La Lettre de lIMSEPP n° 16 - 15 octobre 2013 Regards sur - TopicsExpress



          

La Lettre de lIMSEPP n° 16 - 15 octobre 2013 Regards sur l’économie brésilienne : Préambule : Créer de l’activité, développer nos échanges, trouver de nouveaux facteurs de croissance, rénover notre potentiel touristique, moderniser notre modèle économique, favoriser la création d’emplois… La feuille de route des décideurs économiques et institutionnels martiniquais laisse peu de place à l’improvisation. Toutes les pistes de réflexion méritent d’être explorées, toutes les expérimentations se doivent d’être engagées. Parmi les projets en cours, celui qui consiste à se tourner vers l’Amérique Centrale et Latine, en même temps que s’ancre la Martinique dans son environnement caribéen, n’est pas le moins prometteur. Le Mexique, l’Argentine, le Venezuela, et surtout le Brésil peuvent nous aider à sortir du carcan économique que constitue le nouveau « commerce institutionnel triangulaire », que nous imposent lois françaises et règlements européens. Mais les géants sud-américains sont des colosses aux pieds d’argile, dont nous ne devrons pas attendre de miracle. Exemple du Brésil : Le manque d’investissement bride le potentiel de croissance de l’économie brésilienne Sévèrement touchée par les crises qui se sont succédé depuis 2008, la croissance de l’économie brésilienne est atone depuis plusieurs trimestres. Selon l’indice avancé de l’activité économique de la Banque centrale, le PIB en volume n’a progressé que de 0,5 % l’an au premier trimestre 2012, de 1,5 % l’an au deuxième trimestre, un peu accéléré au troisième trimestre 2012 (1,6 % l’an) sous l’effet notamment de politiques monétaires et budgétaires accommodantes, pour atteindre finalement 2,2 % l’an au quatrième trimestre. Sur l’ensemble de l’année 2012, la hausse moyenne du PIB ressort à 0,9 %, soit un rythme inférieur à celui enregistré en 2011, et surtout bien en dessous du régime d’avant crise (4,8 % l’an entre 2003 et 2008). Un rythme de croissance bien inférieur à celui enregistré avant la crise. Dans la période faste de 2003-2008 la croissance brésilienne s’était affichée en moyenne à 4,8 % par an, un des rythmes les plus soutenus de la région. Ce ralentissement récent de l’économie s’explique bien sûr en partie par un environnement international au ralenti, ce qui se traduit par une moindre demande mondiale adressée aux exportateurs brésiliens. Toutefois, étant donné le faible degré d’ouverture de l’économie brésilienne, l’impact de la dégradation de l’économie internationale sur l’activité interne reste limité. Le poids des exportations dans le PIB brésilien se situe en effet autour de 10 %, une part bien en dessous de celles affichées par les autres pays BRIC : 15 % en Inde, 25 % en Chine et en Russie. La décélération marquée de la croissance procède surtout de causes internes. Des faiblesses structurelles pénalisent le potentiel de croissance du géant latino-américain. D’une part, malgré d’importantes avancées, les indicateurs de développement social sont toujours très éloignés des standards des pays développés. Si l’on observe une réduction importante de la pauvreté et de l’extrême pauvreté, les inégalités sociales continuent d’être l’un des principaux problèmes du pays. Celles-ci se traduisent par une allocation des ressources déficiente, tant entre les différentes couches sociales qu’au sein du territoire (inégalités géographiques). D’autre part, le système d’éducation brésilien paraît peu performant. Si les grandes universités brésiliennes assurent la formation de cadres et ingénieurs de très haut niveau, la démocratisation de l’éducation reste faible. Dans son dernier rapport sur la compétitivité, le World Economic Forum (WEF) classe la qualité de l’éducation primaire brésilienne au 106e rang au niveau mondial (sur 144 économies analysées), juste après le Bangladesh. L’éducation supérieure occupe, quant à elle, le 66e rang. Ceci a des répercussions directes sur l’activité économique en raison du manque de main d’œuvre, et surtout de main d’œuvre qualifiée. Ceci se traduit en outre par une productivité assez faible de la main d’œuvre brésilienne. Si celle-ci ressort environ au même niveau que la celle de la main d’œuvre chinoise et dépasse l’indienne, elle est moindre que la russe. Au niveau régional, la productivité au Brésil apparaît plus faible que celle des autres grandes économies latino-américaines. Elle est par ailleurs 3,5 fois moindre que