La communauté internationale divisée après le massacre d’Al - TopicsExpress



          

La communauté internationale divisée après le massacre d’Al Ghouta : La Syrie, entre Genève II et le «scénario Irakien» !? le 24.08.13 | 10h00 Le massacre d’Al Ghouta affole, décidément, la planète entière et semble marquer un tournant décisif dans la crise syrienne, surtout s’il s’avère que des armes chimiques ont bel et bien été utilisées dans cette hécatombe. Alors que les tueries dans ce pays, bien que quotidiennes et souvent massives, étaient devenues banales, le massacre de mercredi, à Al Ghouta Echarqiya et Moadhamiate A-Cham où plus de 1300 personnes ont été tuées, selon l’opposition syrienne, a suscité une très vive réaction de la part de la communauté internationale avec le risque que l’on sait, c’est-à-dire une intervention militaire en Syrie. Un scénario que des millions de citoyens arabes ne souhaitent pas se produire, surtout après le précédent libyen. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a ainsi déclaré depuis Séoul que l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, si elle venait à se vérifier, constituerait «un crime contre l’humanité» qui aurait «de graves conséquences», en ajoutant qu’il n’y avait «pas de temps à perdre» pour enquêter. «Toute utilisation d’armes chimiques, où que ce soit, par qui que ce soit, et quelles que soient les circonstances, violerait le droit international. Un tel crime contre l’humanité devrait avoir de graves conséquences pour celui qui l’a perpétré», a averti Ban Ki-moon. «C’est un défi grave pour la communauté internationale dans son ensemble, et l’humanité que nous avons en commun, d’autant que cela s’est passé alors que la mission d’experts de l’ONU se trouvait dans le pays», a-t-il martelé. Pour rappel, le Conseil de sécurité, réuni mercredi soir, a indiqué vouloir «faire la lumière sur ce qui s’est passé» et attend les conclusions de l’enquête que mène une équipe d’experts en Syrie sur l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Damas. Lakhdar Brahimi : «Il ne peut y avoir qu’une solution politique» ! Pour sa part, le spécialiste du dossier syrien, l’Algérien Lakhdar Brahimi, estime que «la Syrie est sans nul doute la plus grande menace pour la paix et la sécurité dans le monde aujourd’hui». Dans une déclaration à la chaîne TV de l’ONU reprise par l’AFP, l’envoyé spécial des Nations unies et de la Ligue arabe, qui a œuvré pour une solution politique en Syrie, a réitéré son appel pour un nouveau round de négociations entre les différentes parties en conflit, des négociations qu’il s’évertue à faire aboutir dans le cadre de la conférence de paix dite «Genève II». «Les allégations selon lesquelles les armes chimiques ont été utilisées à quelques kilomètres du cœur de Damas soulignent l’importance de cette crise et ses dangers, non seulement pour le peuple syrien, mais aussi pour le monde», a souligné le diplomate algérien, avant de constater : «Le problème, c’est que chaque partie prenante à cette guerre civile pense gagner sur le plan militaire». Or, «personne ne va gagner», tranche Lakhdar Brahimi. «Il ne peut y avoir qu’une solution politique, et le plus tôt on y travaillera, le mieux ce sera», a-t-il insisté. M. Brahimi a révélé, au passage, que des diplomates russes et américains vont tenir bientôt une réunion à La Haye avec des responsables onusiens pour discuter de la «possibilité d’organiser une autre réunion tripartite à Genève entre les Etats-Unis, la Russie et l’ONU». M. Brahimi semble optimiste quant à la convocation de cette troisième conférence «parce que nous pouvons dire que la communauté internationale s’accorde sur le fait qu’une solution politique est la seule issue», dit-il. En attendant l’opération politique, tout le monde se pose la même question : le régime de Bachar Al Assad a-t-il ou non utilisé l’arme chimique lors du massacre d’Al Ghouta ? Devant la précipitation des événements, les réactions des chancelleries occidentales vont de la condamnation émue à l’appel à une riposte musclée. «Il faut une réaction de force de la communauté internationale en Syrie», assénait Laurent Fabius, jeudi matin, sur BFM TV, en précisant, cependant, qu’«il n’est pas question d’envoyer des forces militaires» à Damas. Obama ne veut pas d’un Irak-bis ! Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a déclaré hier que Londres a la conviction que ce qui s’est passé à Al Ghouta «est une attaque chimique du régime Al Assad». Avant d’ajouter : «Mais nous voulons que les Nations unies puissent l’établir.» Le président américain, Barack Obama, a privilégié, quant à lui, la voie de la prudence. Dans une interview accordée hier à CNN citée par l’AFP, Obama a assuré que c’était, pour les Etats-Unis, un «événement préoccupant». «Nous rassemblons en ce moment même des informations sur cet événement précis, mais je peux dire que, contrairement à certaines preuves que nous tentions d’obtenir au préalable, et qui ont conduit à la venue d’un enquêteur des Nations unies en Syrie, ce que nous avons vu à présent indique clairement qu’il s’agit d’un événement important et sérieusement préoccupant», a-t-il déclaré. Toutefois, Barack Obama n’a guère laissé entendre qu’il pourrait engager les Etats-Unis dans une campagne militaire en Syrie si une action militaire était décidée à l’encontre du régime de Damas. La prudence d’Obama lui a, d’ailleurs, valu des critiques virulentes de la part du sénateur républicain John MC Caïn qui s’en est pris à lui, la veille, sur CNN, en disant que, par son attitude attentiste, le président Obama donnait à Bachar Al Assad une «ligne verte» pour «poursuivre ses atrocités». Allusion à la «ligne rouge» que le président US a fixée à Bachar Al Assad, et qui, de l’avis de McCain, vient largement d’être franchie. Obama a répondu à Mc Cain en arguant du fait qu’il ne souhaite pas «s’embourber dans des situations très difficiles, ce qui a pour conséquence de nous entraîner dans des interventions très coûteuses qui alimentent encore davantage de ressentiment dans la région». Allusion, bien sûr, au fiasco irakien. De son côté, la Russie a invité l’Union européenne à la retenue, sachant que des responsables européens ont appelé à une réaction contre la Syrie de concert avec le conseil de sécurité de l’ONU. La Russie a jugé ces pressions «inacceptables». «Dans ce contexte de nouvelle vague de propagande anti-syrienne, nous pensons que les appels de quelques capitales européennes à faire pression sur le Conseil de sécurité de l’ONU et à décider dès maintenant de recourir à la force sont inacceptables», a protesté le département de Sergueï Lavrov dans un communiqué repris par l’AFP. La Russie considère que le massacre d’Al Ghouta «est une provocation planifiée» en pointant du doigt l’opposition syrienne. Selon Moscou, des informations en rapport avec cette attaque ont circulé sur internet «quelques heures avant» la tuerie. «La Russie continue de suivre de très près les développements autour de la prétendue attaque chimique. Il apparaît de plus en plus de nouveaux témoignages selon lesquels cette action criminelle avait un caractère clairement provocateur», conclut le communiqué russe. Par ailleurs, Sergueï Lavrov s’est entretenu au téléphone avec le secrétaire d’Etat américain, John Kerry. Les deux hommes ont exprimé un «intérêt commun» pour une «enquête objective» de l’ONU sur le massacre. Quant à la position de l’UE, Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, a appelé à «agir avec le sens de l’urgence et de la responsabilité» en vue de promouvoir une «solution politique». «Nous devons engager, sans attendre, un processus diplomatique basé sur le processus de la conférence de Genève II lancé par le secrétaire d’Etat John Kerry et du ministre Lavrov. Nous devons surmonter nos différences. Nous le devons au peuple syrien qui est celui qui souffre», a-t-elle insisté. Du côté du régime syrien, on nie, évidemment, en bloc ces accusations. Le journal gouvernemental Tachrine a rapporté une série de réactions «amies» qui font porter le chapeau à l’opposition syrienne. Citant l’ambassadeur russe à Beyrouth, Alexander Zasypkin, celui-ci aurait déclaré que «ce sont les groupes terroristes qui ont commis cet acte en utilisant un missile local lancé depuis une zone contrôlée par ces groupes». Le journal rapporte également que Pékin a appelé les enquêteurs onusiens présents en Syrie à faire leur enquête «en toute objectivité». Enfin, Tachrine a relayé la position iranienne selon laquelle «le régime syrien ne pouvait commettre une telle attaque», en ajoutant que «si des armes chimiques ont été utilisées, elles seraient le fait de groupes terroristes».
Posted on: Sat, 24 Aug 2013 15:53:02 +0000

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