président français à Dakar: « Le drame de l’Afrique vient du fait que l’africain n’est pas assez entré dans l’histoire». A l’indépendance de ces pays, les maîtres d’hier se sont arrangés à tuer tous les leaders nationalistes et à mettre des pions qui devaient perpétuer leurs intérêts dans la région. NECESSITE D’UNE RENAISSANCE AFRICAINE : Depuis le VIIIe siècle, l’Afrique est morte, morte parce que spoliée par des peuples étrangers, or aujourd’hui un concours de circonstances peut permettre à l’Afrique de voir le bout du tunnel. Le premier facteur c’est la faillite des états occidentaux qui sombrent structurellement dans une crise qui ne cesse de s’aggraver avec ses corollaires (chômage, précarité, hausse de la dette, montée des extrémismes etc.). Le second facteur c’est l’arrivée de la Chine sur la scène mondiale qui est entrain de mettre les occidentaux en déroute totale, ces derniers ne sachant plus à quel saint se vouer sont désemparés face à ce qu’ils appellent le « péril jaune ». Pour la première fois donc depuis des siècles l’Afrique peut enfin desserrer l’étau qui l’étreint et entrevoir son avenir avec sérénité. Mais pour cela, il va falloir renaître des cendres de ces siècles de domination occidentale. Cela passera par une nouvelle génération d’africains qui auront un désir de se cultiver à outrance, de se remettre en question, une génération d’africains pour lesquels les diplômes académiques ne seront pas une fin en soi. La renaissance passera par une génération d’africains qui cesseront de magnifier un peuple en déclin mais qui puiseront dans leur histoire, dans leur culture et dans leurs ressources naturelles les raisons de se magnifier. Des africains ,qui au lieu de se battre pour demeurer à la fin de leurs études dans des états où leur retraite ne sera même pas assurée du fait de la faillite de ces états, voudront plutôt aller en Afrique mettre ce continent en valeur. Non pas pour retranscrire ce qu’ils auront appris à l’école occidentale (car si ces derniers étaient si savants, ils n’allaient pas être englués dans une crise dont ils ne voient pas l’issue), mais pour effectuer une remise en question sur tous les sujets. L’Afrique doit réinventer son modèle social, son modèle économique, son modèle politique, son modèle juridique, etc. Ce travail, se fera non pas avec des africains médiocres, poltrons mais avec des africains courageux, ambitieux, audacieux et prêts à relever les manches pour cette tâche qui s’annonce ardue. Christian WANDE 31/10/2013
Posted on: Thu, 31 Oct 2013 18:46:38 +0000