la moyenne des pays membres de l’OCDE. Enfin, une des plus importantes faiblesses de l’économie brésilienne tient au faible niveau d’investissement, qui vient par ailleurs éroder la compétitivité des produits manufacturés nationaux. L’accumulation continue de capital est un facteur essentiel pour assurer une croissance soutenue et soutenable sur le long terme, ne générant pas de pressions inflationnistes ou de déséquilibres externes chroniques. Elle contribue, en effet, aux créations d’emplois et à la hausse de la productivité à travers l’incorporation du progrès technique au processus productif. Le taux d’investissement brésilien est très faible, notamment en comparaison des autres grandes économies émergentes. Tandis qu’il peine à franchement dépasser 20 % du PIB au Brésil, l’investissement (brut) tourne autour de 24 % en Russie, 35 % en Inde, et dépasse 45 % en Chine. Le taux d’investissement brésilien demeure par exemple très éloigné de ceux enregistrés par la Thaïlande ou la Corée du Sud lors de leur décollage économique des années 1990 (35 % du PIB en moyenne). Même dans les comparaisons régionales, le Brésil investit peu. Le taux d’investissement de ses pairs latino-américains (Argentine, Mexique, Chili) se situe autour de 25 % du PIB. Insuffisance de l’épargne domestique pour financer l’investissement Le taux d’investissement brésilien est historiquement faible. Après une forte baisse enregistrée au cours des années 1980 en raison des crises financières qui ont affecté l’Amérique latine (1908-1990 : la « décennie perdue »), le taux d’investissement s’est redressé à la fin de cette décennie. Il est de nouveau pénalisé dès le début des années 1990 par la nouvelle série de crises économiques (crises des finances publiques en Amérique latine, crise mexicaine, crise russe, crise brésilienne). Le taux d’investissement affiche par la suite une légère tendance baissière jusqu’au début des années 2000. A partir de 2003, il entame une phase de « rapide » redressement qui s’explique en grande partie par des investissements dans l’exploitation de matières premières, tandis que les cours internationaux des produits de base (notamment pétrole, minerais) s’envolent. La politique économique de soutien à la croissance et à l’investissement menée par le gouvernement du président Luis Inácio Lula da Silva, et qui est actuellement poursuivie par la nouvelle présidente Dilma Roussef, a par ailleurs aussi largement soutenu ce mouvement. Le taux d’investissement a ainsi dépassé 20 % du PIB en 2010, pour atteindre 20,5 % en 2011. Cependant, la faiblesse de l’investissement au Brésil s’explique en premier lieu par un taux d’épargne national structurellement faible. Le taux d’épargne brute brésilien (mesuré en pourcentage du PIB) s’établissait en 2011 à 18 %. S’il n’est pas très éloigné du taux d’épargne des autres économies de la région (23 % en Argentine et au Chili, 24 % au Mexique), il est bien en dessous de ceux observés dans les autres BRIC. Ce ratio s’établit en effet autour de 28 % en Russie, 32 % en Inde. Il dépasse même 50 % en Chine. Historiquement, on observe une corrélation marquée entre la faiblesse de l’épargne et celle de l’investissement au Brésil. Le faible taux d’épargne tire à la baisse l’investissement. Depuis 2007, les ressources nationales sont à nouveau insuffisantes pour financer la dynamique de l’investissement, l’épargne nationale brute étant repassée en dessous de l’investissement. Cet écart tend depuis à s’accroître, atteignant 2,1 points de PIB en 2011. Néanmoins, le manque de ressources nationales pour financer l’investissement est compensé par les capitaux étrangers qui affluent au Brésil à la recherche de projets rentables. Cet afflux ne devraient pas poser de problème d’équilibre économique majeur tant que le financement étranger concerne des capitaux de long terme. Ainsi, les entrées d’Investissements Directs Etrangers (IDE) sont un facteur important pour financer le développement économique, dans la mesure où l’épargne nationale est assez faible. Les grands projets d’investissement en infrastructures actuellement en cours nécessitent un financement considérable que le marché local n’est pas en mesure d’assurer. C’est ainsi que les événements sportifs qui auront lieu au Brésil dans les prochaines années (Coupe du monde de football en 2014, Jeux olympiques en 2016) ainsi que les investissements nécessaires à l’exploitation des immenses gisements de pétrole offshore découverts le long des côtes brésiliennes pourraient se traduire par une nouvelle accélération des entrées d’IDE au cours des prochains trimestres. Ces entrées nettes d’investissements directs étrangers ont totalisé pas moins de 67 milliards de dollars en 2011. Par ailleurs, l’affluence des investissements de portefeuille s’est massivement accrue au cours des dernières années. Les entrées nettes d’investissements de portefeuille sont ressorties à 35 milliards de dollars, en recul par rapport à 2010 (63 milliards de dollars) et à 2009 (50 milliards de dollars). Toutefois, l’affluence massive de capitaux courts, volatiles par nature, pourraient mettre à mal le financement de l’économie brésilienne (et de l’investissement) en cas d’une montée soudaine de l’aversion pour le risque provoquant une fuite de capitaux du pays. D’autre part, l’entrée massive de capitaux étrangers au Brésil, en poussant la devise nationale à l’appréciation, génère des « dommages collatéraux » importants sur les équilibres externes. En effet, la sur-appréciation de la monnaie nationale (le real) pénalise la compétitivité-prix des exportations manufacturières du pays, en même temps qu’elle accroît la compétitivité des produits importés sur le territoire national, qui deviennent mécaniquement moins chers. Des risques inflationnistes inhérents au décalage entre offre et demande domestiques Le bas niveau d’investissements intérieurs se traduit donc par un décalage accru entre l’offre et la demande, la production nationale n’arrivant pas à suivre le rythme de croissance de la demande domestique. On observe d’ailleurs que l’indice de la production industrielle fléchit depuis le début de 2011, tandis les ventes au détail poursuivent leur élan. Dans ce contexte, le taux d’utilisation des capacités productives s’affiche à des niveaux élevés (83,6 % au troisième trimestre 2012), bien au-dessus de sa moyenne de longue période (81,5 %). Parallèlement, la consommation domestique continue d’être soutenue par les bonnes conditions sur le marché du travail et par la progression des salaires en termes réels. Certes, l’emploi manufacturier se contracte depuis un point haut situé en juillet 2012, se repliant de 5 % l’an sur les trois derniers mois connus en septembre, tandis que le taux de chômage s’est redressé à 5,4 %. Toutefois, il s’agit d’un taux de chômage qui reste cantonné à des niveaux historiquement bas. Le salaire mensuel moyen progresse toujours en termes réels (+3 % sur les douze derniers mois connus en juillet), en décalage complet avec la faible productivité de la main d’œuvre. Ce décalage entre offre et demande attise les risques inflationnistes. Le risque de surchauffe de l’économie brésilienne ne peut donc être écarté. Si, les pressions sur les prix sont restées globalement sous contrôle jusqu’à présent grâce à une Banque centrale soucieuse de maintenir l’inflation à l’intérieur de sa cible (4,5 % +/-2%), le récent revirement de la politique monétaire pourrait se traduire par de nouvelles poussées inflationnistes. En effet, la Banque centrale a de nouveau assoupli sa politique monétaire en abaissant en octobre 2012 le taux de référence (SELIC) de 25 points de base, le ramenant au minimum historique de 7,25 %. Rappelons que depuis août 2011, la baisse cumulée du SELIC est de 525 points de base. Cet assouplissement de la politique monétaire intervient alors même que l’inflation est repartie à la hausse. Malgré les risques engendrés par la hausse des prix (cf. mouvements sociaux de l’été 2013), les autorités semblent désormais privilégier le soutien de l’activité plutôt que la lutte contre l’inflation. La hausse des prix à la consommation s’est ainsi accélérée en octobre à 5,5 % sur un an (7,8 % l’an sur trois mois), après un creux à 4,9 % (4,7 % l’an) en juin, rythme qui se rapproche de la borne supérieure de la fourchette-cible d’inflation de la Banque centrale. D’autres facteurs ont aussi pu contribuer à la maitrise de l’inflation ces dernières années. D’une part, la tendance à l’appréciation que présente le real depuis la fin 2009 se traduit mécaniquement par une baisse des prix des produits importés. D’autre part, la réorientation géographique des importations de produits peut aussi alléger les prix des produits importés. Le poids de la Chine, offrant des produits « bon-marché », en tant que fournisseur du Brésil progresse au détriment des fournisseurs « classiques » (Europe, Etats-Unis). Les produits en provenance du géant asiatique comptent actuellement pour plus de 15 % des importations totales du Brésil, contre 2,2 % en 2000. Le poids des importations européennes s’est réduit de 26 % en 2000 à 21 % actuellement, tandis que celui des Etats-Unis est passé de 23 % à 15 %. Si ces éléments contribuent à contenir les prix, ils pèsent en revanche lourdement sur la contrainte extérieure s’imposant au Brésil. Le décalage entre l’offre et la demande domestique est bien entendu compensé par des importations, résultant dans un excédent commercial « fragile » et un déficit courant chronique (cf. « Brésil : quels risques liés au déficit de la balance courante ? », Réunion de conjoncture économique et financière COE-REXECODE – Point sur les pays émergents, mai 2012). Les importations représentaient, fin 2012, environ 10 % du PIB. Depuis novembre dernier, la décélération de la demande interne est venue peser d’avantage sur les importations, qui stagnent. De leur côté, les exportations reculent depuis l’automne 2012 en raison du ralentissement de l’économie mondiale et de la modération, voire la baisse, des prix des produits de base. Le solde commercial, positif jusqu’ici, est donc passé en déficit en janvier pour la première fois depuis 2001. Ce déficit s’élevait à 8,4 milliards de dollars en mars, dernier point connu. Comme simultanément le déficit des « invisibles » (solde des échanges spéculatifs sur les marchés boursiers) s’est également accru, la balance courante s’est nettement dégradée : son déficit s’est creusé à près de 4 % du PIB rien qu’au premier trimestre 2013. Insuffisance de l’investissement public… qui se traduit par des carences dans les infrastructures La faiblesse du taux d’investissement au Brésil s’observe également en ce qui concerne l’investissement du secteur public. A peine 10 % de l’investissement total est généré par les autorités publiques, contre 12 % en Argentine et 27 % au Mexique. La baisse tendancielle de celui-ci s’explique certes par la moindre participation du gouvernement dans l’économie brésilienne, suite notamment aux programmes de privatisation d’entreprises publiques menés de la mi-1990 au début des années 2000. Pourtant, peu de ressources publiques sont allouées à l’investissement, malgré une hausse continue depuis le début des années 2000. Les dépenses en investissement du gouvernement fédéral ne représentaient que 7 % des dépenses totales en 2011, une part bien moindre que celle des dépenses de personnel (25 %), de sécurité sociale (42 %) ou des autres dépenses courantes (20 %). En 2011, les dépenses publiques en investissement ont représenté 15 % du total des dépenses du gouvernement fédéral au Mexique et 6 % en Argentine. Si l’investissement public fait défaut, il est toutefois à noter que les entreprises publiques jouent un rôle de plus en plus important en termes d’investissement, même s’il n’est pas aisé de mesurer précisément la part de celui-ci qui concerne l’investissement productif total. Ainsi par exemple, les investissements du géant pétrolier Petrobras ont atteint en 2011 quelque 43 milliards de dollars, dont environ 90 % sont faits sur le territoire brésilien (soit plus de 1,5 % du PIB). La faiblesse de l’investissement public se traduit par des carences importantes en termes d’infrastructures. Non seulement le besoin de nouvelles infrastructures n’est pas satisfait, mais la maintenance des infrastructures déjà existantes est aussi médiocre. Il en résulte une rapide dégradation de celles-ci, ce qui pénalise fortement le potentiel de croissance. Dans un contexte de demande domestique dynamique, ces carences en infrastructures pénalisent le développement de la production. La production nationale n’arrivant pas à croître au même rythme que la demande, il se crée un décalage entre offre et demande. Ces goulots d’étranglement liés à une offre nationale insuffisante peuvent attiser des risques inflationnistes qui viennent nuire à la croissance sur le long terme. Selon le Rapport sur la compétitivité du WEF (2012), la qualité des infrastructures brésiliennes se classe au 70e rang mondial (sur 144 économies étudiées). Parmi les BRIC, les infrastructures brésiliennes sont de meilleure qualité que celles de l’Inde (84e), mais sont moins bien notées que les infrastructures chinoises (48e rang) et russes (47e rang). Au niveau des pays latino-américains, si les infrastructures brésiliennes apparaissent meilleures que celles de l’Argentine (86e rang), elles sont bien plus déficientes que les chiliennes (45e rang). Elles se situent au même niveau que les mexicaines (68e rang). Les infrastructures de transport (ou infrastructures logistiques) sont particulièrement pauvres (79e rang), notamment en ce qui concerne les infrastructures portuaires (135e rang) et aéroportuaires (135e rang). Les réseaux de distribution d’électricité et de téléphonie paraissent de meilleure qualité, se situant au 63e rang mondial. Selon le rapport sur l’investissement de la Banque nationale de développement (BNDES), qui détaille la structure de l’investissement au Brésil et estime les projets d’investissement sur les cinq prochaines années, il s’avère que les investissements en infrastructures restent de faible ampleur, notamment en ce qui concerne les infrastructures logistiques. Sur la période 2006-2009, 25 % de l’investissement était destiné à des projets d’infrastructure, tandis que 39 % se dirigeait vers des investissements industriels, et 36 % vers des investissements en bâtiment. Les investissements dans les réseaux de distribution d’électricité et de télécommunications, ainsi que ceux concernant les installations sanitaires ont représenté plus de 75 % de l’investissement total en infrastructures. La part des investissements en infrastructures logistiques (routes, autoroutes et chemins de fer) n’est ressortie qu’à un peu plus de 20 %. La structure des projets d’investissement pour la période 2011-2014 ne changerait pas profondément. Malgré une hausse des investissements en infrastructures de 9 % par an, la part de ceux-ci dans l’investissement total ressortirait à 23 %, l’investissement industriel et celui en bâtiment demeurant largement dominants. Pourtant, une importance accrue serait accordée aux investissements logistiques. Ceux-ci progresseraient en moyenne de 18 % par an, avec une hausse particulièrement importante des investissements en chemins de fer (24,7 % l’an) et en infrastructures portuaires (26,6 % l’an). Les investissements dans les chemins de fer visent notamment au développement du projet du Train à grande vitesse (TGV), ainsi qu’à l’amélioration du maillage entre le nord et le sud du pays. Du côté des investissements portuaires, ceux-ci se développent dans le cadre du Programme d’Accélération de la Croissance (PAC). Un environnement peu propice à l’accélération de l’investissement privé Malgré les bonnes perspectives de croissance qu’offre le Brésil, de multiples entraves persistent encore pour une franche accélération de l’investissement privé. D’une part, l’inefficience du système de fiscalité des entreprises constitue un handicap majeur pour le développement de celui-ci. Le taux de prélèvement sur les sociétés est un des plus élevés au monde. Selon le Rapport sur la compétitivité du WEF (2012), celui-ci atteindrait en moyenne 67 % des profits (131e rang sur 141). S’il n’est pas significativement inférieur à ceux pratiqués dans les autres BRIC (63,5 % en Chine, 61,8 % en Inde, 46,9 % en Russie), c’est la complexité du système qui donne le coup de grâce à la « compétitivité fiscale » du pays. Le Brésil s’est ainsi vu attribuer la dernière place (144e) au niveau mondial dans l’indicateur concernant « l’effet de la fiscalité sur les incitations à investir ». La lourde bureaucratie, ainsi que l’inefficience des institutions brésiliennes, peuvent dissuader les investisseurs privés, en raison des coûts administratifs et de transaction importants (pour les entreprises et pour l’Etat) qui en résultent, sans compter l’incertitude qu’elles génèrent. A ceci vient s’ajouter un environnement encore peu propice au développement des affaires. Le Brésil est en effet très mal classé dans l’indice de compétitivité regroupant l’efficience des marchés (104e sur 144), notamment en ce qui concerne la concurrence (133e). Créer une entreprise au Brésil demanderait en moyenne 119 jours. Seuls le Venezuela (141) et le Surinam (694) présentent des durées plus longues. De même, le rapport sur la Compétitivité a répertorié treize procédures nécessaires avant de débuter une nouvelle activité au Brésil, ce qui fait de l’économie brésilienne la douzième la plus lourde sur les 141 économies pour lesquelles des données sont disponibles. Une autre limite importante au développement de l’investissement tient au coût de financement de celui-ci. Le financement de l’économie brésilienne repose surtout sur des institutions bancaires, tandis que le développement des marchés financiers reste limité. Cette intermédiation bancaire est coûteuse, les taux d’intérêt appliqués aux prêts bancaires étant particulièrement élevés au Brésil. Dans ce contexte, seuls les investissements peu risqués et très profitables sont économiquement viables. Ceci pénalise particulièrement l’investissement des petites et moyennes entreprises, qui n’ont qu’un accès limité aux marchés de capitaux ou au financement étranger. L’accès limité au financement bancaire pénalise également l’investissement privé. Même si le crédit n’a cessé de progresser depuis dix ans au Brésil, celui-ci reste bas au regard des standards internationaux. L’encours du crédit accordé par le système bancaire domestique au secteur privé représentait en 2011 61 % du PIB, un niveau certes supérieur à ceux de l’Inde (50 %) ou de la Russie (46 %), mais bien en dessous de celui de la Chine (127 %). Ce ratio ressort à 155 % en moyenne pour l’ensemble des pays de l’OCDE. Le sous-développement du marché du crédit brésilien se traduit par des déficiences en termes d’accès au financement et par des taux d’intérêt très élevés. Pour pallier ceci, le gouvernement a mis en place un système de « crédits dirigés », qui oblige les banques à « diriger » certains prêts à des secteurs avec un accès au financement limité, notamment le secteur rural et le secteur de l’immobilier. Ceci peut causer des distorsions dans la distribution du crédit, notamment au détriment des autres secteurs de l’économie, tels que l’industrie. Par ailleurs, les pouvoirs publics mènent une politique très active en termes de financement de l’économie. Les institutions financières publiques représentent une part assez importante dans la distribution de crédit effectuée par le système financier national. Concernant cet aspect, la Banque nationale de développement (BNDES), qui est essentiellement dirigée vers les entreprises et se positionne surtout dans le financement de long terme, joue un rôle particulièrement important. Le financement qu’elle accorde représente environ 20 % du total de l’encours de crédit du système financier, soit environ 10 % du PIB. Pourtant, la rapide progression du crédit ne semble pas profiter aux entreprises. Le crédit à la consommation demeure prédominant dans la distribution du crédit. Il représente plus de 30 % de l’encours total de crédit accordé par le secteur financier privé. Le poids du crédit accordé aux entreprises (industrie et services) décline depuis 2003, tandis que le crédit immobilier monte en flèche. La part du financement accordé aux entreprises industrielles dans l’encours total du crédit est passé de 31 % début 2003 à 20 % en septembre dernier. Cette part est ressortie à 27 % en ce qui concerne le secteur des services, contre 30 % début 2003. Enfin, le poids du crédit immobilier a tout simplement doublé depuis janvier 2009 pour atteindre 12 % de l’encours total en septembre. L’expansion rapide du crédit à la consommation génère des pressions supplémentaires sur l’appareil productif national, provoquant des risques inflationnistes. Elle vient par ailleurs soutenir les importations de biens de consommation, renforçant la contrainte extérieure. Enfin, ceci pourrait générer des bulles spéculatives sur des actifs financiers ou immobiliers, et pourrait affecter la solvabilité des ménages en raison de l’alourdissement rapide de leur endettement. Le taux de créances douteuses dans les prêts aux ménages s’accélère d’ailleurs depuis début 2011. Il ressortait à 8 % du total de l’encours de crédits accordés aux ménages en mai. En conclusion, la nature déséquilibrée de la croissance brésilienne ne peut que continuer à aiguiser les risques inflationnistes au sein d’une économie à la compétitivité érodée et au potentiel de production bridé. Sources et documentation : COE-REXECODE / ORDONEZ Daniela Georges Para 15 octobre 2013 © imsepp A N N E X E S : Fiche signalétique du Brésil Indicateurs structurels Population totale (2012) : 198,4 millions PIB par habitant (2012, volume, PPA 2008) : 11 177 $ Gouvernement : Dilma Roussef (Parti des Travailleurs - PT) depuis le 1e janvier 2011 Prochaines élections : présidentielles et parlementaires en octobre 2014 Indicateurs macroéconomiques PIB en volume : 1,4% sur un an (4ème trim. 2012) Inflation : 6,6% sur un an (mars 2013) Balance courante / PIB : 3,9% (1er trim. 2013) Déficit public / PIB : -2,5% (4ème trim. 2012) Risques Dette extérieure / PIB : 14% (4ème trim. 2012)
Posted on: Tue, 22 Oct 2013 22:37:53 +0000

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